NOEL-BUXTON Noel Edward

Né le 9 janvier 1869 à Londres ; mort le 12 septembre 1948 à Londres ; philanthrope libéral.

Petit-fils du leader antiesclavagiste Thomas Fowell Buxton, Noel Edward Buxton est le deuxième fils de Sir T. Fowell Buxton et de Lady Victoria Noel, fille du comte de Gainsborough. L’un de ses quatre frères est Charles Roden Buxton* et un autre deviendra évêque de Gibraltar.

Après des études au collège aristocratique de Harrow et à Trinity College, Cambridge, il entre dans l’entreprise familiale, la brasserie de Spitalfields, dont il deviendra le directeur. En 1892, il part en Extrême-Orient pour un voyage d’études dont il revient très marqué par le bouddhisme. En 1896, il accompagne son père, gouverneur de l’Australie du Sud, comme aide de camp.

Tandis qu’il travaille dans l’usine familiale, Buxton fait partie d’un groupe d’anciens étudiants de Cambridge qui s’efforcent de porter remède à la misère des pauvres de Londres. Il collabore dans l’East End, à Toynbee Hall, avec le pasteur Barnett qui oriente sa volonté de servir vers une action pour améliorer l’emploi, les salaires et les conditions de logement dans le quartier. En 1897, Buxton entre au conseil d’administration de l’Assistance publique de Whitechapel, mais ne parvient pas à être élu au London County Council. Il fait partie du Comité central contre le chômage où il rencontre les Webb* et travaille avec eux. Candidat libéral aux élections législatives de 1900 pour la circonscription d’Ipswich, il est battu mais il entre au Parlement en 1905 à l’occasion d’une élection partielle à Whitby.

En 1901, Buxton rejoint Charles Masterman dans le groupe radical du « Cœur de l’Empire » (The Heart of Empire) qui s’intéresse aux questions sociales et où Buxton insiste sur la nécessité de la tempérance pour lutter contre la misère.

De retour d’un voyage à travers les Balkans en 1899, où il a observé la politique turque à l’égard des minorités, il fonde avec son frère Charles Roden, James Bryce et H.N. Brailsford*, le Comité des Balkans qu’il préside (1902). Très critique à l’égard des Turcs, il rédige un rapport qui aboutit à la création du Comité de soutien aux Macédoniens (1903), rapport favorable à la cause bulgare et proposant le rattachement de la Macédoine à la Bulgarie.

Buxton quitte la direction de la brasserie familiale en 1904 ; sa brève responsabilité d’élu de Whitby (1905-1906) le confirme dans son désir d’aider les ouvriers agricoles. Dans ce but, il collabore en 1907 avec le dirigeant de l’Union des ouvriers agricoles et des petits fermiers des comtés de l’Est, George Edwards et il contribue à la création par Rollo Meyer de coopératives agricoles dans le Bedfordshire ; enfin, il obtient l’accord de son père pour convertir le domaine familial du Norfolk en petites parcelles.

Buxton retourne à la Chambre des Communes en 1910 comme député libéral du Nord-Norfolk. Là il continue de défendre la cause des ouvriers agricoles tout en s’intéressant à la politique étrangère. Il rejoint le groupe de l’Amitié anglo-allemande et adhère au Comité arménien de la Chambre des Communes. De retour d’un nouveau voyage dans les Balkans, il publie deux ouvrages sur les Turcs en Europe et sur la Bulgarie (Europe and the Turks, 1912, With the Bulgarian Staff, 1913).

Après la déclaration de la guerre en 1914, Buxton apporte un soutien financier à l’Union du contrôle démocratique (Union of Democratic Control) à laquelle il adhère avec son frère mais sans y jouer un rôle actif ; il partage les opinions des fondateurs (Ramsay MacDonald*, E.D. Morel*, N. Angell* et C. Trevelyan*) mais désapprouve leurs méthodes et préfère œuvrer pour la paix par la voie diplomatique traditionnelle. Au Parlement, il défend l’idée d’une paix négociée fondée sur un retour au statu quo de 1914 (c’est pourquoi il condamne la revendication française du retour de l’Alsace-Lorraine) et il s’élève contre le principe d’un démembrement de l’Autriche-Hongrie. En 1917, il salue la Révolution russe, mais s’inquiète de l’entrée en guerre des Américains qui risque de rendre plus difficile une paix négociée.

