HOLYOAKE George, Jacob

Né le 12 avril 1817 à Birmingham, Warwickshire ; mort le 22 janvier 1906 à Brighton, East Sussex ; coopérateur, radical et libre penseur.

Né dans une famille ouvrière de treize enfants, dans laquelle le père exerçait le métier de ferblantier tandis que la mère fabriquait des boutons de corne, George Holyoake, qui a onze frères et sœurs derrière lui, est placé très jeune comme apprenti dans une fonderie où il apprend le métier paternel pour travailler ensuite avec son père. L’adolescent fait preuve de telles capacités intellectuelles qu’à l’âge de dix-sept ans il se met à suivre les cours du soir du Mechanics’ Institute (Institut pour ouvriers) de Birmingham où s’affirment ses dispositions pour les mathématiques. Bientôt il enseignera lui-même cette matière dans les écoles du dimanche et au Mechanics’ Institute.

Holyoake avait été élevé par sa mère dans la stricte observance du protestantisme évangélique mais il s’éloigne progressivement de la religion sous l’influence d’Owen*. En 1840, il se rend à Worcester en réponse à l’invitation d’un groupe owenien local qui lui propose de prendre la responsabilité du Hall de la Science de la ville. Ces halls oweniens créés dans de nombreuses villes durant les années 1830 et 1840 étaient des centres de propagande et d’éducation. L’année suivante, Holyoake va enseigner dans un autre centre owenien à Sheffield où il rejette définitivement la foi chrétienne. Il devient alors l’un des rédacteurs de l’Oracle of Reason, périodique athée militant. Quand Charles Southwell, le fondateur du journal, est incarcéré pour propos blasphématoires, c’est Holyoake qui se charge de continuer l’Oracle. En mai 1842, lors d’une tournée qui le conduit de Birmingham à Bristol, Holyoake donne une conférence à Cheltenham ; en réponse à une question d’un auditeur, il se permet une plaisanterie sur Dieu, ce qui lui vaut d’être arrêté à son tour et jugé le 15 août 1842 aux assises de Gloucester. C’est l’un des plus notables procès pour blasphème du XIXe siècle. Holyoake, qui assure lui-même sa défense, a beau plaider pendant neuf heures, il est reconnu coupable et condamné à six mois de détention.

Sorti de prison, il s’installe à Londres et ouvre une librairie où il vend des publications radicales et anticléricales. A la fois libre penseur et radical, il s’enthousiasme pour l’idéal coopérateur d’Owen et joue un rôle important dans le mouvement coopératif. Il préside en 1844 l’ouverture officielle du fameux magasin des Équitables Pionniers de Rochdale et jusqu’à la fin de sa vie il demeurera attaché aux théories oweniennes des coopératives de production et de consommation.

En juin 1846, Holyoake commence à publier l’heddomadaire The Reasoner – le plus renommé des journaux auxquels il a collaboré – et il en est le rédacteur en chef jusqu’en 1861. Abandonnant la propagande antichrétienne de ses débuts, il se fait le héraut d’une idéologie laïque qu’il baptise secularism, non sans que sa version de la libre pensée ne l’entraîne dans un conflit aigu avec Bradlaugh*, qui affichait, quant à lui, un athéisme déclaré.

Sur le plan politique, Holyoake avait donné, à l’âge de quinze ans, son adhésion au chartisme à Birmingham, mais avec le déclin du mouvement après 1850, il se proclame radical et républicain, position qu’il maintiendra sans changement jusqu’à sa mort. Au cours des années 1840, Holyoake avait participé aux campagnes en faveur de la liberté de la presse et en témoignage de reconnaissance ses amis lui remettent une somme de deux cent cinquante livres obtenue par souscription. Cet argent permet à Holyoake d’ouvrir une nouvelle librairie et de se lancer dans l’édition : sa boutique du 147 Fleet Street devient célèbre comme centre de la libre pensée. Holyoake joue un rôle actif dans la dernière phase de la campagne pour la suppression des « impôts sur le savoir », notamment les droits de timbre, les taxes sur le papier, sur la publicité des journaux, etc. Sans se lasser, il réclame le droit de vote pour les ouvriers ainsi que le scrutin secret (dans une brochure qui fait quelque bruit en 1868, il combat les arguments de Stuart Mill* sur ce point). Par trois fois Holyoake s’est présenté aux élections législatives, mais il a toujours été battu.

Comme la plupart de ses contemporains radicaux, Holyoake s’intéresse de près aux affaires internationales. Favorable aux nationalités, il est secrétaire de la campagne pour l’envoi d’une légion britannique de volontaires aux côtés de Garibaldi (1860), et au cours de la guerre de Sécession il prend position pour les nordistes.

Mais la santé d’Holyoake se détériore et au cours des années 1870 sa vue s’affaiblit. Une souscription publique permet, à partir de 1874, de lui assurer une modeste pension. Continuant à écrire, c’est dans les trente dernières années de sa vie qu’il publie ses plus intéressants ouvrages. Auteur de plusieurs biographies (Carlile*, Paine*, Owen*, J.R. Stephen*) et de divers volumes de souvenirs, tous très vivants. Il fait paraître aussi des brochures rédigées d’une plume polémique contre la théologie et l’apologétique chrétienne. Si son oeuvre mérite d’être sauvée de l’oubli, il convient de lire ses mémoires avec circonspection, car les inexactitudes y abondent.

Holyoake a eu quatre fils et trois filles d’un premier mariage ; veuf en 1884, il se remarie deux ans plus tard. Il meurt âgé de quatre-vingt-huit ans et ses cendres reposent dans le cimetière de Highgate.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75654, notice HOLYOAKE George, Jacob, version mise en ligne le 5 janvier 2010, dernière modification le 5 janvier 2010.

ŒUVRE : On trouve une liste presque complète des œuvres de G.J. Holyoake dans G.W.F. Goss, A Descriptive Bibliography of the Writings of George Jacob Holyoake, Londres, 1908. — The History of Co-operation in England, étude principale d’Holyoake sur la coopération, 2 vol., Londres, 1875, 1879. 2’ éd., Londres, 1906. — Sixty Years of an Agitator’s Life (Soixante ans d’une vie d’agitateur), 2 vol., Londres, 1892. — Bygones worth Remembering (Pour mémoire), 2 vol., Londres, 1905.

BIBLIOGRAPHIE : J. McCabe, The Life and Letters of George Jacob Holyoake, 2 vol., Londres, 1908. — G.D.H. Cole, A Century of Co-operation, Manchester, [1945 ?]. — D. Tribe, 100 Years of Freethought, Londres, 1967. — E. Royle, Victorian Infidels : the Origins of the British Secularist Movement, 1791-1866, Manchester, 1974. — S. Budd, Varieties of Unbelief : Atheists and Agnostics in English Society 1850-1960, Londres, 1977. — E. Royle, Radicals, Secularists and Republicans : Popular Freethought in Britain, 1866-1915, Manchester, 1980. — Joyce Bellamy, John Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. I. — J. Droz (éd.), Histoire générale du socialisme, t. I : des origines à 1875.

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