HOWELL George

Né le 5 octobre 1833 à Wrington, Somerset ; mort le 16 septembre 1910 à Londres ; syndicaliste, député Lib-Lab.

L’aîné de huit enfants, George Howell était le fils d’un maçon qui, devenu entrepreneur, fit faillite lorsque l’enfant avait dix ans. Le jeune garçon est alors contraint de quitter l’école pour chercher du travail. A quatorze ans, il est apprenti cordonnier et il commence à s’intéresser au chartisme. Au même moment, il se convertit au méthodisme wesleyen. En 1853, Howell va travailler à Bristol comme briqueteur et il adhère à la YMCA (Young Men’s Christian Association) ; autodidacte, sa capacité de lecture est énorme. Deux ans plus tard, Howell part pour Londres où il fait divers métiers tout en suivant des cours du soir, encouragé par le pasteur William Rogers, pionnier de l’éducation populaire. Howell se lie avec des leaders chartistes, en particulier Ernest Jones*, et avec des exilés politiques, Marx, Mazzini, Kossuth.

En 1858-1859, dans la lutte pour la journée de neuf heures dans le bâtiment, Howell joue un rôle de premier plan aux côtés de George Potter* : épisode qui amène à la fois la fondation de la Bourse du Travail de Londres (London Trades Council, 1860) et la création du journal ouvrier Bee-Hive (La Ruche).

Durant les années qui suivent Howell se dépense sans compter dans les campagnes du trade-unionisme et du radicalisme londoniens. Tour à tour secrétaire de la Bourse du Travail (1861-1862) et secrétaire de la Ligue pour la Réforme (Reform League, 1864-1867), il participe également aux actions de solidarité internationale en faveur de Garibaldi et de l’unité italienne et de soutien de la Pologne. Par ailleurs, il est l’un des syndicalistes britanniques siégeant au conseil de la Ire Internationale.

Figure exemplaire du syndicalisme Lib-Lab (Liberal-Labour) du milieu du XIXe siècle, resté fidèle toute sa vie au parti libéral, Howell s’opposera à la fin du siècle aux partisans du « nouvel unionisme » et aux socialistes qui veulent créer un parti ouvrier indépendant. Pour lui l’entente Lib-Lab constituait la formule idéale pour les ouvriers. Certes, elle impliquait de multiples négociations au préalable pour préparer les réformes, mais justement Howell était passé maître dans cette diplomatie syndicale en coulisse, ce qui le fait surnommer « champion pour faire voter les lois ». De 1871 à 1875, il occupe le poste de secrétaire du comité parlementaire du TUC : expérience qui lui servira à écrire un ouvrage intitulé « La législation du travail, le mouvement ouvrier et ses dirigeants », livre qui retrace de façon vivante, mais pas toujours rigoureuse, l’évolution du syndicalisme et son activité législative dans les années 1860 et 1870.

Après avoir essuyé trois échecs en 1868, 1874 et 1881, Howell est enfin élu député libéral en 1885. Pendant dix ans, il représente au Parlement la circonscription de Bethnal Green, quartier pauvre de l’East End londonien. En 1896, une souscription est lancée en sa faveur et à partir de 1906, l’État lui accorde une pension annuelle de cinquante livres ; il meurt quatre ans plus tard, âgé de soixante-dix-sept ans.

Howell a beaucoup écrit pendant les trente dernières années de sa vie. Ses ouvrages sur le mouvement ouvrier et le syndicalisme, s’ils doivent être utilisés avec précaution, sont encore précieux pour l’histoire ouvrière. Sa très riche bibliothèque a été achetée en 1906 par souscription publique et offerte au Bishopsgate Institute de Londres, où elle se trouve encore ; elle contient divers manuscrits, dont une partie des procès-verbaux de la Ire Internationale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75658, notice HOWELL George, version mise en ligne le 5 janvier 2010, dernière modification le 5 janvier 2010.

ŒUVRE : A Handy Book of the Labour Laws (Manuel du droit du travail), Londres, 1876. — The Conflicts of Capital and Labour Historically and Economically Considered (Étude historique et économique des conflits du travail et du capital), Londres, 1878. — Trade Unionism, New and Old (Le trade-unionisme, ancienne et nouvelle manière), Londres 1891. — Labour Legislation, Labour Movements and Labour Leaders (Législation du travail, le mouvement ouvrier et ses dirigeants), Londres, 1902.

BIBLIOGRAPHIE : Howell, Collection de manuscrits, Bishopsgate Institute, Londres. — S. & B. Webb, History of Trade Unionism, Londres, 1894. — B.C. Roberts, The Trade Union Congress, 1868-1921, Londres, 1958. — R. Harrison, Before the Socialists, Londres, 1965. — F.M. Leventhal, Respectable Radical : George Howell and Victorian Working-Class Politics, Londres, 1971. — Dictionary of National Biography, 1901-1911. — Joyce Bellamy, John Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. II.

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