MACDONALD Ramsay [MACDONALD James Ramsay]

Né le 12 octobre 1866 à Lossiemouth, Morayshire, Ecosse ; mort le 9 novembre 1937 dans l’océan Atlantique au cours d’une traversée vers l’Amérique latine ; leader travailliste, homme d’État.

Fils illégitime d’une fille de ferme, Ann Ramsay et d’un paysan, John MacDonald, Ramsay MacDonald avait été élevé par sa grand-mère maternelle ; il n’oubliera jamais la dureté et la pauvreté de son enfance. A l’école du village, l’instituteur remarque cet élève studieux qui dévore les livres et lorsqu’à quinze ans l’adolescent doit se placer dans une ferme des environs, il lui propose un poste d’élève-maître que Ramsay accepte aussitôt.

En 1885, MacDonald se rend à Bristol pour occuper une place de secrétaire et là le jeune homme adhère à la section locale de la Social Démocratic Federation (SDF) qui vient de se constituer, mais il ne tarde pas à rentrer en Ecosse. L’année suivante, il repart pour l’Angleterre : traînant sa misère i Londres, il manque mourir de faim en 1887. Cependant il suit des cours du soir car il rêve de devenir professeur de biologie. Ce goût des sciences naturelles va influer profondément sur la structure de ses convictions socialistes : à ses yeux la société civile ressemble à un organisme vivant en évolution, allant du stade primitif et indifférencié au stade complexe et sophistiqué. Pour lui, les divers éléments constitutifs d’un État sont nécessaires, chacun à sa place, mais il faut prendre garde au danger que représentent pour l’équilibre délicat et subtil de la société des facteurs exogènes, tels que la haine ou la misère, qui sont à la fois néfastes et immoraux. Toute réforme sociale se voulant constructive doit se fonder sur une connaissance scientifique des causes et des objectifs du développement de la société : savoir et progrès vont de pair.

Là s’arrête la philosophie politique de MacDonald et dans sa carrière, il a cherché à mettre progressivement en pratique ces conceptions fort peu révolutionnaires. Il adhère en 1886 à la Société fabienne où Webb* et Shaw* exercent alors une influence prépondérante ; pour ces « gestionnaires du socialisme », l’évolution démocratique mène peu à peu vers le collectivisme et la tâche première des socialistes consiste à canaliser et à expliciter ce mouvement naturel ; pareille conception renforce les idées de MacDonald en matière d’évolution.

En 1887, MacDonald devient secrétaire de Thomas Lough, futur député libéral, avec des appointements annuels de 75 livres et, pour compléter ses revenus, il se lance dans le journalisme. Pour la première fois de sa vie, sa situation financière n’est plus dramatique. L’année suivante, il entre à la SDF de Londres, tout en assurant le secrétariat londonien de l’Association écossaise du Home Rule et en faisant partie du bureau exécutif de la Fabian Society. Devenu un orateur réputé, influencé par Keir Hardie* qui préside l’Independent Labour Party (ILP) fondé en 1893, MacDonald entre en 1894 au jeune parti ouvrier où il acquiert rapidement une réputation nationale. Élu en 1896 au comité administratif national, il s’impose bientôt comme le meilleur propagandiste de l’ILP, mettant son talent de plume et de parole au service de la cause ouvrière. C’est lui qui, en compagnie de Keir Hardie, rédige en 1899 la résolution présentée au congrès du TUC et réclamant la création d’un parti représentant du travail. Aussi, lorsqu’est créé en 1900 le Labour Representation Committee, en est-il élu sans difficulté secrétaire.

La première crise sérieuse dans sa carrière survient pendant la guerre des Boers. Contrairement à la plupart des Fabiens, MacDonald était favorable aux Boers. Quittant la Société fabienne, il se présente aux élections de 1900 à Leicester, et sa campagne vigoureusement pacifiste accroît encore sa popularité au sein de l’ILP. Mais il lui faut attendre les élections de 1906 pour être élu député de Leicester. Bras droit de Keir Hardie aux Communes, c’est le meilleur orateur et debater du Labour. Bien qu’après une période de succès relatifs, il manque d’initiative et de combativité, le tandem Hardie-MacDonald commence à susciter des critiques. A partir de 1910, profitant de ce que les libéraux ont désormais besoin des voix travaillistes pour se maintenir au pouvoir, MacDonald restaure son autorité et en 1911 il est élu leader parlementaire du Labour.

