IGNACE [d’ESPINOSE Madeleine, Marie, Josèphe, Ignacette, en religion Révérende Mère du bienheureux Ignace, dite sœur]

Par André Caudron

Née le 5 janvier 1911 à Cosqueville (Manche), morte le 13 mars 2005 à Quincy-sous-Sénart (Essonne) ; religieuse de la congrégation des Auxiliatrices ; infirmière, assistante sociale ; responsable de l’œuvre des forains, fondatrice des associations « Aide aux nomades » (1949), « Aide et amitié aux gens du voyage » (1968).

La famille d’Espinose, appartenant à l’aristocratie espagnole, vit l’un des siens, Alonze (Alonzo), quitter son pays au début du XVIe siècle et s’installer en Normandie. Le roi François Ier lui accorda la naturalisation par lettres patentes, « pour services rendus », en 1520. La branche française ne quitta plus sa région d’adoption, et plusieurs de ses membres exercèrent les fonctions de maire de Cosqueville dans la Manche où ils étaient propriétaires terriens. Un autre Alonze, baron d’Espinose, sous-lieutenant au 225e régiment d’infanterie, mourut le 15 octobre 1914, à l’âge de trente-quatre ans, des suites de ses blessures reçues au cours de la première bataille de la Marne.

Sa veuve, née Antoinette Pays, âgée de vingt-six ans, quitta dès lors l’exploitation agricole familiale et s’établit à Paris avec la petite Madeleine qui fit ses études au cours Désir, fréquenté par des jeunes filles de bonnes familles. Celle-ci entra en 1929 chez les Auxiliatrices des âmes du purgatoire, au noviciat émigré à Overysche (Belgique). Elle choisit le nom de saint Ignace de Loyola, fondateur de la Compagnie de Jésus dont la spiritualité avait inspiré les Auxiliatrices.

Après ses premiers vœux, prononcés en 1932, sœur Ignace obtint le diplôme d’infirmière à l’école rattachée à la faculté catholique de médecine de Lille. Elle exerça un temps ce métier à Amsterdam (Pays-Bas) puis accomplit son 3e an, complétant sa formation religieuse, à Pontoise (1936-1938). Dans la tradition de modestie et d’effacement de sa congrégation, elle se retrouva ensuite au service de malades pauvres, à leur domicile ou dans les dispensaires de plusieurs villes belges : Gand (1939), Liège (1940), Overysche (1948).

En 1949, sœur Ignace revenait à Lille qui allait rester la base de ses activités tant que l’âge le lui permit. Chargée de l’œuvre des forains, elle fonda l’association « Aide aux nomades ». Non contente de s’occuper des enfants, elle se dévoua aussi auprès de la population adulte. Elle mit sur pied, en 1968, un service social qui s’appuyait sur l’association « Aide et amitié aux gens du voyage », née de la fusion d’« Aide aux nomades » et d’« Amitié et culture ». Le rayonnement de la nouvelle structure était appelé à s’étendre aux vingt neuf mille forains vivant en France. À la fois assistante sociale, infirmière, psychologue, catéchiste, animatrice, sœur Ignace, pour sa part, sillonnait la moitié nord du pays, parcourant soixante mille kilomètres par an à vélo puis à vélomoteur et enfin en voiture.

En 1962, elle suivit les cours de l’École de service social des Facultés catholiques de Lille où elle enseigna elle-même, un peu plus tard, comme spécialiste de l’aide psycho-sociale individualisée. Jouissant d’une popularité considérable auprès des industriels forains, elle créa un réseau de loisirs pour leurs enfants : centres aérés, camps de vacances – jusqu’à dix-neuf par an –, séjours de neige… Pour son jubilé de cinquante ans de vie religieuse, en 1982, la messe fut célébrée sur un manège d’autos tamponneuses au champ de foire de Lille et diffusée au cours de l’émission télévisée Le Jour du Seigneur. Sœur Ignace fonda encore, en 1987, l’ABI ou Aide bénévole aux itinérants, pour l’organisation de séjours de vacances et de cours par correspondance.

Elle se retira en 2003, nonagénaire, dans la communauté de Quincy-sous-Sénart, au centre Desfontaines, résidence de personnes âgées que venaient de fonder plusieurs congrégations religieuses.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75525, notice IGNACE [d'ESPINOSE Madeleine, Marie, Josèphe, Ignacette, en religion Révérende Mère du bienheureux Ignace, dite sœur] par André Caudron, version mise en ligne le 21 décembre 2009, dernière modification le 21 août 2010.

Par André Caudron

SOURCES : André Caudron, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, 4 : Lille Flandres, Beauchesne, 1990. — Louis Drouet, Recherches historiques sur les vingt communes du canton de Saint-Pierre-Église, imprimerie Saint-Joseph, Cherbourg, 1893, réédition Heimdal 1977. — Ensemble, décembre 1982, Facultés catholiques de Lille. — Croix du Nord Magazine, 25 et 27 mai 1984. — Nord Éclair, 11 et 14 septembre 1982 ; 9 et 10 août 1987. — La Voix du Nord, 14 septembre 1982 ; 29 et 30 mai 1988. — Lettre de sœur Ignace, février 1988. — État civil de Cosqueville.

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