MURPHY John Thomas

Né le 9 décembre 1888 à Manchester ; mort le 2 avril 1966 à Bromley, Kent ; communiste, puis travailliste.

Le père de John Murphy, aide-forgeron, s’était établi à Sheffield peu de temps après la naissance de son fils. Lorsque le jeune garçon a treize ans, il quitte l’école primaire pour entrer en apprentissage comme métallo. Devenu mécanicien qualifié, il milite activement sur le plan syndical et cherche à faire fusionner les diverses unions de la profession. En 1913, John Murphy rencontre à Dublin James Connolly* et il est très impressionné par le leader irlandais.

Pendant la Première Guerre mondiale Murphy est un de ces syndicalistes révolutionnaires que l’on trouve à la tête du « mouvement des délégués d’atelier » (Shop Stewards’ Movement) et sa réputation de leader dynamique et de théoricien grandit dans le pays. Sa base est toujours, à Sheffield, les usines Vickers où il travaille depuis 1902.

Sous l’influence de McManus* Murphy adhère en 1917 au Socialist Labour Party ; trois ans plus tard, il fait partie des membres fondateurs du Communist Party of Great Britain (CPGB) et est élu au premier Comité central. En 1920, il assiste à Moscou au deuxième congrès du Comintern et l’année suivante, il est chargé de mettre sur pied en Grande-Bretagne une section de l’Internationale syndicaliste rouge. Il s’engage alors à fond dans le « Mouvement de la minorité » (Minority Movement), groupe d’agitation animé par les communistes que préside Tom Mann* et que finance le gouvernement soviétique (Murphy rapporte de Russie en Angleterre le premier versement d’argent) ; le mouvement gagne de l’ampleur et trouve une audience parmi les shop stewards et dans les trade unions. Murphy est au nombre des douze chefs communistes arrêtés en 1925 pour menées subversives, et il est condamné à six mois de prison.

Au cours de cette période, Murphy effectue plusieurs séjours à Moscou, assistant notamment aux quatrième et cinquième congrès du Comintern (a cette dernière occasion il est élu membre de la commission internationale de contrôle). En novembre et décembre 1926, c’est lui qui présente un rapport sur la situation du CPGB au plenum du Comité exécutif de l’Internationale. Pendant dix-huit mois, il représente le Comintern au directoire de l’École léniniste.

Cependant des divergences d’opinion se font jour peu à peu entre Murphy et la direction du CPGB — en particulier avec Dutt* et Harry Pollitt — qu’il juge trop sectaire. La crise éclate quand Murphy demande au gouvernement britannique d’accorder des crédits commerciaux à l’URSS, démarche contraire à la politique du parti. Sommé de se rétracter, Murphy refuse et démissionne en mai 1932. Très vite, il entre au parti travailliste où il rejoint les positions de Stafford Cripps* et de la Ligue socialiste et soutient l’idée du Front populaire : années militantes durant lesquelles il gagne sa vie comme essayiste et journaliste politique. En 1941, il publie ses mémoires sous le titre : Horizons nouveaux (New Horizons), où il continue de témoigner de la sympathie au communisme soviétique mais d’un point de vue de travailliste de gauche.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75731, notice MURPHY John Thomas, version mise en ligne le 5 janvier 2010, dernière modification le 7 janvier 2010.

ŒUVRE : The Workers’ Committee (Le comité ouvrier), Comité des ouvriers de Sheffield, 1917, 2e éd. 1972, avec une introduction de J. Hinton. — Preparing for Power (Vers le pouvoir), Londres, 1934, 2e éd. 1972, avec une introduction de J. Hinton. — New Horizons (Nouveaux horizons), Londres, 1941. — Stalin, 1879-1944, Londres, 1945. — Labour’s Big Three : A Biographical Study of Clement Attlee, Herbert Morrison and Ernest Bevin (Les trois grands du travaillisme), Londres, 1948.

BIBLIOGRAPHIE : H. Pelling, The British Communist Party : its Origin and Development until 1929, Londres, 1966. — W. Kendall, The Revolutionary Movement in Britain 1900-1921, Londres, 1969. — J. Klugmann, History of the Communist Party of Great Britain, 2 vol., 1968-1969. — R. Martin, Communism and the British Trade Unions 1924-1933, Oxford, 1969. — J. Hinton, The First Shop Stewards’ Movement, Londres, 1973. — E.H. Carr, A History of Soviet Russia, vol. 12-14 : Foundations of a Planned Economy, 1926-1929, Londres, 1976-1978.

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