Né le 6 novembre 1896 à Cambridge, Cambridgeshire ; mort le 29 mars 1971 à Canterbury, Kent ; journaliste et historien socialiste.
Fils du célèbre latiniste John Percival Postgate et frère de Dame Mar-garet Cole (la femme de G.D.H. Cole*), Raymond Postgate achève ses études secondaires au collège de Liverpool. C’est là qu’il découvre le mouvement ouvrier en 1915. Il arrive à Oxford, à Saint John’s College, converti au socialisme de guilde et fidèle lecteur du Herald de George Lans-bury*. Atteint par la loi de conscription, il refuse de porter les armes et devient l’un des premiers objecteurs de conscience, ce qui lui vaut d’être emprisonné.
En 1918, Postgate épouse une des filles de Lansbury, Daisy, et quelques mois plus tard, lorsque le Herald redevient quotidien, il entre comme journaliste dans le journal de son beau-père. Dans les années de l’entre-deux-guerres, il collabore constamment à de multiples publications de gauche. En 1920, il avait figuré parmi les membres fondateurs du parti communiste britannique, mais il s’en était séparé dès mai 1922.
Depuis la fin de la guerre, Postgate s’était mis à écrire des livres et des brochures sur le mouvement ouvrier, mais c’est en 1938 que paraît son ouvrage le plus célèbre — écrit en collaboration avec son beau-frère G.D.H. Cole — The Common People, vaste fresque d’histoire sociale de la Grande-Bretagne du XVIIIe siècle à nos jours. A la fin des années 1930, Postgate fait partie du petit groupe des travaillistes de gauche — notamment George Strauss et Aneurin Bevan* — qui fondent en 1937 l’hebdomadaire Tribune et en 1940, il devient rédacteur en chef de ce périodique socialiste.
C’est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que, tout en continuant de publier de très sérieux ouvrages, il devient un spécialiste de gastronomie et édite tous les ans, à partir de 1951, un guide de la cuisine et des restaurants qui, sans égaler le renom du guide Michelin, connaît un large succès. Ce Good Food Guide qui, en 1962, a passé en d’autres mains, a certainement eu des effets bénéfiques sur la cuisine anglaise et permis d’améliorer la réputation des restaurants d’Outre-Manche. Écrivain doué aux talents divers, Postgate est aussi l’auteur de quelques romans policiers à succès. Sa sœur, Dame Margaret Cole, continue d’écrire dans des publications socialistes jusqu’à sa mort en mai 1980.
ŒUVRE : The Workers’ International (L’Internationale ouvrière), Londres, 1920. — A Workers’ History of the Great Strike (L’histoire ouvrière de la grève générale), Londres, 1927. — The Common People, 1746-1938 (Histoire sociale de la Grande-Bretagne), en collaboration avec G.D.H. Cole, Londres, 1938, 4e éd. 1949. — The life of George Lansbury (La vie de George Lansbury), Londres, 1951. — R.W. Postgate, « A Socialist remembers » (Souvenirs d’un socialiste), New Statesman, vol. 81, 9, 16, 23 avril 1971.
BIBLIOGRAPHIE : M. Cole, Growing up into Revolution, Londres, 1949. — Idem, The Life of G.D.H. Cole, Londres, 1971. — Joyce Bellamy, John Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. II.