PAINE Thomas

Né le 29 janvier 1737 à Thetford, Norfolk, mort le 8 juillet 1809 à New York ; publiciste et agitateur jacobin.

Fils d’un quaker, corsetier et modeste fermier, Thomas Paine, bien qu’éduqué et même confirmé dans l’Église anglicane, est surtout marqué par l’influence paternelle. À sa sortie de l’école, il commence un apprentissage de corsetier avant de s’engager dans la marine. Il travaille ensuite dans l’administration des contributions indirectes (Excise) et l’un de ses premiers écrits « Le problème des employés de l’Excise » vise à réclamer une augmentation de traitement pour ses collègues (1772). La brochure, imprimée à 4 000 exemplaires, lui vaudra, deux ans plus tard, d’être licencié. Paine séjourne alors quelques mois à Londres où son éducation politique se développe rapidement. En 1774, il émigré en Amérique, muni de lettres de recommandations de Benjamin Franklin qu’il a rencontré avant son départ. Il se place comme précepteur tout en écrivant des articles antiesclavagistes. C’est en 1776 qu’il publie sa première œuvre d’importance, Common Sense, dans laquelle il soutient la cause de l’indépendance américaine. Depuis son arrivée outre-Atlantique le mécontentement à l’égard de la métropole n’avait cessé de grandir, mais Paine est le premier à exprimer par la plume ce mécontentement. De 1776 à 1783, il sert dans l’armée ou le gouvernement tout en continuant d’écrire des brochures de propagande pour soutenir le moral des troupes américaines. Sa réputation de publiciste révolutionnaire se répand et Common Sense est traduit en français (Le sens commun) et en espagnol.

Une nouvelle étape est franchie en 1791, lorsqu’il publie à Londres « Les droits de l’homme », célèbre apologie de la Révolution française en réponse aux « Réflexions sur la Révolution » de Burke (1790). Paine se rend alors en France où il se lie avec les chefs de la Révolution ; en 1792, on lui confère la citoyenneté française et il est élu député à la Convention. Cependant il est emprisonné en décembre 1793 pour s’être montré hostile à l’exécution de Louis XVI et il commence la rédaction du « Siècle de la raison » (The Age of Reason), ouvrage dans lequel il attaque le christianisme et vante le déisme. Libéré après la chute de Robespierre, il demeure encore huit ans en France où il écrit deux livres d’économie politique, « Le déclin et la chute de la politique financière anglaise » (The Decline and Fall of the English System of Finance, 1796) et « Justice agraire » (Agrarian Justice, 1797) : ces publications par leur critique radicale font figure de pamphlets révolutionnaires.

Paine retourne finir ses jours en Amérique, où il meurt à l’âge de soixante-douze ans. Après sa mort son audience et son influence sur le mouvement ouvrier britannique ne cesseront de croître et tous les efforts déployés pour empêcher la réédition de ses œuvres contribuent au contraire à en assurer le succès, surtout dans les premières décennies du XIXe siècle. A rencontre d’autres théoriciens de son temps, Paine ne critique pas l’industrialisation, car il pense que les ouvriers en seront un jour les bénéficiaires. Ce qui prime à ses yeux c’est l’instruction des classes laborieuses. Paine représente une des composantes du radicalisme ouvrier de la première moitié du XIXe siècle et son influence a été considérable, même bien au-delà de cette période.

Resté veuf en 1760 un an après son mariage avec Mary Lambert, Paine se remarie en 1771 avec Elisabeth Ollive, mais les deux époux se séparent dès 1774.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75761, notice PAINE Thomas, version mise en ligne le 7 janvier 2010, dernière modification le 7 janvier 2010.

ŒUVRE ET BIBLIOGRAPHIE : Ont été traduits en français : Le sens commun, Œuvres politiques (1773), Lettres et Essais (1819), Œuvres complètes (1894). — P.S. Foner, The Complete Writings of Thomas Paine, New York, 1945. — A.O. Aldridge, Man of Reason : The Life of Thomas Paine, Londres, 1959. — E.P. Thompson, The Making of the English Working Class, Londres, 1963. — A. Williamson, Thomas Paine : His Life, Work and Times, Londres, 1973. — J. Droz (éd.), Histoire générale du socialisme, t. I, des origines à 1875.

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