GALATRY Émile (version DBK)

Par Henri Manceau, Claude Pennetier

Né le 17 novembre 1902 à Allassac (Corrèze), mort le 15 juillet 1969 à Aiglemont (Ardennes) ; inhumé à Revin (Ardennes) ; émailleur ; secrétaire fédéral du Parti communiste des Ardennes de 1936 à 1939.

Aîné de cinq enfants, Émile Galatry dont le père était terrassier, apprit à lire et à écrire par lui-même. Dès son adolescence, il s’adonna à la lecture, de brochures en particulier ; adulte, il lut des revues comme Les Cahiers du Bolchévisme. Toute sa vie il acheta et lut beaucoup de livres ; peu avant sa mort, il rêvait d’une sorte de bibliobus du Parti communiste, qui aurait porté les ouvrages à domicile, dans tous les villages.

Dès l’âge de quatorze ans, il travailla, aux Égouts de Paris d’abord, ensuite au Métro. Ayant adhéré au syndicat des terrassiers de la Seine, il fit sa première grève en 1917, pour obtenir vingt sous de l’heure. En décembre 1918, il était employé sur les chantiers de travaux publics dans l’Aisne. En mai 1920, il participa à la grève au souterrain de Liart dans les Ardennes, et fut condamné à quatre mois de prison avec sursis. Il se fixa en décembre 1920 dans la ville métallurgique de Revin où il travailla d’abord comme forgeron ; par la suite, il s’embaucha à l’émaillerie Martin. Il était membre de la CGT depuis 1917 et resta chez les confédérés où il animait l’Opposition syndicale révolutionnaire à Revin.

Séduit par la tactique classe contre classe, Galatry adhéra au Parti communiste en avril 1928. Il fut secrétaire de cellule, puis du rayon de Monthermé en avril 1930. Il n’encouragea pas la formation d’un syndicat CGTU des Métaux à Revin, car, soucieux de l’unité ouvrière, les ouvriers révolutionnaires adhérèrent au syndicat CGT, quitte à y constituer une minorité diffusant ses propres tracts. Candidat aux élections cantonales dans le canton de Fumay en octobre 1931, Galatry proposa le désistement aux socialistes.

Gagnant bien sa vie, Galatry fut capable entre 1926 et 1930, d’économiser 10 à 15 francs par jour, dans le but de s’offrir un voyage en URSS. Il partit le 15 novembre 1931 et ne revint à Revin que le 9 janvier 1933. À Moscou, il travailla à la construction du métro, suivit les réunions de cercles d’études (ils étaient trente-trois Français), rencontra des intellectuels français, dont Vaillant-Couturier, à la maison des Écrivains ; il assista sur la place Rouge aux cérémonies du 7 novembre et du 1er Mai. C’est du moins le récit qu’il en fit de son vivant. En fait il avait suivi pendant 17 mois les cours de l’École léniniste internationale avec le pseudonyme de Marius Talon. Il était marié, sans enfant, avec une décolleteuse qui malade, ne pouvait travailler pendant son séjour en URSS ; elle recevait une aide de l’Internationale communiste. Il appartenait au deuxième contingent pour l’école léniniste internationale d’un an, fort de vingt-deux militants .

Lucien Sampaix le secrétaire de la région Ardennes écrivait avant son départ : « Ce camarade est très actif et a donné des preuves de ses capacités de travail. L’école peut en faire un militant de premier ordre pour notre région. D’accord avec la ligne du Parti. Très bon secrétaire de rayon. Cherche toujours les meilleurs moyens de d’appliquer la ligne du Parti. Courageux au travail, mais handicapé par son manque d’instruction général. Un peu emporté. Le camarade était avant d’influence anarchiste ; il est venu au Parti à la suite de longues discussions qui l’ont convaincue et c’est devant la juste application de notre tactique classe contre classe qu’il a donné son adhésion. » Albert Vassart ajoutait la remarque suivante : « nous avons ratifié cette candidature malgré le peu d’instruction générale de ce camarade. Il est assez doué pour suivre avec fruit les cours de l’École. Il a assez de volonté pour surmonter les difficultés du fait de sa faible insruction générale ».

