GUIBERT Germain [GUIBERT Marcel, Pierre, Germain]

Par Vincent Flauraud , Jacques Girault, Jean Maitron, Gilles Morin, Claude Pennetier

Né le 26 novembre 1897 à Paris (XIe arr.), mort le 27 janvier 1968 à Montsalvy (Cantal) ; instituteur ; syndicaliste et militant socialiste SFIO du Cantal, député du Cantal (1956-1958), conseiller général et conseiller municipal de Montsalvy ; président départemental de la Fédération des œuvres laïques.

Germain Guibert dans les années 1950
Germain Guibert dans les années 1950
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

Fils d’un facteur des postes à Paris et d’une matelassière, Germain Guibert passa sa jeunesse à Montsalvy chez sa grand-mère. Élève de cours complémentaire, il entra à l’École normale d’instituteurs d’Aurillac (Cantal) en 1913. Il fut appelé en janvier 1916 au 139e régiment d’infanterie à Aurillac. Il entra après concours à l’école des officiers de réserve de Saint-Maixent (Deux-Sèvres). Aspirant, affecté au 139e RI puis au 65e RI, cité à l’ordre de l’armée, il fut décoré de la médaille militaire et de la Croix de guerre avec palme pour fait de guerre le 26 juillet 1917. Nommé sous-lieutenant en septembre 1917, il termina la guerre dans les chars et fut démobilisé comme lieutenant en octobre 1919. En février 1934, il fut révoqué du corps des officiers de réserve pour sa participation aux manifestations du 12 février.

Germain Guibert devint instituteur à Cassaniouze en 1919, puis à Calvinet en 1923, avant d’être nommé directeur de l’école de Montsalvy en 1934. Il adhéra à la section départementale de la Fédération unitaire de l’enseignement et en fut un des principaux dirigeants. Il fut aussi, après 1936, membre du conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs. Membre des « Amis de l’École émancipée », il appartint à la commission exécutive nationale de cette tendance syndicale. En 1938, il fut élu au conseil départemental de l’enseignement primaire.

Germain Guibert adhéra au Parti socialiste SFIO en 1922. Il prit la parole à Maurs le 4 août 1931, dans une réunion de soutien à l’enseignant communiste Louis Escuroux, menacé d’une mutation d’office pour avoir sifflé des non-grévistes. En juillet 1932, il forma avec des militants communistes un comité de lutte contre la guerre. Cette initiative provoqua une vive altercation avec le conseiller municipal socialiste d’Aurillac, H. Dupuy, lors d’une réunion publique le 23 juillet 1932, qui condamna la présence d’un socialiste dans un comité créé par des communistes. Secrétaire adjoint de la section socialiste SFIO de Montsalvy en 1936, il participa activement au Front populaire. Accusé par le journal La Croix du Cantal d’être un « meneur communiste », il répondit qu’il était « fier d’appartenir au Parti socialiste depuis plus de dix ans » et démentit son intention de partir pour l’Espagne. Militant de la Gauche révolutionnaire, il signa la motion de gauche présentée par Maurice Deixonne au congrès fédéral du 22 mai 1938.

Mobilisé le 24 février 1940 comme mécanicien de deuxième classe dans un régiment des chars à Valence, Germain Guibert fut démobilisé à la mi-juillet 1940. Déplacé d’office comme instituteur dans un hameau de Corrèze en mars 1941 à Sanas de Juillac, il entra dans la Résistance. Responsable des parachutages d’armes dans l’ouest du département, il forma l’un des quatre bataillons de l’Armée secrète, dont il prit le commandement avec le grade de capitaine, sous les ordres du chef départemental, le colonel Hervé. À la tête du bataillon « As de trèfle », il participa notamment aux opérations qui conduisirent à la reddition de la garnison de Brive (500 Allemands prisonniers). Engagé pour la durée de la guerre en 1944 dans le régiment de marche Corrèze-Limousin, officier de liaison pendant la campagne Rhin et Danube, il participa notamment à la libération de Belfort. Affecté après la victoire au ministère de la Guerre, au service de réception des chars, il fut démobilisé le 4 septembre 1945. Son attitude lui valut la médaille de la Résistance et la Légion d’honneur.

Germaint Guibert s’était marié en décembre 1941 à Saint-Paul-des-Landes (Cantal) avec Jeanne Courbebaisse, institutrice, née le 13 avril 1909 à Paris.

Ayant retrouvé son poste à la tête de l’école de Montsalvy qu’il conserva jusqu’à sa retraite en 1953, Germain Guibert, représentant de la section départementale du Syndicat national des instituteurs, à la réunion du conseil national du SNI, le 15 avril 1946, critiqua les « initiatives de la CGT » qui, selon lui, ne pouvaient « faire fléchir le gouvernement ». Lors du congrès national du SNI à Grenoble, il intervint, le 27 juillet 1946, sur la question de la formation prémilitaire, évoquant ses activités militaires nullement contradictoires avec ses attitudes de « pacifiste intégral » pour démontrer que face à la menace de guerre il fallait se préparer. Lors de la réunion du conseil national du 28 décembre 1947, il se prononça contre le maintien des instituteurs dans la CGT. Quelques mois plus tard, lors du congrès du SNI, le 23 mars 1948, il souhaita que le SNI « s’engage à publier un manifeste pour la paix ». À nouveau délégué à la réunion du conseil national, le 17 juillet 1950, après la présentation par Denis Forestier de la question de la carte scolaire, il souligna la contradiction entre le maintien des écoles dans les villages et le développement du ramassage scolaire. Il fut secrétaire de la section départementale du SNI de 1950 à 1953. Lors des réunions nationales suivantes, ses interventions, en accord avec celles de la majorité, portèrent sur la lutte pour la paix qui exigeait l’union. Lors de la réunion du congrès national du SNI à Paris, il fut assesseur le 18 juillet 1952. Henri Aigueperse, dans un article de L’École libératrice, le 23 janvier 1953, signala que le responsable de la section du Cantal avait signé, dans l’Humanité du 9 janvier un article accusant les dirigeants du SNI « d’introduire dans le mouvement d’unité des ferments de division », des « entreprises de diversion […] sous prétexte que nous entendons condamner les atteintes à la liberté dans tous les pays ».

