MORRISON Herbert Stanley

Né le 3 janvier 1888 à Londres ; mort le 14 mars 1965 à Londres ; dirigeant travailliste.

Fils d’un fondeur en bronze devenu agent de police, Herbert Morrison quitte l’école à quatorze ans et s’essaie à divers métiers : garçon de course, employé de magasin, téléphoniste. Il ne tarde pas à s’intéresser à la politique et aux idées de gauche et devient orateur de plein air pour la Social Democratic Federation, puis l’Independent Labour Party.

En 1912 Morrison entre dans les services administratifs du quotidien travailliste Daily Citizen. En 1914, il prend à mi-temps le secrétariat du Parti travailliste de la capitale (London Labour Party). Là ce parfait « cockney » (il était né dans le quartier mi-ouvrier mi-bourgeois de Brixton et il passera toute son existence à Londres) s’acquiert une réputation de grand spécialiste des affaires municipales. Tout au long de sa carrière d’ailleurs, il sera renommé pour ses qualités d’organisateur et d’administrateur.

Pendant la Première Guerre mondiale, Morrison s’inscrit comme objecteur de conscience alors qu’il était assuré d’être réformé puisqu’il avait perdu un œil dans sa petite enfance.

Maire du quartier ouvrier de Hackney, au Nord-Est de Londres, en 1920-1921, Morrison est élu en 1922 membre du London County Council où il devient le leader du groupe travailliste. L’année suivante, il entre au Parlement où il représente sa circonscription de Hackney-Sud ; ayant perdu son siège en 1924, il le regagne en 1929. Battu à nouveau en 1931, il reste éloigné de Westminster jusqu’en 1939. Désormais et jusqu’à ce qu’il accepte la pairie en 1959, Morrison va être député travailliste d’abord de Hackney-Sud (1939-1945) puis de Lewisham (1945-1959).

Sa première expérience ministérielle date de 1929, lorsqu’il est ministre des Transports dans le deuxième gouvernement MacDonald* (1929-1931). C’est lui ensuite qui met sur pied la Régie des Transports en Commun de l’agglomération londonienne (London Passenger Transport Board), grande entreprise publique qui prend la place des compagnies privées d’autobus, du métropolitain, etc. Cette expérience conduit Morrison à la notion d’établissement public (public corporation), ce qui lui vaut les critiques acerbes de la gauche du parti qui redoute de voir disparaître ainsi la vieille revendication du contrôle ouvrier dans l’entreprise.

Aux élections municipales de 1934, les travaillistes obtiennent la majorité au L.C.C. sous la direction de Morrison pour lequel c’est une grande victoire. L’année suivante, après que George Lansbury* ait démissionné de son poste de leader du Labour Party, deux candidats sont en lice : Morrison et Attlee*. C’est ce dernier qui l’emporte, mais désormais Morrison compte parmi les deux ou trois principaux dirigeants du parti. Le courant de centre droit qu’il incarne s’oppose durement à la tendance de gauche de Stafford Cripps* et Aneurin Bevan*.

En 1940, lors de la formation du gouvernement d’union nationale par Churchill, Morrison est nommé ministre des Fournitures de Guerre, mais il quitte bientôt ce portefeuille pour prendre le ministère de l’Intérieur (à ce titre il fait partie, de 1942 à 1945, du Cabinet de guerre).

Après la victoire électorale des travaillistes en 1945, Morrison est l’une des figures marquantes du Cabinet Attlee, en tant que Premier ministre adjoint et leader de la Chambre des Communes (1945-1951) ; puis, lorsque la santé de Bevin contraint celui-ci à démissionner en mars 1951, Morrison lui succède au Foreign Office, mais pour peu de temps puisque les conservateurs reviennent au pouvoir en octobre de la même année.

La grande ambition de Morrison, c’était d’accéder au poste de leader du parti. Ayant échoué une première fois en 1935, il tente sa chance à nouveau quand Attlee se retire en 1955, mais la majorité du Labour lui préfère Hugh Gaitskell*. Rendu amer par cette défaite, Morrison prétend qu’il est victime de ses origines modestes, alors qu’en fait la vraie raison de son insuccès tient à son manque de soutien chez les trade-unionistes encore plus qu’à sa position à la droite du parti.

Depuis la fin de la guerre, Morrison avait été un « fellow d’honneur » de Nuffield College à Oxford, ce qui l’amène à écrire son meilleur ouvrage « À l’intérieur du Parlement et du gouvernement » (1954), intéressante contribution à la science politique qui analyse les mécanismes de la vie politique et parlementaire britannique. Après être entré à la Chambre des Lords en 1959, Morrison préside, de 1960 à 1965, la Commission de Censure des films (British Board of Film Censors).

Morrison a eu la chance de se voir consacrer en 1973 une remarquable biographie qui, en même temps qu’elle retrace la carrière de l’homme d’État, projette de nouveaux éclairages sur l’histoire du parti travailliste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75727, notice MORRISON Herbert Stanley, version mise en ligne le 5 janvier 2010, dernière modification le 5 janvier 2010.

ŒUVRE : Socialism and Transport (Socialisation des transports), Londres, 1933. — Looking Ahead (En avant), Londres, 1943. — Government and Parliament (Gouvernement et Parlement), Oxford, 1954. — An Autobiography (Mémoires), Londres, 1960.

BIBLIOGRAPHIE : M. Edelman, Herbert Morrison, Londres, 1948. — B. Donoughue & G.W. Jones, Herbert Morrison : Portrait of a Politician, London, 1973. — A. Shiaim, P. Jones et K. Sainsbury, British Foreign Secretaries since 1945, Newton Abbot, 1977. — E. Morrison, Memories of a Marriage, Londres, 1977. — P. Williams, Hugh Gaitskell, Londres, 1979. — Dictionary of National Biography, 1961-1970.

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