GIRAUD Armand, Henri, Jean

Par Florence Regourd

Né le 5 janvier 1899 à Saint-Maurice le Girard (Vendée), mort le 12 avril 1999 à La Roche-sur-Yon (Vendée) ; instituteur en Vendée ; militant socialiste ; militant syndicaliste ; déporté à Buchenwald.

Armand Giraud et ses élèves pendant la drôle de guerre. Couverture de son ouvrage  : <em>Un instituteur résistant et déporté</em>, [op.cit.]
Armand Giraud et ses élèves pendant la drôle de guerre. Couverture de son ouvrage  : Un instituteur résistant et déporté, [op.cit.]

Son père Marie, Auguste Giraud était bouilleur de cru et sa mère, Augustine Deniau, institutrice publique.

Armand Giraud était instituteur en Vendée. Il suivit l’Ecole Normale de La Roche-sur-Yon dès l’âge de 18 ans. Avec son brevet supérieur, il occupa son premier poste comme stagiaire à La Bloire de Challans en 1917, puis à Champ-Saint-Père, La Barre-de-Monts et Angles. Titulaire à La Claye en 1922 puis à Saint-Etienne-de-Brillouet, il devint directeur d’école à Sainte-Hermine en 1928 où il resta jusqu’à sa démission d’office en 1941. Très actif dans les œuvres post-scolaires, Armand Giraud fonda plusieurs sociétés d’éducation populaire. Il se maria avec Jane Fage, sans profession, le 3 avril 1918, à La Barre-de-Monts. Le couple eut deux enfants.

Ajourné en 1918 par le conseil de révision, il ne fit pas la guerre.

Membre de la SFIO, à la section de L’Hermenault dès le milieu des années 1920, à La Roche-sur-Yon de 1925 à 1927, il créa le groupe de Sainte-Hermine en 1928. Il y fut actif sous le secrétariat fédéral de Ludovic Clergeaud*.

Directeur d’école à Sainte-Hermine et secrétaire de mairie, il raconta dans ses souvenirs comment il intervint auprès du préfet de Vendée en avril 1939, pour améliorer le sort d’une cinquantaine de réfugiés républicains espagnols « internés » au château de Simon-la-Vineuse.

Mobilisé à Nantes le 2 septembre 1939, à la 361ème compagnie du Train, il connut la drôle de guerre de septembre à fin décembre 1939. Il fut affecté spécial comme secrétaire de mairie à Sainte-Hermine en avril 1940 où il reprit son poste de directeur d’école et organisa l’accueil des réfugiés des Ardennes au moment de l’exode.

Franc-maçon, il fut révoqué par le régime de Vichy au titre de la loi du 10 août 1941 sur les sociétés secrètes, qui prit effet au 3 octobre 1941. Il était alors vénérable au Grand Orient de France. Il dut trouver du travail étant chassé également du secrétariat de mairie. Il s’occupa d’assurance à Luçon, de mai 1943 à son arrestation par la Gestapo en août .

Membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs, correspondant de Sudel, maison d’édition du SNI, à la demande de Pierre Brossolette* et de Georges Lapierre*, il fut placé dans la direction de Sudel qui continuait à fonctionner pendant la Deuxième Guerre mondiale.

À Libé-Nord, il organisa un réseau de renseignements et d’informations sur les mouvements de troupe, la défense côtière, le mur de l’Atlantique, l’état d’esprit de la population, les relations des Allemands avec le gouvernement de Vichy. Ayant obtenu un "ausweiss" permanent, il pouvait donner des informations variées et précieuses. Après l’arrestation de Lapierre par la Gestapo en 1943, il lui succéda sous le pseudonyme de "commandant Deniau" comme dirigeant local du mouvement de l’Organisation civile et militaire. Trois francs-maçons lui furent adjoints pour organiser des parachutages d’armes en Vendée durant l’année 1943.

Arrêté au cours de la rafle du 12 août 1943, torturé, Giraud fut interné à la prison de Pierre-Levée à Poitiers puis au camp de Compiègne. Considéré comme terroriste, il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité. Déporté à Buchenwald de janvier 1944 à mai 1945, « triangle rouge, n° 41833 », il participa à l’organisation du Comité de défense des intérêts français, chargé de l’accueil des arrivants, et particulièrement des francs-maçons. Il organisa des débats et fut évacué vers Weimar. Il écrivit des souvenirs sur l’organisation du camp. Le manuscrit fut déposé à la bibliothèque du Grand Orient de France. À Buchenwald, il côtoya Marcel Paul* avec lequel il passa « un concordat » entre franc-maçonnerie et PCF. Libéré de Buchenwald, il rentra à Luçon le 11 mai 1945. Il fut réintégré dans l’Éducation nationale le 1er octobre 1944. Directeur d’école à Sainte-Hermine puis à l’école du Centre à Luçon, il fut mis à disposition du mouvement des Francs et Franches Camarades durant l’année scolaire 1946-1946 et termina sa carrière à Luçon en 1952.

Il s’investit à nouveau dans la fédération socialiste et dans le Comité des œuvres sociales de la Résistance puis dans la Fédération nationale des déportés internés et résistants patriotes.

En 1957, il initia à Luçon (Vendée) le concours scolaire de la Résistance et de la Déportation qui devient national en 1962. Il consacra, avec son épouse, résistante elle aussi, une grande partie de son temps à des conférences auprès des scolaires sur l’action des résistants.

Son épouse mourut centenaire comme lui.

Iconographie : Armand Giraud et ses élèves pendant la drôle de guerre. Couverture de son ouvrage : Un instituteur résistant et déporté, Geste éditions, 2007.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75511, notice GIRAUD Armand, Henri, Jean par Florence Regourd, version mise en ligne le 20 décembre 2009, dernière modification le 24 avril 2017.

Par Florence Regourd

Armand Giraud et ses élèves pendant la drôle de guerre. Couverture de son ouvrage : <em>Un instituteur résistant et déporté</em>, [op.cit.]
Armand Giraud et ses élèves pendant la drôle de guerre. Couverture de son ouvrage  : Un instituteur résistant et déporté, [op.cit.]

Œuvre : Un instituteur résistant et déporté, Geste éditions, 302 p., 2004, et 429 p., 2007.

SOURCES : Arch. Départ. Vendée : 1 R 741, 1 T . — Fonds PS déposé au CDHMOT de Vendée. — André Combes, La Franc-Maçonnerie sous l’Occupation. Persécution et résistance (1939-1945), Paris, Éditions du Rocher, 2001. — Témoignage d’Armand Giraud, "L’exode des réfugiés de l’Est à Sainte-Hermine en 1940 ". — Gérard Prouteau, "La résistance en Vendée" in Recherches vendéennes, 2004. —Témoignage de sa fille, Lise Ollivier, institutrice. — Notes de Jacques Girault.

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