Né en 1896 à Cambridge ; mort le 20 décembre 1974 à Londres ; dirigeant communiste.
La mère de Palme Dutt était suédoise ; son père, un chirurgien indien, appartenait à une grande famille bengali. Après des études secondaires à Cambridge, Dutt entre à Balliol College, Oxford. Brillant étudiant, il est exclu provisoirement de l’université pour propagande marxiste et il fait de la prison pour refus de servir dans l’armée. En dépit de ces interruptions forcées, il termine ses études en 1918 avec la mention très bien et pendant une courte période il fait de l’enseignement.
Mais bientôt Dutt entre au Labour Research Department, Bureau d’études socialiste qui fait suite au Bureau d’études fabien et vient d’être conquis par un groupe de jeunes intellectuels de la gauche et de l’extrême-gauche travailliste. En 1920, lorsque naît le Parti communiste britannique (Communist Party of Great Britain, ou CPGB) Dutt figure parmi les membres fondateurs. L’année suivante, il est chargé de la rédaction du nouveau mensuel, Labour Monthly, organe théorique du parti, fonction qu’il conserve jusqu’à sa mort (son dernier article paraîtra dans le numéro de janvier 1975). Là, ses ((billets » mensuels n’ont cessé de diffuser auprès des militants la « ligne du parti ». En effet, acquis une fois pour toutes au soutien indéfectible au PC soviétique, Dutt savait présenter la politique qui en découlait avec une grande habileté. Sa capacité d’adaptation immédiate à la ligne de Moscou a amené les uns à admirer chez lui une loyauté sans faille à la cause communiste, les autres à déplorer la « prostitution » d’un aussi grand cerveau.
En 1922, le CPGB est réorganisé sur le modèle bolchevik et Dutt, qui est l’un des responsables de cette réorganisation, est nommé au Comité central du parti, où il va rester jusqu’en 1965. En 1929, Faction conjointe de Dutt et de Harry Pollitt fait adopter par le parti la tactique « classe contre classe », conformément aux directives du Komintern, et malgré les réserves de certains dirigeants comme Campbell (qui est exclu du bureau politique). Dix ans plus tard, en 1939, quand Pollitt tarde à dénoncer la guerre comme « impérialiste », c’est Dutt qui prend sa place au secrétariat général. Et lorsque l’URSS entre en guerre en 1941, Dutt met aussitôt sa plume au service de la croisade contre le fascisme allemand.
Dutt suit avec grand intérêt les affaires indiennes. En 1945, il se présente aux élections législatives, à Birmingham (circonscription de Sparkbrook) avec un programme directement opposé à celui du député sortant, Leo Amery, secrétaire d’État pour l’Inde. Battu haut la main, Dutt le sera de nouveau en 1950 à Woolwich East. En 1946, il entreprend un voyage en Inde. Naturellement il s’est rendu à maintes reprises en URSS.
Dutt avait épousé en 1922 Salme Murrik (1888-1964), une Estonienne d’éducation russe, envoyée en Angleterre en 1920 pour aider à la fondation du CPGB. Le frère de Palme Dutt, Clemens Palme Dutt (15 avril 1893-12 avril 1975) lui aussi intellectuel marxiste et militant communiste, a participé dans les années 1920 aux activités du Labour Research Department et il a traduit et édité les œuvres de Marx, Engels et Lénine.
ŒUVRES PRINCIPALES : Parmi les multiples ouvrages de Palme Dutt, on peut citer : Modem India (L’Inde moderne), Londres, 1927. — Fascism and Social Revolution (Fascisme et révolution sociale), Londres, 1934. — India Today (L’Inde aujourd’hui), Londres, 1940. — The Crisis of Britain and the British Empire (La Grande-Bretagne en crise et l’Empire britannique), Londres, 1953.
BIBLIOGRAPHIE : H. Pelling, The British Communist Party, Londres, 1958. — L.J. Macfarlane, The British Communist Party : its origins and development until 1929, Londres, 1966. — Who’s Who, 1974. — Times, 21 décembre 1974. — John Manon, Harry Pollitt : a biography, Londres, 1976, G. Journès, L’extrême-gauche en Grande-Bretagne, Paris, 1977.