GRAYSON Victor [GRAYSON Albert Victor]

Né le 5 septembre 1881 à Liverpool ; mort à une date et en un lieu inconnus ; journaliste, socialiste.

Fils d’un menuisier, Grayson a eu une enfance et une adolescence agitées. Après six années d’apprentissage comme mécanicien, il songe à se faire pasteur. Aidé par quelques unitariens, il étudie la théologie et fait un bref séjour au Collège missionnaire unitarien, tout en suivant parallèlement des cours à l’Université de Manchester, où il fonde un groupe socialiste. Néanmoins, il abandonne très vite toute idée de vocation religieuse et préfère se consacrer à la politique en tant que journaliste et propagandiste du socialisme. Il fait alors d’incessants déplacements à travers le pays ; ses conférences — qui portent sur les problèmes sociaux et économiques — attirent les foules en raison de leur ton prophétique et de leur éloquence passionnée.

Très populaire dans le Yorkshire industriel (en particulier dans la région d’Huddersfield) Grayson est choisi par la ligue socialiste de la vallée de la Colne comme candidat au siège de Colne Valley lors d’une élection partielle en 1907. Bien que la ligue locale soit affiliée au Parti indépendant du travail, l’ILP, elle passe outre à l’avis défavorable émis par les instances nationales de Londres et maintient la candidature de Grayson. Celui-ci remporte une victoire spectaculaire (juillet 1907) et entre aux Communes avec l’étiquette de socialiste indépendant, car il refuse de faire partie du groupe parlementaire du Labour Party dont il n’accepte pas les règles. Très isolé au Parlement, il n’en impose pas moins à toute la Chambre par le caractère dramatique de ses interventions, interventions qui de surcroît connaissent un grand retentissement dans le pays où de nombreux socialistes estiment que Grayson, à lui seul, a plus d’influence que tous les députés travaillistes réunis. Mais Grayson se met à développer un penchant fatal pour la boisson et alors qu’il était déjà de constitution fragile, commence à ruiner sa santé. Aux élections législatives de janvier 1910, il perd son siège ; il se représente en décembre de la même année dans une circonscription londonienne, mais c’est pour se faire battre de nouveau. Pendant deux ans, il reprend sa carrière de journaliste, écrivant dans divers périodiques, notamment le Clarion et le Woman Worker (L’Ouvrière). En 1912, il éprouve de gros ennuis de santé ; c’est pourtant l’année où il épouse l’actrice Ruth Nightingale qui lui donne une fille. Il suit sa femme dans une tournée théâtrale à travers l’Australie et la Nouvelle-Zélande et, quand éclate la Première guerre mondiale, il s’engage dans le corps expéditionnaire néo-zélandais. Sa femme meurt en couches en 1918 et Grayson revient en Angleterre en 1920, pour disparaître aussitôt. En dépit de tous les efforts déployés pour retrouver sa trace et clarifier le mystère de ses dernières années, on reste jusqu’ici dans l’ignorance. Cette carrière météorique se conclut par une disparition étrange, bien conforme à la personnalité mystérieuse de Victor Grayson.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75441, notice GRAYSON Victor [GRAYSON Albert Victor], version mise en ligne le 12 décembre 2009, dernière modification le 12 décembre 2009.

ŒUVRES PRINCIPALES : Grayson a surtout écrit de très nombreux articles de journaux et plusieurs brochures. En collaboration avec G.R.S. Taylor, il publie un ouvrage : Problems of Parliament (Problèmes parlementaires), Londres, 1909, ainsi que diverses brochures.

BIBLIOGRAPHIE : W. Thompson, Victor Grayson : his life and work, avec une introduction de Grayson, Sheffield, 1910. — H. Pelling, « Two By-Elections : Jarrow and Colne Valley, 1907 » in Popular Politics and Society in Late Victorian Britain, Londres, 1968. — R. Groves, The Strange Case of Victor Grayson, Londres, 1975. — Idem. The Mystery of Victor Grayson, Londres, 1946. — E. Halévv, Histoire du peuple anglais, Épilogue, t. II, 1905-1914, Paris, 1932. — D.M. Clark, Colne Valley, Radicalism to Socialism, Londres, 1981. — Idem, Victor Grayson : Labour’s Lost Leader, Quartet, 1985.

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