LORIOT Fernand [LORIOT Isidore, Fernand, Ernest] (version DBK)

Né le 10 octobre 1870 à Céton (Orne), mort le 12 octobre 1932 à Paris ; instituteur ; membre du Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI), secrétaire du Comité de la IIIe Internationale ; membre du comité directeur du Parti communiste (secrétaire international) ; opposant à la » bolchevisation », rompt avec le Parti communiste en 1926.

Fils d’un distillateur, Fernand Loriot, instituteur, adhéra au Parti socialiste français en 1901. Il devint, en 1912, le trésorier de la Fédération des instituteurs.

Un temps partisan de l’Union sacrée, il défendit à la mi-août 1915, des positions hostiles à la guerre et fut en contact avec le petit noyau de militants (P. Monatte, A. Merrheim, A. Rosmer*, etc.) qui, depuis août 1914, résistait à l’Union sacrée. Début 1916, Fernand Loriot participa à la création du Comité pour la reprise des relations internationales qui prit la suite du Comité d’action internationale pour la paix. Déplacé d’office pour son action contre la guerre, il prit un congé pour se consacrer à plein temps à l’action politique. Pendant l’été 1916, il rédigea, avec l’aide de Louis Bouët et Gabrielle Bouët et le concours de Léon Trotsky* une brochure intitulée : les socialistes de Zimmerwald et la guerre qui défendait les positions zimmerwaldiennes.

Fernand Loriot fut nommé à la commission administrative permanente du Parti socialiste en tant que trésorier. En mars 1917, il se rendit en Suisse pour assister à une réunion internationale. Après le passage clandestin de la frontière, grâce à Lucie Colliard*, Fernand Loriot parvint à Genève où il rencontra Henri Guilbeaux* qui l’accompagna à Berne pour participer à la réunion au cours de laquelle les révolutionnaires russes décidèrent des conditions de leur retour en Russie. Il eut un premier entretien avec Lénine*.

Après la création de la IIIe Internationale, Loriot et ses amis transformèrent, le 8 mai 1919, le CRRI en Comité de la IIIe Internationale. Dès lors, Loriot, devenu secrétaire du comité, fit figure de représentant officieux des bolcheviks. Il participa au lancement du Bulletin communiste auquel il collabora par la suite, en signant avec B. Souvarine* et P. Monatte l’éditorial du premier numéro saluant le premier anniversaire de l’Internationale communiste. Les grèves de mai permirent au gouvernement d’inculper pour complot les trois secrétaires du Comité de la IIIe Internationale, Loriot, Monatte et Souvarine* qui furent arrêtés et incarcérés à la Santé. Loriot ne put donc pas assister au congrès de Tours (décembre 1920). Le congrès le nomma cependant membre du comité directeur chargé du secrétariat international. Après dix mois de prison préventive, il passa devant la cour d’assises de la Seine en février 1921, fut acquitté et libéré. Fernand Loriot fit partie de la délégation française au IIIe congrès de l’Internationale communiste (juillet-août 1921). Lénine* lui manifesta son intérêt en déjeunant seul avec lui dans la grande salle commune.

Lors du congrès de Marseille (25-30 décembre 1921), il démissionna, avec A. Dunois, A. Treint*, P. Vaillant-Couturier*, à l’occasion de la crise provoquée par la non réélection, au comité directeur, de Boris Souvarine*. Sa démission devint une retraite qu’il souhaitait depuis son retour de Moscou. Il ne reprit la parole qu’après le Ve congrès de l’Internationale (juillet-août 1924) qui décida de la « bolchevisation » des partis communistes. Au congrès de Clichy (17-21 janvier 1925), il dénonça les exclusions de Monatte, Rosmer*, Delagarde, Souvarine* et, en juillet 1925, il signa une lettre ouverte aux membres du Parti fustigeant les méfaits de la bureaucratie qui répondait à l’affaiblissement du Parti par un renforcement de l’appareil. Il signa la « Lettre des 250 » adressée à l’Internationale communiste en octobre 1925. L’année suivante, il ne reprit pas sa carte et fut sanctionné lors du 7e plénum élargi de l’Exécutif de l’Internationale. Quand se constitua l’opposition communiste (trotskyste) autour de Maurice Paz, Loriot s’y rallia et appartint au comité de rédaction de Contre le courant dès son premier numéro (20 novembre 1927). Fernand Loriot choisit la revue de Pierre Monatte, la Révolution prolétarienne, pour développer son analyse de la Révolution russe (n° 54, 15 mars 1928) : « Que vaut l’expérience russe ? » et n° 55, 1er avril 1928 : « La mission historique du prolétariat »). Constatant que « l’URSS n’est ni U (union), ce qui suppose la libre adhésion des parties composantes… ; ni R (république) puisque c’est une dictature centralisée, évoluant toujours davantage vers la dictature personnelle ; ni S (socialiste) puisque le socialisme reste à construire en Russie… ; ni S (soviétiste) car les Soviets ne constituent plus en Russie la pierre d’assises du régime ». Distinguant entre le léninisme et le néo-léninisme des « bolchevisateurs », il affirma que « l’axe du conflit » n’était pas « entre Staline et Trotsky*, mais entre stalinisme et prolétariat ». Suscitant une longue controverse, d’autant plus qu’elle apparaissait comme contradictoire avec son engagement passé, cette prise de position lui valut d’être exclu du groupe Contre le courant. Mais lui-même se considérait avant tout comme un syndicaliste que les circonstances avaient dirigé vers l’action politique qui, selon lui, n’était pas l’action essentielle. Loriot réitéra ses critiques dans la Révolution prolétarienne (n° 95, 1er janvier 1930), et affirma la primauté du syndicalisme révolutionnaire.

Voir la notice Fernand Loriot dans le Maitron général.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75639, notice LORIOT Fernand [LORIOT Isidore, Fernand, Ernest] (version DBK), version mise en ligne le 4 janvier 2010, dernière modification le 17 octobre 2022.

SOURCES : Notice du DBMOF par Jean-Louis Panné.

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