Voici la liste avec les commentaires du Komintern après l’école : Holmières René, base, Région Pyrénées ; Dourdin Gaston, base, région Paris-Nord ; Zellner Émile, secrétaire du sous-rayon de Vitry ; Billat Paul, secrétaire de la région des Alpes ; Monceaux Edgard, (secrétaire du sous-rayon d’Ivry, barré), base ; Moine André, membre du BR, région des Pyrénées ; Herbs Michel, responsable du travail syndical de la région troyenne ; Martinan, membre du secrétariat de la région Est ; Jolly Robert, base ; Gillot Auguste, région Paris-Sud (erreur) ; Furmeyer, base, région Alsace-Lorraine ; Galatry Émile, secrétariat région Nord-Est ; Capitaine Thérèse, secrétariat rayon de Boulogne ; Desrumeaux Martha, instructeur du CC ; Havez Auguste, mairie de Vitry, agit-prop région Paris-Sud ; Boualem, section coloniale ; Bouchafa Salah, section coloniale, 20e UR ; Albert, nègre ; Dalmas Albert, base, région Paris-Ville, renvoyé de l’École ; Paumard Jean, base région Paris-Ouest, renvoyé de l’École ; Ignacy Jany, pol. bord (illisible) ; Kuhn Guillaume, secrétariat SRI Alsace-Lorraine.

De retour à Revin, il milita au Parti communiste et au syndicat CGT des Métaux, sur la base de l’union. Cette action était d’autant plus difficile à Revin que la commission paritaire de 1920 excluait toute revendication, et que les majoritaires du syndicalisme n’étaient, de ce fait, guère actifs. A l’exception d’un séjour de quelques mois à Montrouge, toute son activité eut lieu dans les Ardennes. Dès 1933, Galatry déploya avec Lareppe une grande activité dans le département : réunions dans les Ardennes sur le chômage et le système Bedeau appliqué à l’usine Martin de Revin (le système Bedeau s’inspirant des méthodes américaines avait instauré la rémunération aux pièces), participation à la “Marche de la faim” de février 1935 — voir Compain, lutte politique contre le fascisme. En septembre 1934, E. Galatry était secrétaire adjoint du comité régional des Ardennes — voir Lareppe P., secrétaire général et délégué au comité de coordination PC-SFIO.

En 1936, Lareppe ayant été élu député, Galatry déjà secrétaire de la section de Revin du Parti communiste, devint secrétaire fédéral et le demeura jusqu’en 1939. Candidat aux élections législatives dans le Sedanais en 1936, il obtint 1 764 voix contre 2 721 à Vignon SFIO et 3 391 au radical Gabriel Delattre.

Très méthodique, il visitait les cellules chaque semaine. Lors des grèves de 1936, il sut, par sa vigilance déjouer les manœuvres de l’industriel Faure de Revin qui, par signature d’une convention particulière, d’ailleurs peu avantageuse pour les ouvriers, risquait de briser le mouvement de masse. À la veille de la guerre, la région groupait 1 850 adhérents répartis dans 66 cellules et 13 cellules d’entreprises.
Galatry fut mobilisé en 1939 et fait prisonnier. À son retour à Revin, il travailla aux carrières Saint-Joseph, puis chez Porcher, où il fut gravement accidenté. Il milita jusqu’à sa mort et participa aux actions des anciens prisonniers de guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75573, notice GALATRY Émile (version DBK) par Henri Manceau, Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 décembre 2009, dernière modification le 30 décembre 2009.

Par Henri Manceau, Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, 495 270 817, questionnaire d’arrivée à Moscou ; autobiographie sous la signature de Marius Talon, 18 novembre 1931 ; autobiographie du 5 janvier 1928. 517 1 1111. — Arch. Nat. F7/13132, rapport du 22 septembre 1934 et F7/13134, rapport du 19 février 1930. — Arch. PPo., carton 88. — L’Exploité (de Reims). — Récits de Galatry à Henri Manceau. — Notes de Sylvain Boulouque.

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