FROMOND Francine, Albertine. Pseudonyme à Moscou : DUPUY Madeleine [Version DBK]

Par Claude Pennetier

Née le 2 octobre 1917 à Paris (XIXe arr.), fusillée le 5 août 1944 ; sténodactylo ; une des créatrices de l’Union des jeunes filles de France en 1936 ; collaboratrice de Ceretti.

Francine Fromond eut un père métallurgiste qui mourut en 1932 et une mère couturière à domicile qui adhéra au Parti communiste en 1935. Titulaire du certificat d’études primaires, elle fit un an de cours supérieur mais ne put continuer ses études comme elle l’aurait voulu et devint vendeuse de magasin en 1930-1931, puis sténodactylo. Elle fut influencée par son milieu et surtout par son frère Marcel qui était, en 1933, secrétaire des Jeunesses communistes aux Lilas. En 1934, le Parti communiste l’employait comme sténodactylo (à la région Paris-Est et au comité central) et l’avait chargée d’une mission de confiance, servir d’intermédiaire entre un responsable communiste et un militant infiltré chez les Croix-de-Feu.

Dès fin 1933 et en 1934, elle fut dactylo pour le comité central du PC. Son mari, Maurice Vetzland, fils d’émigrés russe, était membre du Parti communiste. Elle s’en sépara rapidement et une note des archives du Komintern précise qu’il « ne méritait pas la confiance politique ».

Le questionnaire biographique rempli le 26 avril1934 semble préparer sa sélection pour l’École léniniste internationale de Moscou. Le 21 février 1935, Fernand Soupé communiqua un rapport favorable en soulignant qu’elle avait été envoyée en URSS « par la commission des cadres pour délégation ». La même année, Francine Fromond suivit les cours de l’École léniniste internationale sous le nom de Madeleine Dupuy et elle reçut une formation technique approfondie, en particulier dans le domaine des liaisons par radio. À son retour en France (sans doute début 1936), elle participa à la création de l’Union des jeunes filles de France qui fut pour le Komintern un vivier de collaboratrices (voir Danielle Casanova*).

Francine Fromond eut également une activité moins voyante mais très importante. À partir de 1936, elle participa à la lutte clandestine pour aider les Républicains espagnols et fournit un travail considérable dans l’aide aux réfugiés espagnols. Son frère Marcel Fromond, né en 1914, qui était parti combattre en Espagne, tomba au front en 1938. Durant les années 1937-1939, elle travailla avec l’Italien Giulio Ceretti* qui, sous le pseudonyme de Monsieur Pierre, s’occupait de la Compagnie France-Navigation. Avec ce dernier, elle participa à plusieurs missions délicates, en particulier lorsqu’elle dut récupérer de nombreux dossiers importants qui se trouvaient dans le bureau de Ceretti* quand France-Navigation fut mise sous séquestre à la fin du mois d’août 1939.
Le rôle d’agent de liaison que lui donnaient ses capacités de technicienne radio accrut évidemment les responsabilités de Francine Fromond à partir 1939. Elle travailla alors avec le délégué de l’Internationale, Eugen Fried et apparut publiquement comme la secrétaire de la revue Cercle d’art qu’il commença à publier en Belgique à partir du 20 septembre 1939. Cette activité légale servait évidemment à couvrir les activités clandestines du délégué de l’Internationale communiste. À la fin de l’année 1939, Francine Fromond quitta la Belgique pour l’Union soviétique en passant par le Danemark où elle rencontra Giulio Ceretti* le 31 décembre 1939.

Arrivée en Union soviétique, Francine Fromond fut transférée à Oufa où elle travailla auprès de la direction de l’Internationale communiste. À la fin de l’année 1941, elle quitta ce pays pour regagner la France en compagnie de Raymond Guyot* et de Daniel Georges, frère du futur Colonel Fabien. Elle fut parachutée en France à la fin de janvier 1942 après un long voyage via Arkhangelsk, le Spitzberg, Mourmansk, Reykjavik et l’Écosse. Elle se retrouva aux côtés de Raymond Guyot* à la tête de l’organisation communiste clandestine de zone sud où elle fut chargée de faire la liaison avec l’Internationale communiste.

Francine Fromond fut arrêtée le 30 juillet 1943 à Saint-Vérand, petit village de la banlieue lyonnaise. Avec sa mère, également arrêtée, elle fut interrogée et torturée par la Gestapo. Sa mère mourut rapidement après d’horribles souffrances. Francine Fromond fut condamnée à la peine de mort et transférée à la prison de Fresnes où elle se fit appeler Florence, probablement en souvenir de l’Italien Giulio Ceretti* et de sa région d’origine.
Francine Fromond fut fusillée le 5 août 1944. Dans la lettre qu’elle écrivit à sa sœur Madeleine, quelques heures avant son exécution, elle évoqua le « dévouement » qu’elle avait pour son « grand Parti ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75572, notice FROMOND Francine, Albertine. Pseudonyme à Moscou : DUPUY Madeleine [Version DBK] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 décembre 2009, dernière modification le 4 octobre 2010.

Par Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, 495 270 6853. — Giulio Ceretti, À l’ombre des deux T. 40 ans avec Maurice Thorez et Palmiro Togliatti, Paris, Julliard, 1973, 408 p. — Lettre de fusillés, Éditions sociales, 1958, p. 76-77. — Notice par M. Dreyfus in DBMOF.

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