Battu comme candidat libéral en 1918, il décide de rejoindre le parti travailliste en 1919 et fait partie du Comité consultatif travailliste pour les Affaires étrangères. En 1922, il est élu député travailliste du Nord-Norfolk et dans le premier gouvernement travailliste (1924), il reçoit le portefeuille de l’Agriculture et fait passer une loi sur les salaires agricoles. Dans le deuxième gouvernement travailliste de 1929, il est à nouveau ministre de l’Agriculture mais sa santé le contraint à démissionner en juin 1930. Il accepte alors la pairie, prend pour patronyme Noel-Buxton et sa femme, Lady Noel-Buxton (1888-1960) est alors élue à son siège du Nord-Norfolk.

Après la constitution du gouvernement d’union nationale, Noel-Buxton se sépare de MacDonald et reste fidèle au parti travailliste. Comme son grand-père, il s’intéresse au problème de l’esclavage, ce qui l’amène à s’opposer aux sanctions contre l’Italie au moment de l’affaire éthiopienne, du fait que l’esclavage sévissait en Ethiopie. Après l’arrivée de Hitler au pouvoir, il considère comme raisonnables les demandes allemandes tant en Pologne que dans les Sudètes et propose des négociations ; il est aussi favorable à l’attribution de colonies à l’Allemagne.

Au moment de la déclaration de la guerre en 1939, il exprime la crainte que l’Allemagne ne bascule vers le communisme si le conflit se prolonge et il rédige un mémorandum sur les buts de guerre qu’il fait circuler à la Chambre des Lords. Dans ce texte il plaide pour une paix négociée fondée sur la constitution d’États strictement nationaux en Pologne et en Tchécoslovaquie, sur le désarmement et sur l’administration de l’Allemagne dans un système européen. En 1943, il s’oppose à la demande de capitulation sans conditions de l’Allemagne et propose d’offrir à celle-ci des négociations de paix en échange du renversement du régime nazi. Après la guerre, il mène campagne contre l’annexion de territoires allemands et vient en aide aux réfugiés allemands.

Noel-Buxton est très représentatif de ces membres de la classe dirigeante qui, après avoir reconnu l’échec du parti libéral au moment de la Première Guerre mondiale, se sont tournés vers le travaillisme, tout en conservant une conscience politique marquée par le libéralisme victorien, et fort peu par la tradition socialiste. Si l’adhésion de telles personnalités a donné au Labour un certaine respectabilité dans l’opinion, elle a contribué à renforcer sa modération et à l’ancrer dans l’Establishment.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75749, notice NOEL-BUXTON Noel Edward, version mise en ligne le 7 janvier 2010, dernière modification le 7 janvier 2010.

ŒUVRE : En plus des ouvrages cités dans le texte, on peut signaler The War and the Balkans (La guerre et les Balkans), en coll. avec C.R. Buxton, Londres, 1915. — Travels and Reflexions (Réflexions d’un voyageur), Londres, 1929.

BIBLIOGRAPHIE : T.P. Conwell Evans, Foreign Policy from a Back Bench, Oxford, 1932. — M. Anderson, Noel-Buxton : A Life, Londres, 1952. — A.J.P. Taylor, The Trouble Makers, Londres, 1957. — G.P. Gooch, Under Six Reigns, Londres, 1958. — C.A. Cline, Recruits to Labour, New York, 1963. — K. Robbins, The Abolition of War : the « Peace Movement » in Britain 1914-1919, Londres, 1976. — Dictionary of National Biography, 1941-1950. — Joyce Bellamy, John Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. V.

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