Né en 1792 à Londres ; mort le 23 août 1849 à Londres ; radical et chartiste.
Le père d’Henry Hetherington était tailleur à Londres et il mit son fils en apprentissage chez l’imprimeur officiel du Parlement Luke Hansard. Hetherington fait ensuite un bref séjour en Belgique où il travaille dans une imprimerie. De retour à Londres, il entre en contact avec le journaliste écossais George Mudie*, disciple d’Owen*. Lorsqu’en 1823 est créé le London Mechanics’ Institute, Hetherington figure parmi les premiers adhérents ; en même temps il baigne dans les projets oweniens de communautés et de coopératives. Sa réputation s’étend dans les cercles radicaux ; il prend part à la campagne d’agitation pour la réforme électorale (1831-1832) et lance un journal populaire, de ton très avancé, le Poor Man’s Guardian (Le défenseur du pauvre) dont le premier numéro paraît en juillet 1831. Comme Hetherington refuse d’acquitter le droit de timbre — taxe perçue sur les périodiques et dont les radicaux réclamaient la suppression — cela lui vaut de multiples poursuites judiciaires ; à un moment il est même condamné à deux ans de prison. Relâché au bout de quelques mois en mars 1832, il est de nouveau incarcéré pour six mois en 1833. Il parvient à maintenir en existence le Poor Man’s Guardian jusqu’en décembre 1835 ; en général c’était Bronterre O’Brien*, le futur leader chartiste, qui faisait fonction de rédacteur en chef. Au nom des droits des travailleurs, les deux hommes dénoncent le système économique et social et formulent un programme révolutionnaire, appuyé à la fois sur les théories d’Owen et sur la revendication d’institutions démocratiques. En 1836 un groupe d’artisans et d’ouvriers londoniens fondent la London Working Men’s Association (Association des Travailleurs londoniens). A la tête du groupe, se trouvent Hetherington et William Lovett qui déclenchent une campagne d’agitation pour le suffrage universel ; parallèlement tous deux participent à la rédaction de la « Charte du Peuple » (1838) qui va donner son nom au mouvement chartiste. Cependant dès les premiers jours du mouvement chartiste, Hetherington se range du côté des modérés, à l’inverse d’O’Brien et il soutient les positions de Lovett contre le bouillant O’Connor.
Outre ses activités chartistes, on trouve Hetherington au premier rang d’autres causes avancées. Il prend part au mouvement pour la libre pensée animé par G. J. Holyoake et avec lui il dénonce les religions établies et les entraves à la liberté d’expression. Accusé de blasphème en 1840, il est condamné, malgré son habile défense, à quatre mois de prison. Jusqu’à sa mort il continue de jouer un rôle important dans les campagnes pour la libre pensée, tout en apportant son soutien au chartisme modéré et aux plans oweniens d’éducation et de coopération. Il est emporté par l’épidémie de choléra qui frappe Londres en 1849.
ŒUVRE : Multiples contributions à des publications de la libre pensée et du radicalisme ; brochures.
BIBLIOGRAPHIE : A.G. Barker, Henry Hetherington, Londres, 1938 (?). — La Presse Ouvrière, éd. J. Godechot, Paris, 1966. — J. Wiener, The War of the Unstamped, Cornell University Press, 1969. — P. Hollis, Introduction à la réédition de The Poor Man’s Guardian, Londres, 1969. — Idem. The Pauper Press : a Study in Working-class Radicalism of the 1830s, Oxford, 1970. — E. Royle, Victorian Infidels : the Origins of the British Secularist Movement 1791-1866, Manchester, 1974. — Independent Collier : The Coal Miner as Archetypal Proletarian Reconsidered, R. Harrison éd., Hassocks, 1978. — I.J. Prothero, Artisans and Politics in early Nineteenth Century London : John Gast and his Times, Folkestone, 1979. — J. Epstein, The Lion of Freedom : F. O’Connor and the Chartist Movement, 1832-1842, Londres, 1982. — D. Goodway, London Chartism, 1838-1848, Cambridge, 1982. — Joyce Bellamy, John Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. I.