POTTER George

Né en 1832 à Kenilworth, Warwickshire ; mort le 3 juin 1893 à Londres ; syndicaliste.

Le père de George Potter était un menuisier des Midlands, habitant Kenilworth et travaillant à cinq kilomètres de la ville, à Stoneleigh Abbey. Après avoir fréquenté des écoles pour enfants pauvres où il apprend à lire et écrire, George Potter s’engage comme garçon de ferme, puis devient garçon de courses (il gagne alors six pence par jour). A seize ans, il part pour Coventry où, pendant quatre années, il fait son apprentissage de menuisier-ébéniste. Il est alors embauché par un entrepreneur en bâtiments de Rugby, puis travaille sur des chantiers de Coventry avant de partir pour Londres en quête d’un emploi, en 1853.

En 1857, les ouvriers du bâtiment déclenchent une série d’actions — ce qui va porter Potter à la direction du syndicat. En effet, simple délégué à un congrès du bâtiment, il est élu secrétaire du congrès et c’est lui qui prend la tête du mouvement de revendication en faveur de la journée de neuf heures. C’est encore lui qui mène en 1859 la lutte pendant les vingt-sept semaines de lock-out des ouvriers du bâtiment londoniens, l’un des plus célèbres conflits sociaux du XIXe siècle. Tout au long du lock-out et même après, Potter expérimente la quasi-impossibilité pour les ouvriers de se faire entendre par la grande presse, ce qui le décide à fonder un journal ouvrier : c’est le Bee-Hive (La Ruche), qui paraît en 1861, avec à ses côtés une société, la Trades Newspaper Co Ltd, destinée à assumer la gestion financière et commerciale du journal. Au départ, Potter assume la fonction de gérant et fait partie de la rédaction de l’hebdomadaire. Quelques années plus tard, il en deviendra à la fois le propriétaire et le rédacteur en chef. C’est aux efforts de Potter que Bee-Hive doit d’avoir duré aussi longtemps, mais il convient de mentionner également le rôle de premier plan joué par un journaliste professionnel, Robert Hartwell, dans les débuts de la publication. En 1877, Bee-Hive deviendra Industrial Review, mais le nouveau journal, accablé de difficultés financières, cessera de paraître au bout de quelques mois en 1878. Déjà depuis plusieurs années, Bee-Hive, qui, au cours des années 1860, avait défendu avec acharnement les intérêts ouvriers, avait pas mal évolué, comme Potter lui-même, et perdu de sa force militante. Néanmoins la place tenue par le journal et par Potter pendant une quinzaine d’années dans le mouvement ouvrier a été exceptionnelle. Aujourd’hui, l’hebdomadaire constitue une source de premier ordre pour les historiens, par exemple sur les débuts de la Ire Internationale.

Durant les années 1860, l’activité militante de Potter est intense. De 1863 à 1865, on le trouve parmi les responsables de la Bourse du Travail de Londres (London Trades Council). En 1864, il prend part à la conférence préparatoire à la législation Master and Servant. C’est lui qui convoque la réunion où est fondée la Ligue pour la réforme électorale (Reform League) en 1865. L’année suivante, il fonde l’Association des ouvriers londoniens qu’il préside pendant deux ans. En 1867-1868, il dépose longuement devant la commission royale sur les syndicats. Après la fondation à Manchester, en 1868, de la Confédération des syndicats (Trades Union Congress, TUC), lorsqu’est créé le Comité parlementaire du TUC en 1871, Potter en est élu membre. Lui-même a toujours déployé les plus grands efforts pour développer les contacts avec les syndicalistes de province.

Tout au long de cette même période, Potter a été en violente opposition avec les principaux chefs trade-unionistes londoniens, — le groupe que les Webb* ont baptisé « la Junte » — (William Allan*, Robert Applegarth*, George Odger*, Daniel Guile* et Edwin Coulson*). Parmi les reproches faits par les hommes de la Junte à Potter, il y avait celui d’être un irresponsable et un « fomenteur de grèves ». Mais par la suite, au cours des années 1870, les divergences s’émoussent, Potter se rapproche de ses anciens adversaires et il utilise son influence pour opposer aux mouvements catégoriels les « principes d’union » (amalgamated principles).

En 1869, Potter avait contribué à fonder le Labour Representation League (Ligue pour la représentation du travail, LRL) qui fait campagne pour l’élection d’ouvriers au Parlement. De 1871 à 1875, lors des réformes du droit du travail, il fait activement partie des groupes de pression syndicaux. En même temps, il soutient le mouvement des journaliers agricoles qui commencent alors à s’organiser en lançant en 1872 leur propre syndicat avec Joseph Arch* à leur tête.

En 1873, Potter entre au London School Board (conseil de l’enseignement primaire) comme élu du quartier de Westminster et il y siégera jusqu’en 1882. De religion congrégationaliste, il y soutient les positions des non-conformistes en matière scolaire. Candidat par deux fois aux élections législatives, en 1874 et en 1886, il n’arrive pas à se faire élire. D’ailleurs ses positions politiques sont devenues de plus en plus modérées (en 1886, il se présente sous l’étiquette libérale).

Potter s’était marié en 1857 et après la mort de sa femme en 1886, il termine sa vie chez une de ses filles à Clapham, quartier sud de Londres.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75779, notice POTTER George, version mise en ligne le 7 janvier 2010, dernière modification le 7 janvier 2010.

ŒUVRE : Potter a beaucoup écrit dans Bee-Hive et il est l’auteur de très nombreuses brochures dont la plupart sont à la Howell Collection du Bishopsgate Institute à Londres. De 1870 à 1875, il collabore à la Contemporary Review.

BIBLIOGRAPHIE : S. Coltham, « The Bee-Hive Newspaper : Its Origin and Early Struggles », in Essays in Labour History, A. Briggs et J. Saville ed., Londres, 1960. — Idem, « George Potter, the Junta and the Bee-Hive », International Review of Social History, vol. 9, 1964. — R. Harrison, Before the Socialists, Londres, 1965. — F.M. Leventhal, Respectable Radical : George Howell and Victorian Working Class Politics, Londres, 1971. — W.H. Fraser, Trade Unions and Society : The Struggle for Acceptance, 1850-1880, Londres, 1974. — Joyce Bellamy, John Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. VI.

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