Cependant la guerre de 1914 provoque une nouvelle crise : résolument hostile à la participation de la Grande-Bretagne au conflit, MacDonald démissionne pour conduire une campagne pacifiste, qui lui vaut d’être attaqué à maintes reprises comme traître à sa patrie. Partisan d’une paix négociée, il participe à la fondation, dès le début de la guerre, de l’Union pour le contrôle démocratique (Union of Democratic Control, UDC), ce qui contribue grandement à le réhabiliter aux yeux des militants du parti. Battu en 1918, il sera réélu en 1922 comme député de la circonscription galloise d’Aberavon. Pendant ces quatre années, son activité est considérable : il écrit, il voyage ; à l’extérieur, il est élu secrétaire de la IIe Internationale reconstituée (novembre 1920) ; à l’intérieur, il a le soutien de la gauche du Labour, en particulier des animateurs de l’ILP, en raison de ses prises de position contre toute intervention en Russie, contre le traité de Versailles, contre la modération de la direction travailliste au Parlement ; il va même jusqu’à défendre l’action directe. Aussi, une fois de retour à la Chambre des Communes, MacDonald est-il élu leader du parti. Mais la gauche ne tarde pas à déchanter. Très vite en effet, MacDonald adopte une attitude modérée, tendance qui ne fait que s’accroître lorsqu’il forme le premier gouvernement travailliste en 1924. Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, il prône la conciliation sur le plan international, fait approuver un rapprochement avec la France et soutient le plan Dawes sur les réparations allemandes. En politique intérieure, s’il est vrai que l’absence de majorité travailliste empêche de proposer des mesures audacieuses, le « gradualisme » prudent de MacDonald se satisfait parfaitement d’une telle situation. En quelques mois, la situation du Cabinet travailliste se dégrade et l’affaire de la « lettre Zinoviev », maladroitement conduite par MacDonald, contribue à la défaite travailliste aux élections de 1924 — élections que, semble-t-il, le Labour aurait perdu dans tous les cas. La preuve était faite que le parti avait choisi un réalisme sans éclat et qu’il avait fait siennes sans réserves les conventions du système parlementaire.

À nouveau leader de l’opposition, MacDonald est en butte à de vives critiques de la gauche qui l’accuse de manquer de fermeté en se réfugiant dans une philosophie politique de plus en plus floue. Mais l’habileté tactique de MacDonald, allié lui-même à la droite syndicale, déjoue tous les efforts de l’ILP pour ramener le travaillisme sur des voies d’un socialisme pur et dur.

En 1929, après une campagne électorale menée avec un nouveau programme très réformiste, Labour and Nation, les travaillistes reviennent au pouvoir et MacDonald redevient Premier ministre. Après bien des hésitations, il abandonne le Foreign Office à Arthur Henderson*, et sur ce terrain les deux hommes enregistrent quelques succès. À l’inverse la politique intérieure du gouvernement s’avère désastreuse. Tandis que le chômage augmente de mois en mois (en décembre 1930 on compte deux millions et demi de sans emploi et en juin 1931 le record est atteint avec un chiffre de deux millions sept cent mille). Le Cabinet se montre incapable de proposer des remèdes et la crise couve à propos des indemnités à verser aux chômeurs. En février 1931, Philip Snowden*, ministre des Finances, crée une commission tripartite, présidée par Sir George May pour examiner la situation de l’économie et des finances du Royaume-Uni. Le rapport publié en août recommande des réductions drastiques des dépenses publiques, ce qui entraîne une scission du Cabinet, puis sa chute. Au lendemain de la démission, le 23 août, de son gouvernement, MacDonald annonce aux ministres stupéfaits qu’il a donné son accord pour constituer un gouvernement d’union nationale avec les conservateurs et les libéraux, mais seuls trois membres du Cabinet, Snowden, J.H. Thomas* et Lord Sankey, le suivent dans ce nouveau gouvernement.

En septembre 1931, le gouvernement d’union nationale dirigé par Mac-donald suspend l’étalon-or puis dissout le Parlement. Au cours de la campagne électorale très âpre qui s’ensuit, tandis que Macdonald et Snowden dénoncent sans vergogne leurs anciens collègues et camarades, ils sont traités de Judas par les travaillistes. Néanmoins le gouvernement remporte une victoire écrasante qui conforte MacDonald au pouvoir de manière durable alors que les travaillistes n’obtiennent que quarante-six sièges (au lieu de deux cent quatre-vingt-huit en 1929) et que dans de nombreuses circonscriptions les ouvriers en plein désarroi votent contre le Labour.

À la tête du gouvernement d’union nationale, MacDonald est de plus en plus prisonnier des conservateurs. Sa santé d’ailleurs se détériore et son talent de parole décline. Finalement il démissionne en juin 1935 et c’est le chef du parti conservateur, Stanley Baldwin, qui lui succède comme Premier ministre. Battu par Shinwell* aux élections de la même année, dans sa circonscription de Seaham après une bataille acharnée, il revient au Parlement à la faveur d’une élection partielle en 1936. Toutefois, il quitte le gouvernement en mai 1937 et meurt quelques mois plus tard au cours d’un voyage transatlantique.

Il peut paraître difficile, aujourd’hui, de comprendre l’extraordinaire popularité de MacDonald auprès des masses britanniques et son pouvoir de séduction sur ses contemporains. En effet, ses idées politiques n’ont jamais rien eu d’original et, à la lecture, ses discours semblent fumeux et souvent verbeux. Cependant MacDonald a exercé une emprise considérable sur le Labour entre 1900 et 1930. C’était un orateur de premier ordre et sa belle prestance ajoutait encore à son aura de leader. En réalité MacDonald était plutôt un timide qui s’est laissé peu à peu griser par les séductions du pouvoir et de l’Establishment. Si bien qu’en 1929-1931 il s’est montré incapable de faire face à la grande crise économique qui atteignait de plein fouet le gouvernement travailliste et à partir de 1931, dans le gouvernement d’union nationale, il s’est purement et simplement rallié aux solutions préconisées par les conservateurs. Le résultat, c’est qu’après avoir obtenu pendant plus d’un quart de siècle la confiance des militants du Labour, il s’est trouvé méprisé et rejeté par les générations travaillistes qui se sont succédées depuis 1931.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75702, notice MACDONALD Ramsay [MACDONALD James Ramsay], version mise en ligne le 5 janvier 2010, dernière modification le 5 janvier 2010.

ŒUVRE : On trouve une bibliographie détaillée de ses œuvres dans B. Sachs, J. Ramsay, MacDonald in Thought and Action, Albuquerque, New Mexico, 1952. — On peut citer notamment The Sociaiist Movement (Le mouvement socialiste), Londres, 1911. — Syndicalism : A Critical Examination (Examen critique du syndicalisme), Londres, 1912. — Socialism after the War (Le socialisme au lendemain de la guerre), Londres, 1917. — Socialism : Critical and Constructive (Critique constructive du socialisme), Londres, 1921.

BIBLIOGRAPHIE : J. Bardoux, J. Ramsay MacDonald, Paris, 1924. — L.M. Weir, The Tragedy of Ramsay MacDonald, Londres, 1938. — G. Elton, Life of James Ramsay MacDonald, 1866-1937, Londres, 1939. — R. Lyman, The First Labour Government, 1924, Londres, [1957]. — R. Skidelsky, Politicians and the Slump, Londres, 1967. — D. Carlton, MacDonald versus Henderson : the Foreign Policy of the Second Labour Government, Londres, 1970. — The Prime Ministers, H. van Thal ed., vol. 2, Londres, 1975. — D. Marquand, Ramsay MacDonald, Londres, 1977. — Dictionary of National Biography, 1931-1940. — J. Droz (éd.), Histoire générale du socialisme, t. III : de 1918 à 1945.

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