GOUBIER Georges, Victor

Par Jean-Paul Martin

Né le 23 mars 1936 à Saint-Étienne (Loire) ; ajusteur ; militant de la JOC et de la CFTC, permanent national puis secrétaire général (1976-1982) de la Fédération nationale Construction et Bois (FNCB-CFDT), secrétaire général de l’ASSECO-CFDT (1982-1996).

Georges Goubier éta l’ainé d’une fratrie de trois enfants. Sa sœur Odile Goubier, née en 1941, épousa Marc Vincent, un professeur d’histoire dans l’enseignement privé, qui devint dans les années 1970-1980 président de la Fédération de l’enseignement privé (FEP-CFDT). Son jeune frère Jean-Marc, né en 1947, fut secrétaire-permanent du groupe socialiste dans la municipalité d’union de la gauche de Saint-Étienne de 1977 à 1983 dirigée par Joseph Sanguedolce*. Leur père, Pierre, né en 1910, était ajusteur sur métaux, il travailla longtemps à la Société stéphanoise de constructions mécaniques (SSCM), une entreprise de 400 salariés environ, où, quoique catholique, il militait à la CGT, syndicat majoritaire de l’entreprise. Leur mère, née Michèle Gay en 1910, était femme de service. Après la Libération, elle adhéra quelque temps, pour les services matériels qui étaient offerts, à l’Union des femmes françaises, tandis que son mari lisait le quotidien communiste local Le Patriote jusque vers 1950.

L’enfance de Georges Goubier baigna dans le milieu ouvrier. Ses parents résidaient dans le quartier du Soleil, dans une cité de la SSCM. Quelque peu perturbée par les années de guerre, sa scolarité se déroula à l’école primaire publique du quartier du Treyve, puis à la « Sup » des Chappes où il obtint le certificat d’études,,enfin à l’École nationale professionnelle Mimard dont il sortit en 1953 avec un CAP d’ajusteur. Il entra alors dans le monde du travail à l’entreprise Murat, où, par fidélité paternelle, il prit sa carte à la CGT, quoiqu’un syndicat CFTC existât. Il y connut sa première grève en 1953 avant d’être finalement licencié. N’ayant plus d’engagement syndical dans les petites entreprises qu’il fréquenta alors, il fut convaincu par son ami Gilbert Palasse d’adhérer à la CFTC en 1954, ce qu’il accepta en raison de l’ouverture aux jeunes de ce syndicat et en dépit de son étiquette « chrétienne ». Georges Goubier avait connu Gilbert Palasse à la JOC et il fut responsable fédéral stéphanois de ce mouvement de 1951 à 1956. Il s’y lia également avec d’autres militants d’origine chrétienne et de sensibilité de gauche, comme Louis Alvergnat, Paul Alvergnat, Roger Bufferne, Camille Dufour et Claude Souvignet.

En septembre 1956 commençait pour Georges Goubier un service militaire de vingt-sept mois dont l’essentiel se passa en Algérie près d’Oujda à la frontière marocaine. Après son retour, il fut embauché en 1959 à la Société générale d’entreprise (SGE), une grande entreprise du bâtiment , où il travailla jusqu’en 1971. À Saint-Étienne, existaient trois établissements de cette société. Georges Goubier travaillait au service du matériel. Plus conscient des enjeux syndicaux, il prit alors davantage de responsabilités à la CFTC, devenant délégué du personnel, puis délégué au CE. En 1959, il devint responsable jeunes à l’Union locale de Saint-Étienne, et au bureau de l’Union départementale où il rencontra notamment Pierre Héritier. C’est à ce titre qu’il participa au congrès de naissance de la CFDT en 1964. En rapport avec Roger Bufferne, il adhéra à l’UGS puis au PSU où il fut militant de base pendant une dizaine d’années (section de Montaud puis de Montplaisir). En 1959, il épousa Marie-Thérèse Chazelle, née en 1937, qui travaillait à l’époque comme comptable. Elle était la fille du député MRP de la Loire Jean Chazelle (élu entre 1956 et 1962), en rupture avec les idées politiques plutôt « Algérie française » de son père. Il l’avait connue dans le cadre de l’action jociste sur le problème de la guerre d’Algérie alors qu’elle était responsable locale de la JOCF. Bénévolement, elle rendit à de nombreuses reprises des services militants en tapant des textes pour le PSU, le Centre d’études socialistes, la FCPE . Elle fut un moment trésorière de Culture et Liberté, dont son mari était également un militant. Le couple eut deux enfants, Isabelle et Jean-Luc, nés en 1961 et 1963.

De 1960 à 1971, Georges Goubier fut, dans la région stéphanoise, responsable du syndicat du bâtiment et des travaux publics CFTC puis CFDT, participant à la négociation de la convention collective départementale. Il fut choisi par sa fédération (FNCB) comme représentant de la CFDT au comité central d’entreprise de la SGE et montait fréquemment à Paris ; puis en 1972 il fut élu comme permanent de la FNCB, et en fut le secrétaire général de 1976 à 1982, participant du même coup au bureau confédéral de la CFDT. Le conseil fédéral de la FNCB-CFDT était traversé dans cette période par les courants politiques allant du PS à diverses tendances d’extrême gauche. Georges Goubier s’imposa de maintenir un cap à gauche favorable à l’unité syndicale avec la CGT, au moins jusqu’en 1978. La FNCB avec d’autres fédérations de la CFDT (Hacuitex, Banque, PTT, EDF, Santé et Rhone-Alpes) s’engagea avec une « contribution », dans un texte d’orientation, plutôt opposé au rapport d’Edmond Maire au congrès confédéral d’Annecy (1976). Face à une plus grande radicalisation de la CGT, la FNCB s’éloigna progressivement de cette stratégie, et se rapprocha à partir de 1981 de la ligne confédérale. Au moment où il abandonna sa fonction de permanent en 1982, Edmond Maire proposa à Georges Goubier d’animer l’Association nationale de consommateurs de la CFDT : il devint alors secrétaire général de l’ASSECO-CFDT et le resta jusqu’en 1996. Des relations nouvelles apparurent avec un grand nombre d’associations du monde consumériste et familial. Ses bons rapports avec la plupart des responsables lui valurent d’animer « Conso 2000 », un groupement de dix-huit associations, informel mais efficace pour la préparation des rencontres avec les ministères et l’administration. Il participa au Conseil national de la consommation, et au conseil d’administration de l’AFNOR. Il fut représentant des consommateurs français au Conseil des consommateurs de l’Union européenne et présenta un rapport pour la création d’une association européenne pour la normalisation (ANEC). En 1997, avec celui qui devint alors son ami, Marcel Gonin, il milita à l’Union locale des retraités CFDT du Forez et fut l’un des rédacteurs du journal Fil Bleu de l’Union confédérale des retraités.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75610, notice GOUBIER Georges, Victor par Jean-Paul Martin, version mise en ligne le 2 janvier 2010, dernière modification le 7 juillet 2022.

Par Jean-Paul Martin

SOURCES : Entretien. — Renseignements communiqués par l’intéressé (2008-2009).

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