HERMAND Marthe [née CAPLAIN Marthe, Octavie, Émilienne]

Par André Caudron

Née le 18 février 1910 à Lille (Nord), morte le 27 juin 1941 à Lille ; militante jociste, première présidente fédérale de la LOCF à Lille (1937-1941).

Fille d’un tourneur originaire du Petit-Quevilly (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) et d’une « ménagère » venue d’Armentières (Nord), Marthe Caplain faisait partie de la JOCF quand elle épousa un ouvrier électricien, Robert Hermand, le 15 avril 1933 à Lille. Celui-ci était alors chef d’équipe des Volontaires de la paix, fondés dans le sillage de Marc Sangnier pour favoriser le rapprochement entre les peuples. La jeune femme se partagea dès lors entre la vie militante, les tâches de mère de famille et la formation personnelle à travers les entretiens, les livres et les revues. Participant à l’organisation de la Ligue ouvrière chrétienne féminine (LOCF) qui regroupait notamment d’anciennes jocistes, elle devint présidente de la fédération du nouveau mouvement, fédération étendue à cent cinquante paroisses de l’agglomération lilloise.

Le 12 décembre 1937, Marthe Hermand prit la parole avec succès au cours de la « Fête d’hiver » lociste, devant quatre mille auditeurs réunis à l’hippodrome de Lille. Devenue populaire, elle bénéficiait de l’appui d’un aumônier dynamique, l’abbé Marcel Hardeman, sous-directeur du Secrétariat social de cette ville, afin de constituer une fédération « bien vivante ». Il comptait sur elle pour la maintenir envers et contre tout lorsqu’il fut mobilisé en septembre 1939, en même temps que Robert Hermand. L’aumônier fut tué dans les Ardennes le 10 juin 1940 et la jeune femme, qui avait accouché pour la seconde fois fin 1939, continua d’animer la fédération.

Au début de 1941, alors qu’il n’existait pas encore d’allocations pour les nombreuses femmes de prisonniers, Marthe Hermand, dont le mari avait été démobilisé, fut responsable régionale d’une collecte d’argent destinée à leur venir en aide. C’était le début d’une action que le futur Mouvement populaire des familles, né peu après de l’évolution de la LOC-LOCF, allait développer jusqu’à la fin de la guerre.

Mais Marthe Hermand ne connut pas la transformation et l’essor du mouvement. Le 27 juin 1941, quelques avions britanniques inauguraient la série des opérations aériennes qui devaient frapper maintes fois le populeux quartier de Fives-Lille. Des bombes tombèrent sur sa petite maison ouvrière, proche du dépôt des locomotives de la SNCF, et la coupèrent à la verticale. Les deux enfants furent sauvés, dans la partie restée debout, et leurs parents retrouvés morts sous les décombres, avec l’argent de la collecte qu’ils étaient en train de compter quand la mort les surprit, selon le témoignage de leur amie Isabelle Verhaeghe*. Le couple venait de trouver un autre logement qu’il s’apprêtait à occuper dans un secteur moins exposé.

« Marthe était une militante de valeur, donnée au Mouvement, très douée pour l’action et la parole », a écrit Isabelle Verhaeghe. La mention « Mort pour la France » lui fut attribuée en 1949. Sa belle-sœur avait épousé Pierre Moreau, secrétaire général de la Jeune République pour le Nord.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75529, notice HERMAND Marthe [née CAPLAIN Marthe, Octavie, Émilienne] par André Caudron, version mise en ligne le 21 décembre 2009, dernière modification le 15 août 2010.

Par André Caudron

SOURCES : André Caudron, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, 4. Lille Flandre, Beauchesne, 1990. — Maurice Declercq, Au service de l’apostolat ouvrier, l’abbé Maurice Hardeman, Éditions F.-X. Le Roux, Strasbourg-Paris, 1953. — Isabelle Verhaeghe, « Quelques faits concernant l’attitude des militants LOC-MPF du Nord durant la guerre 1939-1945 », De l’Action catholique au mouvement ouvrier, Cahiers du GRMF, n° 2, Villeneuve-d’Ascq, 1984. — Pierre Moreau, À bâtons rompus, chez l’auteur, Paris, 1985. — Lettre du 22 mars 1988.

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