GRENIER Fernand, Joseph. (Version DBK)

Né le 9 juillet 1901 à Tourcoing (Nord), mort le 12 août 1992 à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ; employé de mairie ; dirigeant communiste du Nord puis de la région parisienne ; secrétaire national de l’Association des Amis de l’URSS (1932-1939) ; député de Saint-Denis (1939-1940) ; commissaire de l’Air du Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) à Alger (19431944) ; membre du comité central du PCF (1945-1965).

Fernand Grenier devint apprenti-boulanger après l’obtention du certificat d’études. Adhérent au Parti communiste en février 1922, Fernand Grenier passa quelques mois, en 1924, dans larégion parisienne pour suivre les cours de l’ » École léniniste » de Bobigny. Membre de la délégation de la région Nord au 4e congrès du PC en janvier 1925, Fernand Grenier occupait déjà les premiers rôles sur la scène régionale. Ses talents de publiciste furent rapidement remarqués au niveau national et, en septembre 1925, il fut appelé à Paris et sa signature ne tarda pas à figurer dans la presse nationale.
L’année 1930 fut particulièrement difficile, le secrétaire de l’Union locale unitaire d’Halluin, Albert Cornette, un ami de Grenier, passa au trotskysme et fut exclu après des débats houleux à la direction du rayon. Cette affaire amena Grenier au banc des accusés devant la direction du Parti. Le retour au premier plan régional fut bientôt suivi d’une promotion aussi spectaculaire qu’inattendue : en novembre 1932, Grenier reçut un télégramme de Maurice Thorez*, alors incarcéré à Nancy, qui lui annonçait sa nomination comme permanent appointé auprès du comité central à Paris, avec comme mission l’organisation de la propagande de l’Association des Amis de l’URSS. Nommé secrétaire national de cette organisation, il alla en URSS pour la première fois en novembre 1933 et y resta un mois. Il conserva ses fonctions de secrétaire national jusqu’en 1939 ; en 1935, la direction des Amis de l’URSS comprenait, outre Grenier : Gaston Aubert (secrétaire adjoint), Henri Lebrun (trésorier) et Marcel Koch (trésorier adjoint).

Fernand Grenier fut investi en 1935 d’une mission délicate, assurer la reconquête pour le PC, du « bastion rouge » de Saint-Denis, passé à la dissidence après l’exclusion de Jacques Doriot* en juin 1934. Grenier se présenta aux législatives partielles du 1er août 1937 et fut élu député de Saint-Denis, dès le premier tour, avec 9 552 suffrages contre Malo remplaçant Doriot*, qui avait préféré se soustraire à un échec prévisible. Il joua un rôle important à la commission des Affaires étrangères dans une période au cours de laquelle le PC se trouvait confronté à de sérieuses difficultés tactiques provoquées par la politique extérieure de l’URSS. Au cours de la discussion du budget des Affaires étrangères de l’année 1939, Grenier intervint notamment pour demander au gouvernement de préciser sa position à l’égard du pacte franco-soviétique et déposa un amendement visant à rapporter l’interdiction du Journal de Moscou promulguée par le ministère de l’Intérieur. Outre ses voyages en Union soviétique motivés par ses fonctions à la direction des Amis de l’URSS, Fernand Grenier effectua dans cette période de l’avant-guerre, de multiples tournées de conférences, comme par exemple en mars 1939 en Afrique du Nord.

Mobilisé en septembre 1939, il fut déchu de son mandat de député le 21 janvier 1940, Grenier perdant en outre son poste de conseiller municipal de Saint-Denis en février 1940.

Il fut finalement arrêté le 5 octobre 1940 par la police de Saint-Denis et interné au sanatorium d’Aincourt (Seine-et-Oise). Transféré le 4 décembre suivant à Fontevrault (Maine-et-Loire) puis le 20 janvier 1941 à la Centrale de Clairvaux (Aube), il échoua finalement au camp de Châteaubriant (Loire-Inférieure) d’où il parvint à s’évader le 19 juin 1941. Revenu à Paris, il se cacha dans un appartement et rédigea des articles pour la presse clandestine du PC qu’il transmettait à Félix Cadras. Après l’arrestation de ce dernier, Grenier se trouva totalement isolé du reste de l’appareil clandestin et ce fut par hasard que sa femme parvint à renouer le contact. À la fin de l’année 1942, F. Grenier fut chargé par le CC clandestin d’établir les premiers rapports avec les formations de la Résistance non-communiste et en particulier avec les gaullistes. Le 25 novembre 1942, il rencontra Rémy, agent de liaison de De Gaulle pour préparer un voyage à Londres afin d’établir un contact direct avec le général.

Voyageant en compagnie de Rémy, F. Grenier arriva à Londres le 11 janvier 1943, porteur d’une première lettre du CC donnant « l’adhésion du PCF à la France combattante pour la Libération de la France » et d’une seconde de Charles Tillon* au nom du CMN des Francs-Tireurs et Partisans qu’il remit toutes deux à de Gaulle. Délégué du PCF auprès du Comité français de libération à Londres Grenier reçut de De Gaulle le titre, sans grande signification, de conseiller au Commissariat de l’Intérieur de la France Libre. Finalement, le compromis fut trouvé et, le 4 avril 1944, De Gaulle nommait Billoux* au Commissariat d’État et Grenier commissaire à l’Air, montrant ainsi la confiance personnelle qu’il avait envers ce dernier. Pendant son séjour à Londres, il s’attira les foudres de Harry Politt qui fit demander à André Marty si Grenier était un communiste ou un "gaulliste inscrit au Parti communiste". « Durant tout son séjour à Londres il s’est révélé le plus acharné des propagandistes gaullistes » résume Marty.

Membre du comité national de l’Association France-URSS depuis la Libération, élu président de l’Amicale des vétérans le 25 février 1980 en remplacement de Lucien Midol décédé, Fernand Grenier est l’auteur de plusieurs livres partiellement autobiographiques dans lesquels il exalte la résistance communiste pendant l’Occupation et exprime son admiration envers l’URSS.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75578, notice GRENIER Fernand, Joseph. (Version DBK), version mise en ligne le 30 décembre 2009, dernière modification le 24 août 2010.

ŒUVRE : Parmi les plus importantes : URSS 1935 (1936). — Le Mouvement stakhanoviste (1936). — Réponse à André Gide, avec une préface de Jean Lurçat (1937). — Autour de la trahison des généraux :ce qui se passe en URSS (1937). — L’URSS a vingt ans (1937). — Réponse à Kléber Legay. Des faits et des documents. (1938).
Après guerre, il a publié aux Éditions Sociales :C’était ainsi (1949). — Au pays de Staline (1949). — Journal de la drôle de guerre, réédité avec additifs en 1969 sous le titre De Munich à Vichy. — Ceux de Châteaubriant (rééd. 1961). — Ce bonheur-là … (1974).

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Pas de dossier au RGASPI mais un au RGANI, accessible 70 ans après son décès. — Tsentralnoe chranilise sekretnych del, Fonds 5, dossier personnel Grenier, 11.106-144. — Notice par Y. Le Maner in DBMOF.

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