GALLACHER William

Né le 25 décembre 1881 à Paisley, Renfrewshire (aujourd’hui Strathclyde), Écosse ; mort le 12 août 1965 à Paisley ; dirigeant communiste.

William Gallacher était le fils d’un Irlandais et d’une Ecossaise, fixés à Paisley — important centre métallurgique et textile, proche de Glasgow. Il fréquente jusqu’à l’âge de douze ans l’école primaire et débute ensuite comme livreur d’épicerie. Lorsqu’il a onze ans, il est placé en apprentissage chez un monteur en bronze. Très influencé par le mouvement pour la tempérance il restera toute sa vie un néphaliste convaincu. C’est d’ailleurs son engagement dans la cause de la tempérance qui le conduit à la politique ; à vingt-deux ans, en 1903, il s’inscrit à la Fédération social-démocratique (Social Democratie Federation), et devient un révolutionnaire marxiste. Néanmoins, ce n’est qu’avec la Première guerre mondiale que Gallacher acquiert une stature nationale. Condamnant avec vigueur cette guerre « impérialiste », il joue un rôle de premier plan dans les luttes ouvrières qui se déroulent sur les bords de la Clyde puisqu’il est l’un des fondateurs et des animateurs (avec John Maclean*, David Kirkwood*, J.W. Muir et Arthur MacManus*) du « Comité des ouvriers de la Clyde ». Le secteur industriel de la Clyde est en effet — avec la région de Sheffield où domine la personnalité de J.T. Murphy — le centre de l’opposition ouvrière à la guerre. A la fin de 1915, Gallacher se voit condamné, en même temps que Muir, à un an de prison. En 1919, au lendemain de la victoire, il sera de nouveau incarcéré pendant trois mois (au total, il a subi, dans sa vie, quatre détentions pour motifs politiques).

Gallacher prend part de manière déterminante aux discussions qui aboutissent en 1920 à la naissance du Parti communiste britannique (Communist Party of Great Britain, CPGB). Cette année-là, il s’était rendu en URSS où il avait rencontré Lénine avec lequel il avait eu de longs entretiens (une partie, d’ailleurs, de l’ouvrage de Lénine, « La maladie infantile du communisme » est consacrée à réfuter les thèses anti-parlementaires de Gallacher). L’année suivante, Gallacher est nommé vice-président du CPGB et désormais son influence est considérable au sein du parti. Aussi lorsqu’en octobre 1925, douze dirigeants communistes sont arrêtés, Gallacher est parmi eux et il est condamné avec Inkpin*,Harry Pollitt, Hannington et Rust à un an de prison (les sept autres sont frappés d’une peine plus légère de six mois de détention).

En 1928-1929, l’exécutif du CPGB se divise sur la ligne politique définie au sixième congrès de l’Internationale communiste et sur la manière d’appliquer à la situation britannique la tactique « classe contre classe ». Gallacher fait partie de la majorité qui se déclare hostile à une telle tactique, mais comme les minoritaires (R. Page Arnot*, R.P. Dutt* et Harry Pollitt) bénéficient de l’appui du Komintern, ce sont eux qui l’emportent et Harry Pollitt est nommé secrétaire général du parti. Très vite l’application de la nouvelle ligne s’avère désastreuse : en 1931-1932, le chiffre des adhérents du parti est tombé au niveau le plus bas de son histoire et, en dépit de la crise économique, son audience auprès du mouvement ouvrier ne fait que s’affaiblir. Gallacher qui avait tenté à plusieurs reprises de se faire élire à la Chambre des Communes, au cours des années 1920, réussit en 1935 à conquérir un siège dans la circonscription écossaise de Fife-Ouest. Il est alors le seul élu communiste aux Communes et il conservera son mandat jusqu’en 1950. Au Parlement, c’est un excellent debater, qui sait défendre habilement les positions communistes. De même il réussit à merveille dans les réunions publiques, où il se montre un orateur-né et plein d’humour. Par son caractère et sa forte personnalité Gallacher, à coup sûr, a représenté l’une des figures les plus respectées du mouvement communiste britannique, même en dehors du parti. A cette réputation ont aussi contribué ses livres de souvenirs qu’il s’est mis à écrire, en particulier « Révolte sur la Clyde » (The Revolt on the Clyde) qui dès sa publication en 1936 apparaît comme un classique.

Après son échec électoral de 1950, Gallacher voit son rôle diminuer peu à peu. Au surplus l’âge se fait sentir. Lui-même ne prend que peu de part aux débats qui secouent durement le Parti communiste britannique en 1956, à la suite du rapport Kroutchev (Khrouchtchev) et de l’intervention soviétique en Hongrie. Pourtant cette année-là il est élu au nouveau poste de président du CPGB, titre qu’il gardera jusqu’à sa mort. Son enterrement en 1956 est l’occasion d’une vaste manifestation qui rassemble amis, sympathisants et camarades de plusieurs générations.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75430, notice GALLACHER William, version mise en ligne le 12 décembre 2009, dernière modification le 7 janvier 2010.

ŒUVRES PRINCIPALES : The Revolt on the Clyde (Révolte sur la Clyde), Londres, 1936. — Marxism and the Working Class (Le marxisme et la classe ouvrière), Londres 1943. — The Rolling of the Thunder (Le grondement du tonnerre), Londres, 1947. — The Case for Communism (Pour le communisme), Londres, 1949.— Rise like Lions (Comme des lions), Londres, 1951. — The Tyrant’s Might is Passing (Le déclin des tyrans), Londres, 1954. — The Last Memoirs (Derniers souvenirs), éd. N. Green, Londres, 1986.

BIBLIOGRAPHIE : A. Hutt, The Post-War History of the British Working Class, Londres, 1937. — T. Bell, The British Communist Party ; a short history, Londres, 1937 ; idem, Pioneering Days, Londres, 1941. — A. Moffat, My Life with the Miners, Londres, 1965. — L.J. Macfarlane, The British Communist Party : its origin and development until 1929, Londres, 1966. — P.M. Kemp-Ashraf et J. Mitchell, éd., Essays in Honour of William Gallacher, Berlin, 1966. — H. MacDiarmid, The Company I’ve Kept, Londres, 1966. — J. Klugmann, History of the Communist Party of Great Britain, t. I, 1919-1924, Londres, 1968, t. II, 1925-1927, Londres, 1969. —W. Kendall, The Revolutionary Movement in Britain, 1900-1921, Londres, 1969. — J. Hinton, The First Shop Stewards’ Movement, Londres, 1973. — Dictionary of National Biography, 1961-1970.

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