Né le 23 avril 1886 à Firminy (Loire), mort le 21 juillet 1923 à Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne) ; professeur ; un des principaux dirigeants du Parti communiste français au cours des années 1920-1922.
Antoine Keim était le fil de Jean-Baptiste Keim, chauffeur, et d’Antonine Perret, tailleuse. Il fut élève maître pendant deux ans à l’École normale d’enseignement technique de Paris. il se maria le 3 août 1912 à Firminy avec une institutrice Madeleine Hivert.
Durant deux années (1912-1914), il enseigna le français à l’École supérieure du commerce de Munich (Bavière). Lorsque survint la guerre, il était professeur à l’école commerciale de Lyon. Mobilisé le 2 août 1914 comme caporal, il devint lieutenant. Antoine Keim défendit « la guerre du Droit » mais « sortit de la guerre tout autre qu’il n’y était entré ».
Membre de la deuxième section de la Fédération socialiste de la Seine en 1919-1920, il fut élu membre, le 11 avril 1920, de la commission exécutive de cette Fédération. Partisan de la IIIe Internationale, il assista au congrès de Tours en décembre, et fut nommé membre du comité directeur du Parti communiste. Collaborateur de l’Humanité et de La Vie ouvrière, il était alors chargé de la liaison entre le parti français, le PC allemand et l’Internationale et jouait le rôle de secrétaire pour les relations internationales. À deux reprises, il se rendit à Moscou.
Fin janvier 1921, il fut arrêté, peu avant Dunois*, en même temps que Zalewski (pseudonyme d’A. Abramovitch*) émissaire de l’IC qui aidait au financement des partis communistes, et inculpé le 30 janvier de « crimes contre la sûreté intérieure de l’État » et de « menées anarchistes » ; il bénéficia le 22 mai d’un non-lieu. Cette affaire fut le prétexte de la campagne de « l’or de Moscou ». En fait, il s’agissait de sommes réduites et Ker y consacra un article le 18 octobre 1921 dans le Bulletin de la presse communiste : « Autour de l’affaire Zalewski ». Quoi qu’il en soit, B. Souvarine* proposa Ker pour remplir les fonctions de secrétaire de rédaction de la version française de L’Internationale communiste (cf. Archives Humbert-Droz, tome 1, p. 86).
En février-mars 1922, Ker participa, avec Cachin*, Métayer, Renoult, Sellier*, Souvarine* et Treint* à la conférence du Comité exécutif élargi de l’Internationale sur l’unité du « front prolétarien » avec voix consultative et il exprima alors son accord avec les thèses de l’IC, à la différence de la délégation du parti français. Selon Humbert-Droz*, Ker oscillait entre la gauche et le centre du Parti alors que Souvarine* estimait qu’il inclinait délibérément vers le centre. Il était alors secrétaire de la sous-commission travaillant sur la tactique du front unique. Le 15 août, il fut désigné, par le CD (comité directeur), responsable de la page du Parti dans l’Humanité et il participa le 16 à une réunion convoquée par Humbert-Droz* où furent préparés, contre la gauche, les projets de résolution adoptés par le CD sur le front unique et la politique générale, résolution dite Frossard*-Souvarine*.
Au 2e congrès du Parti tenu à Paris du 15 au 22 octobre 1922, Ker représentait le centre avec Frossard* et Soutif ; il présenta, le 19, avec Paquereaux et Bestel*, un projet d’entente centre-gauche qui fut accepté par la gauche. Membre du CD, il fut désigné au bureau politique où le centre devait être majoritaire. À partir du 2 novembre 1922, il participa au CE élargi de l’Internationale. Il assista à Moscou, du 5 novembre au 5 décembre au IVe congrès de l’IC puis, du 12 au 16 décembre, il présenta au CD français les décisions prises par ce congrès, notamment les résolutions adoptées sur la question française dont celles concernant le nécessaire abandon de la Franc-maçonnerie et de la Ligue des droits de l’homme. Se conformant à ces conclusions, Ker démissionna de ces organisations et donna également sa démission des organismes dirigeants du Parti et de son poste de responsable de la rubrique « Vie économique et sociale » à l’Humanité mais Humbert-Droz*, appliquant les décisions particulières de l’IC, imposa son maintien à ce dernier poste.
Début 1923, Ker participa, avec d’autres militants, à la conférence d’Essen et à une série de meetings en Allemagne qui entraînèrent des poursuites en France et il fut appréhendé le 13 janvier ainsi que d’autres militants pour « atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l’État ». Le 4 février, il fut mis en liberté provisoire.
En avril, Humbert-Droz* signalait que le Parti n’employait plus Ker qui travaillait au bureau d’études économiques et il écrivait le 14 juin à l’Internationale : « Je crois que Renoult et Ker ont donné, depuis la fin de la crise et depuis le mois de janvier, assez de preuves d’attachement au parti pour qu’on ne les élimine pas de la vie de l’organisation qui manque de militants et de cadres ; sur ce point aussi, il serait bon que l’exécutif donne son opinion » (Archives, I, p. 489).
Mais Ker devait décéder le 21 juillet d’une hémorragie cérébrale foudroyante, il fut inhumé à Firminy. Amédée Dunois lui rendit hommage le 26 ainsi que K. Radek dans le Bulletin communiste du 23 août et Clara Zetkin* dans celui du 30 août ; enfin le 3e congrès du parti français, réuni à Lyon, fit de même au cours de sa première séance, le 20 janvier 1924.
SOURCES : Arch. Bibl. marxiste de Paris, bobines13, 19, 24, 26, 29, 30, 32, 38, 41, 45, 48, 52. — Bulletin communiste, article du 9 août 1923 (Boris Souvarine). — Notice par Jean Maitron, DBMOF. — Etat civil.