HARNOTT Richard

Né en 1807 en un lieu inconnu ; mort le 7 février 1872 à Chorlton, Lancashire ; syndicaliste.

On sait peu de choses sur la jeunesse d’Harnott. À quarante ans, il devint secrétaire du syndicat des ouvriers maçons. Cette union s’était constituée dans la première moitié des années 1830, lors de la grande percée du syndicalisme owenien ; elle fut une des rares unions du bâtiment à survivre à la dissolution de la grande Union nationale consolidée des métiers (Grand National Consolidated Trades Union) en 1835 ; elle devint même, au milieu du siècle, le plus important syndicat des travailleurs du bâtiment. Jusqu’aux années 1860 où fut décidé le principe d’une fusion, les ouvriers maçons se groupaient en sections locales, appelées « loges », que réunissait une vague fédération. Le Comité central et son secrétaire général servaient tout juste de trait d’union, sans personnel permanent, et avec un renouvellement annuel des membres du comité.

Grâce à sa fonction de secrétaire général qu’il conserve jusqu’à sa mort, Harnott domine très vite le Comité central où il affirme son autorité d’année en année tandis que les loges perdent de leur autonomie. C’est lui qui contrôle le périodique Fortnightly Return et il l’utilise pour inciter les travailleurs du bâtiment à unifier leur action. Par exemple, il publie la liste des secrétaires des loges, annonce les réunions locales, signale les grèves, donne des informations sur les salaires et les conditions de travail dans tout le royaume. Pareille politique ne manque pas de lui attirer des critiques et parfois même des attaques ; il est certain qu’il avait souvent une attitude dictatoriale, néanmoins son pouvoir n’était pas illimité et les loges conservèrent une autonomie indéniable jusque bien après sa mort.

Avant tout pragmatique, réagissant en fonction des situations, ni conciliant ni agressif par principe, Harnott avait recours pour tous les différends au célèbre avocat chartiste, W.P. Roberts*. En 1859-1860, il prend la tête de la fameuse grève des maçons de Londres, début du réveil syndical des années 1860.

Devenu une personnalité majeure de l’industrie du bâtiment et du mouvement syndical, Harnott continua d’oeuvrer pour le trade-unionisme jusqu’à sa mort en 1872. On lui fit des funérailles impressionnantes : près de cinq cents délégués l’accompagnèrent au cimetière de Salford. Cependant, deux ans plus tard, l’Union des ouvriers maçons refusa de verser à sa veuve les cinquante livres qui lui auraient permis d’échapper à l’hospice.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75489, notice HARNOTT Richard, version mise en ligne le 15 décembre 2009, dernière modification le 15 décembre 2009.

BIBLIOGRAPHIE : R.W. Postgate, The Builders’ History, Londres, 1923. — W.H. Fraser, Trade Unions and Society : The Struggle for Acceptance, 1850-1880, Londres, 1974.

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