HANNINGTON Walter

Né le 17 juin 1896 à Londres (Camden Town) ; mort le 17 novembre 1966 à Londres ; syndicaliste, communiste.

Fils d’un contremaître du bâtiment, « Wal » Hannington quitte l’école à quartorze ans. Il tâte de plusieurs métiers avant de devenir apprenti-outilleur. Dès qu’il atteint l’âge requis, il adhère à l’Union des outilleurs qui fusionne en 1920 avec le syndicat de la métallurgie, l’Amalgamated Engineering Union. Très jeune, il avait adhéré au socialisme et en 1920 il fait partie des fondateurs du parti communiste britannique (Communist Party of Great Britain, CPGB)

Victime de la dépression qui sévit au lendemain de la guerre, Wal Hannington se retrouve sans travail et il contribue en 1921 à la création du mouvement national des chômeurs, le National Unemployed Workers’ Movement, mouvement dominé par les communistes et qui va mener de vigoureuses campagnes pendant toute l’entre-deux-guerres. Hannington en devient le responsable national et son dynamisme force l’attention de l’opinion sur le problème du chômage massif. Mais du côté du TUC et du Labour, si au début, l’un et l’autre soutiennent le NUWM, très vite ils s’en retirent dès qu’il s’avère que le mouvement est aux mains des communistes. Par ailleurs certains communistes, désireux de mettre en pratique les consignes données par le Profintern lors de son congrès à Moscou en 1930, veulent faire du NUWM un mouvement révolutionnaire de masse et ils font pression dans ce sens sur Hannington. Celui-ci se rallie partiellement à cette nouvelle orientation et lance une campagne d’adhésions qui aboutit en 1931 à doubler à peu près le nombre des inscrits : l’on atteint alors le chiffre de 37 000 (mais il y a, à cette date, près de trois millions de chômeurs...). Cependant, quelle qu’ait été la force des manifestations des années 1920, ce sont les « marches de la faim » des années 1930 qui ont le plus frappé l’opinion et qui ont laissé le souvenir le plus durable. En tout, il y eut quatre marches nationales, en 1930, en 1932, en 1934 et en 1936, aucune n’ayant le soutien du TUC et du parti travailliste qui donnent à chaque fois à leurs adhérents une consigne d’abstention complète. Malgré cet interdit, les marches de 1934 et de 1936 reçoivent un large appui et même, en 1936, plusieurs dirigeants du Labour (dont Clement Attlee*) prennent la parole au meeting qui clôt la marche dans Hyde Park, à Londres. Hannington a su remarquablement organiser les chômeurs : intrépide, tenace, volontaire, c’est un meneur d’hommes peu commun et son action lui a valu trois séjours en prison. Son ouvrage « Chômeurs en lutte » (Unemployed Struggles), paru en 1936, reste un classique.

À partir de l’entrée en guerre en 1939, le nombre des chômeurs tombe, ce qui enlève sa raison d’être au NUWM. De 1940 à 1942, Hannington reprend son métier de mécanicien, mais en 1942, il est élu organisateur national de l’Amalgamated Engineering Union (AEU), poste qu’il occupe jusqu’en 1950. Battu cette année-là, il accepte de devenir organisateur régional. Il prend sa retraite en 1961 et meurt cinq ans plus tard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75484, notice HANNINGTON Walter, version mise en ligne le 15 décembre 2009, dernière modification le 15 décembre 2009.

ŒUVRE : Unemployed Struggles 1919-1936 (Chômeurs en lutte), Londres, 1936, 2e éd. 1977, introduction de W. Paynter. — The Problem of the Distressed Areas (Le problème des secteurs déshérités), Londres, 1937. — Ten Lean Years (Dix ans de vaches maigres), Londres, 1940. — Never on our Knees (Tête haute, mémoires posthumes), Londres, 1967.

BIBLIOGRAPHIE : C.L. Mowat, Britain between the Wars, 1918-1940, Londres, 1956. — H. Pelling, The British Communist Party, Londres, 1958. — R. Hayburn, « The Police and the Hunger Marchers », International Review of Social History, vol. 17, 1972. — H. McShane et J. Smith, Harry McShane : no mean fighter, Londres, 1978. — J. Jupp, The Radical Left in Britain, 1931-1941, Londres, 1982. — P. Kingsford, The Hunger Marchers in Britain 1920-1940, Londres, 1982.

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