Né le 26 janvier 1878 à Murée, Inde ; mort le 18 décembre 1941 à Hendon, Middlesex ; député travailliste.
Fils d’un officier de carrière, « Bertie » Lees-Smith fait ses études à l’Académie militaire royale de Woolwich puis entre à l’université d’Oxford. Il devient ensuite le premier secrétaire général du nouveau collège ouvrier fondé en 1899, Ruskin College, et un de ses professeurs résidants. Un an après la fondation du collège, Lees-Smith, qui a alors vingt-deux ans, est nommé sous-directeur, et en 1902, il fait partie du conseil exécutif. Il joue alors un rôle décisif dans la controverse qui divise le collège : s’opposant à un enseignement marxiste, il s’efforce d’orienter le programme des études dans le sens d’une collaboration avec les collèges traditionnels d’Oxford. Cette politique aboutit, en 1906, à une grève des étudiants qui se rangent du côté du directeur, le socialiste Dennis Hird. Cette année-là, les Webb* lui font obtenir un enseignement de droit administratif à la London School of Economics et en 1907, quand l’université de Bristol crée une chaire d’économie et de droit administratif, c’est Lees-Smith qui en devient le titulaire. Mais en même temps on le nomme président du conseil de direction de Ruskin College et directeur des études : nomination qui entraîne le départ de Hird et de plusieurs étudiants qui font sécession et fondent à Londres le Central Labour College.
La carrière parlementaire de Lees-Smith débute en 1910 lorsqu’il est élu député libéral de Northampton. Bien qu’il eût contribué auparavant à créer une section du parti travailliste et qu’il fût par ailleurs un ami des Webb, il critique le rapport présenté par la minorité à la commission sur la Poor Law, car il rejette, pour des raisons économiques, la théorie du salaire minimum.
À la déclaration de guerre en 1914, Lees-Smith rejoint l’Union pour le contrôle démocratique (Union of Democratic Control, UDC) qui dénonce la diplomatie secrète et réclame une paix négociée. En même temps, il se porte volontaire pour le front comme soldat de deuxième classe. Après la victoire, il entre au comité exécutif de l’UDC et s’inscrit à l’Independent Labour Party (ILP).
Avec le journaliste Brailsford*, il participe à des week-ends d’étude et à des séminaires visant à intéresser le mouvement ouvrier aux problèmes internationaux ; il collabore aux travaux en faveur de la réforme de la Chambre des Lords. Enfin, on le compte parmi les personnalités travaillistes (Pethick-Lawrence*, Hugh Dalton*, les Webb et autres) qui préconisent l’impôt sur le capital comme moyen de règlement de la dette publique.
Élu député de Keighley en 1922, Lees-Smith entre au Comité exécutif travailliste. Battu en 1923, il revient à Westminster l’année d’après. Ses compétences dans le domaine de la procédure parlementaire font de lui le guide et le conseiller des nouveaux élus travaillistes, souvent inexpérimentés. Il écrit un guide des documents officiels (Guide to Parliamentary and Officiai Papers) et siège à la commission que met en place l’ILP pour promouvoir des réformes de la vie parlementaire.
Avec les autres membres de l’UDC, il avait condamné le traité de Versailles, mais il soutient le plan Dawes en 1924. Dans le deuxième gouvernement travailliste — 1929-1931 — Lees-Smith est d’abord ministre des PTT puis de l’Éducation nationale et il devient membre du Cabinet quand Charles Trevelyan* démissionne en mars 1931. Pendant la grave crise d’août 1931, Lees-Smith se range du côté du parti travailliste, contre MacDonald*, mais il est battu aux élections législatives de l’automne.
En 1934, Lees-Smith signe le manifeste de Clifford Allen* « Les cinq années à venir » (Next Five Years Group) : tentative d’union nationale pour une politique de reconstruction. Mais il s’en retire quand le Labour Party condamne ce projet.
Réélu en 1935 à Keighley, Lees-Smith revient à l’exécutif du groupe parlementaire travailliste. Il soutient le principe des sanctions contre l’Italie lors de l’affaire éthiopienne : pour lui le seul moyen de barrer la route au fascisme est de montrer sa force et sa résolution. En 1940, il est de ceux qui refusent catégoriquement de participer à un gouvernement de coalition dirigé par Neville Chamberlain. Et lorsque le Labour entre dans le gouvernement d’union nationale de Churchill, Lees-Smith devient le leader du groupe parlementaire et le principal « speaker » de l’opposition. Cette « opposition » consistait surtout à faire des propositions constructives pour la conduite de la guerre. Il meurt à soixante-trois ans en 1941.
ŒUVRE : India and the Tariff Problem (L’Inde et le problème des tarifs douaniers), Londres, 1909. — Second Chambers in Theory and Practice (Pratique et théorie des deuxièmes chambres), Londres, 1923. — A Guide to Parliamentary and Officiai Papers (Guide des documents officiels), Londres, 1924. — The Encyclopaedia of the Labour Movement (Encyclopédie du mouvement ouvrier), H.B. Lees-Smith ed., Londres, [1928].
BIBLIOGRAPHIE : C.A. Cline, Recruits to Labour, New York, 1963. — W.W. Craik, The Central Labour College, Londres, 1964. — M. Swartz, The Union of Democratic Control in British Politics during the First World War, Oxford, 1971.