Secrétaire de la section départementale de la Fédération de l’éducation nationale de 1949 à 1957, Germain Guibert fut membre de la commission administrative nationale de la FEN de 1948 à 1952, participant aux commissions internationale (1950-1952), laïcité (1950), pédagogique (1950-1952).

Président de la Fédération départementale des œuvres laïques de 1945 à 1967, Guibert invitait ses amis, lors de l’assemblée générale de 1961, à « résister et […] riposter à l’offensive cléricale » appuyée par le gouvernement. Il militait aussi à la Ligue française de l’enseignement. Au congrès de 1949, il insista sur le rôle des auberges de jeunesse dans la formation de la jeunesse après la sortie de l’école des adolescents.

Au début de 1948, déjà vice-président de la fédération du Cantal des Associations d’anciens combattants et victimes des deux guerres, Guibert fut élu président, et accéda pareillement à la tête de l’Union française des anciens combattants en 1949, demeurant président d’honneur au milieu des années 1960.

Germain Guibert militait toujours dans le Parti socialiste SFIO. Il fut candidat à la candidature pour les élections législatives de novembre 1946, mais ne fut pas retenu par le congrès fédéral socialiste du 20 octobre. Sa candidature pour les élections cantonales de 1949 fut préférée par la section locale socialiste SFIO à celle du docteur Cambourieu, maire de Montsalvy. Le préfet pronostiquait un échec, la qualité de fonctionnaire devant indisposer les électeurs face au patron de la droite départementale, le député « paysan » Camille Laurens. Élu le 20 mars 1949 conseiller général de Montsalvy au premier tour avec 1 721 suffrages sur 3 438 suffrages exprimés, battant Laurens, il fut réélu en 1955 (43,7 % au premier tour, 51,6 % au second), en 1961 (50,4 %) et en 1967 (50,5 %). Il siégea à la commission des travaux publics de l’assemblée départementale. Il fut élu conseiller municipal de Montsalvy en 1965.

Aux élections législatives du 17 juin 1951, Guibert fut placé en deuxième position sur la liste socialiste SFIO qui arriva en deuxième position (21,95 % des suffrages), et n’eut aucun député, les Indépendants paysans obtenant les trois sièges grâce aux apparentements. Le 2 janvier 1956, en revanche, en tête de la liste de Front républicain (SFIO et radicaux), il devint député du Cantal, malgré un score stable (21,35 %), mais grâce au fort recul du Parti Indépendants paysans. Il siégea dans les commissions de l’agriculture, des pensions et de la presse. Il vota l’investiture de De Gaulle comme président du Conseil en 1958 et fit campagne pour une réponse positive au référendum instaurant la Ve République. S’étant représenté en novembre 1958 dans la 1re circonscription d’Aurillac, après avoir recueilli au premier tour 8 281 voix sur 58 021 inscrits, il fut battu au second tour de scrutin avec 8 851 voix (22,7 %) par Augustin Chauvet, candidat du Centre républicain, député sortant comme lui, plébiscité avec 63,65 % des suffrages. Le maintien au second tour du communiste Léon Chancel* (13,65 %) n’avait donc pas entraîné la défaite de Guibert, comme le Parti socialiste SFIO l’affirmait. Il se présenta sans succès aux élections sénatoriales d’avril 1959 comme « candidat isolé » (33,1 % des voix au second tour). Il échoua de nouveau aux élections législatives en 1962 avec 6 724 voix sur 57 524 inscrits (20,85 % des voix), Chauvet étant réélu au premier tour. En 1967, le candidat socialiste SFIO au titre de la FGDS était Meyniel.

Guibert collaborait irrégulièrement au quotidien La Montagne et à l’hebdomadaire régional socialiste SFIO Le Montagnard, édités à Clermont-Ferrand, et représentait son parti à l’exécutif départemental de la FGDS.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75554, notice GUIBERT Germain [GUIBERT Marcel, Pierre, Germain] par Vincent Flauraud , Jacques Girault, Jean Maitron, Gilles Morin, Claude Pennetier , version mise en ligne le 29 décembre 2009, dernière modification le 2 octobre 2010.

Par Vincent Flauraud , Jacques Girault, Jean Maitron, Gilles Morin, Claude Pennetier

Germain Guibert dans les années 1950
Germain Guibert dans les années 1950
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

SOURCES : Arch. Nat., F/1a/3353, F/1cII/284, 285, 288, F7/13130, 15747 n° 11491. — Arch. Dép. Cantal, 40M19. — Arch. de la FEN (L. Frajerman). — Arch. de l’OURS, dossiers Cantal. — Presse syndicale. — Dictionnaire de biographie française, t. 17, p. 50. — Le Monde, 30 janvier 1968. — Le Socialiste (Cantal), 1931-1938. — Le Montagnard, 27 janvier 1948. — Le Cantal ouvrier et paysan, 22 mars 1952, 7 janvier 1956, 4 février 1956, 8 novembre 1958, 25 avril 1959, 3 juin 1961, 2 décembre 1961, 18 février 1967, 15 juillet 1967, 30 septembre 1967, 3 février 1968. — L’Action laïque, décembre 1949.

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