JAULHAC Jean

Par Vincent Flauraud

Né le 11 juin 1902 à Laroquevieille (Cantal), mort le 10 juin 1963 à Aurillac (Cantal) ; ouvrier agricole et terrassier ; syndicaliste CGT et militant communiste du Cantal, membre du secrétariat fédéral communiste (1953-1953), secrétaire adjoint de l’UD-CGT (1945-1947 au moins) ; conseiller municipal de Jussac (Cantal).

Jean Jaulhac naquit dans une modeste famille de Tidernat, sur la commune de Laroquevieille (Cantal). Il était le fils de Jean, cantonnier, et de Catherine Fernandez, sans profession.

Il fut d’abord ouvrier agricole, puis ouvrier du bâtiment dans l’entre-deux guerres. Il adhéra au parti communiste en 1924, mais ce n’est qu’après le second conflit mondial que débutèrent ses responsabilités de dirigeant du parti dans le Cantal.

En mars 1945, il fut désigné comme membre du bureau régional du PC, reconduit dès lors chaque année. Il était membre du secrétariat fédéral en 1953 et le demeura jusqu’à sa mort. Permanent, il était en 1957 secrétaire de la section d’Aurillac et en 1961 avait suivi une école centrale de quatre mois.

Mais les premières années d’après guerre furent surtout marquées par son engagement syndical. Redevenu ouvrier agricole vraisemblablement pendant la guerre, passagèrement forestier en 1947, il fut, de 1945 à 1951, secrétaire de la section du Cantal du syndicat CGT des ouvriers agricoles, l’une des plus importantes de France à cette époque. Ardent propagandiste, il parcourait le département en vélomoteur, et publiait de nombreux articles dans le Cantal ouvrier et paysan ou dans Le Paysan, organe national : contre l’exode rural ; pour l’amélioration des conditions de vie et de logement des ouvriers agricoles ; pour une meilleure considération des servantes de fermes ; pour l’obtention d’un temps de repos à midi ; pour l’augmentation des salaires, revendication appuyée par une première grève des ouvriers agricoles, à Saint-Chamant en 1948… A ce titre, en vertu d’un accord entre la CGT et la CGA, il avait été désigné, début 1946, pour être l’un des huit membres de l’Office agricole départemental nouvellement créé.

Il occupait de même des fonctions éminentes à l’UD-CGT : mentionné temporairement comme permanent de l’UD en 1945, trésorier général et secrétaire administratif du bureau en 1946-1947, c’est la motion qu’il présenta avec A. Benoît*, condamnant le plan Marshall, en 1948, qui emporta la majorité : Benoît devint secrétaire général de l’UD jusqu’en 1975, et Jaulhac demeura, au moins jusqu’en 1954, membre du bureau.
Il militait par ailleurs à la CGT. A la Libération, il était secrétaire adjoint de l’UD, poste où il fut confirmé lors du congrès d’Aurillac en janvier 1945.

Cependant, vers 1951, ne parvenant plus à se faire embaucher dans l’agriculture, il dut revenir vers le bâtiment, comme terrassier, mettant fin à son engagement de responsable syndical auprès des ouvriers agricoles. Il s’investit dès lors davantage auprès du PC qu’auprès de l’UD.

En 1953, il était, aux côtés de Lucien Goutel* et Robert Navarre*, l’un des trois membres du secrétariat fédéral du PC cantalien. Il le demeura jusqu’à sa mort, Goutel et Navarre étant entre temps remplacés respectivement par Taurant* (1955) et par Nicole Chenebour* (1962). En 1956, il devint permanent de la fédération cantalienne du parti, et secrétaire de la section d’Aurillac, fonctions qu’il occupa jusqu’à sa mort en 1963.

Ce nouvel engagement le conduisit à défendre régulièrement les couleurs du parti aux principales élections. Il avait déjà été, entre 1945 et 1947 conseiller municipal de Jussac, commune rurale au nord d’Aurillac (battu en 1947). C’est désormais dans le chef-lieu du département, où il avait dû emménager, qu’il se présenta aux élections municipales, en 1953 et 1959. Il fut candidat, jamais élu, aux élections cantonales à Montsalvy en avril 1955 (2,3 %), ainsi que dans le canton d’Aurillac-Sud en octobre 1951 (18,7 % au premier tour, contre 61,4 % pour A. Joly, ancien maire sous l’occupation), en avril 1958 (28,6 %, Joly étant reconduit), et de nouveau en 1959 (29,5 % au tour unique), pour l’élection complémentaire faisant suite au décès d’Antony Joly. Enfin, il se présenta aux élections législatives de 1951 à la troisième place sur la liste communiste (16,95 % des voix, troisième position derrière les Paysans et la SFIO), puis à la deuxième place pour celles de 1956 (17,1 % des voix pour les communistes, toujours en troisième position). Il fut le suppléant de Léon Chancel dans la première circonscription du Cantal aux élections législatives de 1958 (14,2 % des voix au premier tour, 13,65 % au second, le député sortant du Centre républicain, Augustin Chauvet, étant largement réélu avec 63,65 % des suffrages). Il fut de nouveau suppléant de Chancel en 1962 (18,1 %, mais Chauvet fut réélu dès le premier tour).

Il décéda brutalement quelques mois plus tard, la veille de ses soixante-et-un ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75448, notice JAULHAC Jean par Vincent Flauraud, version mise en ligne le 12 décembre 2009, dernière modification le 23 août 2010.

Par Vincent Flauraud

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Le travail, 1944-1948. — Le Cantal ouvrier et paysan, 1945-1962. — La Voix du Cantal, 23 février 1946. — Gilles Richard, « Parti paysan et société rurale dans la France d’après guerre. L’exemple du Cantal (1945-1962) », Histoire et sociétés rurales, n° 16, 2e semestre 2001, p. 156-161. — Carnet d’Auguste Lecœur, 1953 (Arch. Ph. Robrieux).

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