STRACHEY John Evelyn St Loe

Né le 20 octobre 1901 près de Guildford, Surrey ; mort le 15 juillet 1963 à Londres ; théoricien socialiste.

John Strachey est issu d’une famille de grande bourgeoisie libérale et cultivée. Après des études secondaires au collège d’Eton, il va à Oxford comme étudiant de Magdalen Collège ; c’est là qu’il se convertit au socialisme. En 1923, il adhère au parti indépendant du travail (Independent Labour Party) et devient pendant quelque temps rédacteur en chef du Socialist Review, puis du Miner. Au cours de l’hiver 1927-1928, Strachey se rend en Union soviétique pour enquêter sur la situation dans les mines. Les élections législatives de 1929 font entrer Strachey au Parlement comme député de Birmingham (circonscription d’Aston). Critique mordant du gouvernement MacDonald*, Strachey quitte le parti travailliste en 1931 en même temps qu’Oswald Mosley* et entre au New Party que ce dernier vient de créer. Mais dès que se font jour les penchants fascistes de Mosley, Strachey rompt avec lui.

Tout au long des années 1930, Strachey est fortement influencé par le marxisme. Il écrit plusieurs ouvrages qui bénéficient d’une grande réputation dans les pays anglophones. Le premier et le plus apprécié, s’intitule « Lutte à venir pour le pouvoir » (The Corning Struggle for Power, 1933). Strachey publie ensuite « La nature de la crise du capitalisme » (The Nature of Capitalistic Crisis, 1935), « Le socialisme, théorie et pratique » (The Theory and Practice for Socialism, 1936), « Que faire ? » (What Are We to Do ?, 1938). En même temps, il est en 1936 l’un des trois fondateurs du Left Book Club, avec Victor Gollancz* et Harold Laski*, et fait partie du comité de lecture qui décide du choix des livres à publier chaque mois.

Si au cours de sa période marxiste Strachey suit de près la ligne communiste, il n’a jamais adhéré au CPGB. Vers la fin des années 1930 il commence à évoluer, s’intéressant tout particulièrement aux théories de Keynes, pour qui le plein-emploi peut parfaitement être assuré dans une société capitaliste. La rupture avec les communistes s’opère au moment du Pacte germano-soviétique et de la campagne communiste dénonçant la guerre comme un conflit impérialiste. Pendant la guerre, Strachey sert dans la défense passive puis dans l’aviation avant de devenir un commentateur renommé à la radio.

En 1945, après la victoire travailliste aux élections, Strachey débute comme sous-secrétaire d’État à l’Air, dans le gouvernement Attlee*, puis on lui confie, en mai 1946, le périlleux ministère du Ravitaillement : c’est à lui qu’il revient d’imposer le rationnement du pain ; par la suite il lance un projet malencontreux d’importation d’huile de noix du Tanganyika, ce qui lui vaut de cinglantes critiques. Dans le second Cabinet Attlee de 1950 à 1951, Strachey est ministre de la Guerre. Élu en 1945 député de Dundee, il conserve ce siège jusqu’à sa mort.

Une fois le Labour revenu dans l’opposition, Strachey reprend la plume et procède à une analyse approfondie et lucide du néocapitalisme. Parmi ses écrits, on peut citer notamment « Le capitalisme contemporain » (Contemporary Capitalism, 1956) et « La fin de l’Empire » (The End of Empire, 1959), livres qui reflètent bien son évolution vers un socialisme démocratique et réformiste. Dans les dernières années de sa vie, et malgré une santé fragile, Strachey se passionne pour les problèmes de la menace nucléaire et de la paix internationale. Il est alors l’un des rares britanniques à être réellement familier avec les données techniques de la politique nucléaire des deux côtés de l’Atlantique.

Terrassé par une crise cardiaque, Strachey disparaît en 1963 à l’âge de soixante-deux ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75816, notice STRACHEY John Evelyn St Loe, version mise en ligne le 7 janvier 2010, dernière modification le 7 janvier 2010.

ŒUVRE : On peut ajouter aux ouvrages susmentionnés, The Menace of Fascism (Le danger du fascisme), Londres, 1933. — A Programme for Progress (Un programme de progrès), Londres, 1940. — A Faith to Fight For (La défense d’un idéal), Londres, 1941. — On the Prevention of War (Prévenir la guerre), Londres, 1962.

BIBLIOGRAPHIE : J. Lewis, The Left Book Club, Londres, 1970. — H. Thomas, John Strachey, Londres, 1973. — R. Skidelsky, Oswald Mosley, Londres, 1975. — Dictionary of National Biography, 1961-1970.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable