MORGAN Minter [MORGAN John Minter]

Né en 1782 à Londres (?) ; mort le 26 décembre 1854 à Londres ; socialiste chrétien.

Fils d’un papetier en gros, Minter Morgan hérite à la mort de son père — il a alors vingt-cinq ans — d’une fortune assez coquette pour lui permettre de consacrer sa vie aux bonnes œuvres et aux travaux de plume.

C’est le 21 août 1817 que se situe sa première rencontre avec Robert Owen qui parle ce jour-là à la London Tavern. À partir de ce moment, Owen devient son maître à penser, sauf sur un point : le problème religieux, car en chrétien convaincu Morgan ne peut admettre l’hostilité d’Owen à l’égard de la religion. En 1819 Morgan fait paraître une brochure enthousiaste sur les théories oweniennes : « Remarques sur le programme de M. Owen pour l’amélioration de la condition ouvrière. » C’est en 1826 qu’il publie son ouvrage le plus célèbre, « La révolte des abeilles » (The Revolt of the Bees), parabole montrant comment les abeilles de la ruche (la société), pour avoir abandonné l’état de nature (la vie communautaire) et opté pour la propriété privée et la concurrence n’ont abouti qu’aux divisions et au malheur. Très lu par les ouvriers, le livre popularise l’image de la ruche, qui sera adoptée par le mouvement coopérateur comme le symbole de l’idée de coopération.

Ce qui fait l’originalité de Minter Morgan, c’est qu’il se tourne vers l’Église anglicane pour la gagner au socialisme communautaire dont il est l’adepte fervent. Dans ce travail de propagande pour le mouvement coopératif owenien, il écrit de nombreux opuscules, il finance des entreprises coopératives, il aide divers périodiques, en particulier le Leader dont les rédacteurs en chef étaient Thornton Hunt et George Lewes.

En juin 1841, Minter Morgan lance un projet de « villages autogérés », sous le patronage de l’Église établie. Il obtient même du neveu de Lord Melbourne, W.F. Cowper, qu’une pétition soit soumise au Parlement, et il fait connaître ses idées à travers le Christian Commonwealth (1845). Tout au long des années 1840, il se dépense en faveur du projet et bien que celui-ci n’aboutisse point, Morgan exerce une réelle influence sur une génération plus jeune, dans laquelle l’on compte J.M. Lutflow, avocat et pionnier du socialisme chrétien des années 1848-1854. Un compagnon de Minter Morgan, James Silk Buckingham, auteur d’utopies urbaines, a influencé pour sa part Ebeuezer Howard, théoricien des cités-jardins à la fin du siècle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75725, notice MORGAN Minter [MORGAN John Minter], version mise en ligne le 5 janvier 2010, dernière modification le 13 décembre 2010.

ŒUVRE : La plupart des ouvrages de Minter Morgan ont été réédités par ses soins dans la collection Phoenix Library, en 1850 : treize volumes.

BIBLIOGRAPHIE : M. Beer, History of British Socialism, 2 vol., Londres, 1920. — W.H.G. Armytage, Heavens Below, Londres, 1961. — J.F.C. Harrison, Robert Owen and the Owenites in Britain and America, Londres, 1969. — Joyce Bellamy, John Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. I.

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