SHINWELL Emanuel

Né le 18 octobre 1884 à Londres ; député travailliste.

Emanuel Shinwell était l’aîné de treize enfants. Son père était un tailleur juif émigré de Pologne et sa mère Rose Konigswinter venait de Hollande. Le jeune garçon va en classe pendant un an à South Shields, au nord-est de l’Angleterre où son père avait ouvert un atelier de confection, puis durant trois années à Glasgow. Il quitte l’école à onze ans pour commencer à travailler avec son père. Il lit beaucoup, s’intéresse au socialisme et suit régulièrement les meetings en plein air. Employé de la fabrique coopérative de vêtements de Glasgow, il adhère à la Société unifiée dès ouvriers du vêtement. Il a beau se dépenser pour le syndicat, il refuse toute responsabilité car il préfère consacrer l’essentiel de son énergie à l’Independent Labour Party et à la Bourse du Travail de Glasgow, où il a été élu en 1906. En 1911, alors qu’il est vice-président de la Bourse du Travail, il seconde Havelock Wilson* dans ses efforts d’organisation des marins de la Clydeside et devient ensuite secrétaire adjoint de la section de l’Union des gens de mer (Seamen’s Union). C’est en 1919 que Shinwell accède à la notoriété dans le mouvement ouvrier, car à l’occasion de la campagne pour la semaine de quarante heures il préside le comité de grève de Glasgow en prônant une réduction des horaires de travail afin de diminuer le chômage. Il s’ensuit des manifestations violentes et Shinwell est condamné à cinq mois de prison pour incitation au désordre. L’année précédente, lors des élections législatives de 1918, il avait été battu dans la circonscription de West Lothian, mais en 1922, il est élu député de Linlithgow et dans le premier gouvernement travailliste, en 1924, il occupe le poste de secrétaire parlementaire auprès du ministre des Charbonnages. Battu à nouveau en 1924, il revient au Parlement en 1929 et dans le deuxième gouvernement travailliste sert d’abord comme secrétaire financier du ministre de la Guerre puis reprend le poste de secrétaire parlementaire au ministère des Charbonnages. Dans la débâcle travailliste de 1931 Shinwell perd son siège et durant quatre ans il travaille comme permanent au service de la propagande du Labour.

Un nouveau tournant de sa carrière se produit en 1935 lorsqu’il revient au Parlement, cette fois après une victoire éclatante et qui fait grand bruit, car il bat Ramsay MacDonald* lui-même dans sa circonscription de Seaham, près de Durham. Cependant Shinwell ne participe pas au gouvernement d’union nationale des années de guerre. Au départ, il semble qu’il n’y tenait pas, mais par la suite, si l’on en croit le premier volume de ses Souvenirs, il aurait été écarté en raison de l’hostilité de certains de ses collègues travaillistes. Toutefois il joue pendant la guerre un rôle très actif au Parlement et son livre « L’Angleterre comme je la désire », publié en 1943, soulève un vif intérêt.

Au lendemain de la guerre, il est ministre des Carburants et de l’Énergie de 1945 à 1947, mais la crise de l’énergie de 1947 amène Attlee* à le nommer ministre de la Guerre, poste qu’il occupe de 1947 à 1950, et qui se prolonge par le ministère de la Défense en 1950-1951. De 1950 à 1970, Shinwell représente au Parlement Easington, circonscription du comté de Durham et continue de prendre une part active à la vie politique. En 1964 il est élu président du parti parlementaire travailliste (Parliamentary Labour Party) ainsi que du comité de liaison entre les députés et le gouvernement. Très hostile à l’entrée de la Grande-Bretagne dans le marché commun, il démissionne en 1967 de la présidence du parti parlementaire.

Ayant décidé de quitter le Parlement en 1970, à l’âge de quatre-vingt-six ans, il est élevé à la pairie et choisit le titre de Lord Shinwell of Easington. Shinwell a relaté ses souvenirs dans trois volumes : le premier, Conflict Without Malice, publié à l’âge de soixante et onze ans, ensuite, I’ve lived through it All, publié à quatre-vingt-neuf ans et le dernier Lead with the Left : myfirst ninety six years. Parfait exemple du processus d’intégration des militants travaillistes par le système parlementaire, Shinwell a certes contribué à démocratiser ce système, mais son cas pose le problème de l’évolution du radicalisme et du socialisme britannique dans un régime dominé par le modèle parlementaire. Ayant refusé la charge de whip du groupe travailliste à la Chambre des Lords au début de 1982, il siège désormais comme indépendant. Son centième anniversaire a donné lieu à une cérémonie en octobre 1984 et il continue de participer aux débats parlementaires.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75798, notice SHINWELL Emanuel, version mise en ligne le 7 janvier 2010, dernière modification le 7 janvier 2010.

ŒUVRE : The Britain I want (l’Angleterre de mes désirs), Londres, 1943. — When the Men Corne Home (Le retour des combattants), Londres, 1944. — Conflict Without Malice (Mémoires, I), Londres, 1955. — The Labour Story (L’histoire du Labour), Londres, 1963. — I’ve Lived Through it All, (Mémoires, II), Londres, 1973. — Lead with the Left : my first ninety six years (Mémoires, III), Londres, 1981.

BIBLIOGRAPHIE : M. Harrison, Trade Unions and the Labour Party since 1945, Londres, 1960. — H. Dalton, High Tide and After, Londres, 1962. — R.K. Middlemas, The Clydesiders, Londres, 1965. — Who’s Who.

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