MAUVAIS Léon, Auguste. Pseudonyme : LAPOMME (version DBK)

Par Michel Dreyfus

Né le 31 janvier 1902 à Varennes-en-Argonne (Meuse), mort le 11 janvier 1980 à Nice (Alpes-Maritimes) ; membre de la commission exécutive (1929), du bureau (1931-1933) et du secrétariat (1933-1935) de la CGTU puis secrétaire de la CGT (1953-1975) et de la Fédération de l’énergie (1956-1975) ; membre du comité central du PC (1929-1972) et du bureau politique (1945-1964) ; député ; représentant de la CGTU à l’Internationale syndicale rouge (ISR) à Moscou (1930-1931).

Travaillant à Ivry-sur-Seine depuis le 1er avril 1915, Léon Mauvais participa à sa première grève en juin 1917, commença à militer à la CGT puis en novembre 1917 entra à la centrale électrique de Vitry-Nord. Il était alors influencé par les théories anarcho-syndicalistes. En novembre 1923, il devint secrétaire de sa section syndicale CGTU. Il adhéra au Parti communiste le 1er novembre 1925.
Avec Auguste Herclet*, il représenta la CGTU au 2e congrès de la Ligue anti-impérialiste qui se tint à Francfort du 20 au 31 juillet 1929. Inculpé decomplot contre la sûreté de l’État, sans doute après la journée du 1er août 1929, il aurait, selon certaines sources, effectué un premier voyage en URSS cette année. Début 1930, le secrétariat de l’ISR pressait la CGTU d’envoyer un représentant permanent à Moscou. Mauvais fut désigné. Après une quinzaine de jours passés à Berlin, il arriva à Moscou le 6 mars 1930 et entra au bureau exécutif de l’ISR, suite à son Ve congrès tenu en août 1930. Il semble que durant cette période, il ait été envoyé en mission dans plusieurs pays de l’Est européen, notamment en Grèce et en Roumanie où il fut arrêté en juillet 1930 mais rapidement libéré. Assista-t-il au Ve congrès de l’ISR, le dernier de cette organisation dont l’influence commençait déjà à fortement décliner ? Les 20 et 21 novembre 1930, lors d’une réunion du Secrétariat latin sur le travail du PC dans le domaine syndical, il souligna les « faiblesses » de la CGTU.
De retour en France le 10 ou 11 février 1931, il apporta les nouvelles instructions de l’IC au PC concernant la lutte syndicale puis suivit pour la CGTU les grèves du textile à Roubaix et des dockers à Dunkerque. En novembre 1931, lors du 6e congrès de la CGTU, il fut élu au bureau confédéral puis, en septembre 1933, lors du congrès suivant, il entra au secrétariat où il resta jusqu’à la réunification. Secrétaire à l’organisation de la CGTU, il vécut le 6 février 1934 comme responsable de la sécurité du siège de la centrale. Élu au CC lors du 6e congrès du PC (1929), — il devait y rester jusqu’à la guerre, puis de la Libération jus-qu’en 1972 — il entra en 1932 à la commission des cadres.
En août 1933, il aurait participé à une réunion de l’ISR et, en juillet 1935, dans la perspective de réunification de la CGT, il intervint également au sein de l’ISR sur la question de la suppression des fractions.
En mars 1936, Mauvais fut délégué au congrès confédéral d’unité ; il avait été convenu que Frachon* et Racamond* représenteraient les ex-unitaires dans le secrétariat réunifié ; il fallut donc attendre 1951 pour que Mauvais soit associé directement à la direction de la CGT. Au conseil municipal, il fut de 1935 à 1939 secrétaire du groupecommuniste. Étroitement associé au secrétariat du PC depuis 1936, il suivit d’importants dossiers politiques tels que les rapports avec la SFIO, la situation en Espagne, le Rassemblement universel pour la Paix (RUP), etc. En 1939, il appartenait à l’appareil illégal du Parti et il semble avoir été coopté au BP pour prendre en charge les questions d’organisation lorsque Gitton* fut considéré comme suspect.
Mobilisé, déchu de son mandat en janvier 1940, il fut démobilisé après la débâcle à Oradour-sur-Vayres (Haute-Vienne) puis après être passé par le Puy-de-Dôme, il regagna Paris en octobre 1940. Début octobre, il fut arrêté avec d’autres communistes dont Eugène Hénaff, interné en différents lieux, dirigé sur la centrale de Fontevrault avec une centaine d’autres militants dont Fernand Grenier*. Début 1941, ils furent transférés à Clairvaux (Aube). Le 19 juin 1941, avec Fernand Grenier*, Eugène Hénaff et Henri Raynaud, Mauvais réussissait à s’évader de Châteaubriant où ils avaient été transférés.
Le PC le désigna comme un des responsables politiques de la zone sud avec Monmousseau*. Il y arriva fin juillet-début août 1941 et tous deux portèrent sans doute une part de responsabilité dans « l’affaire Pastor », ce communiste résistant accusé par le PC d’être un agent de la Gestapo. Ayant regagné Paris en novembre 1944, Mauvais fut intégré à la section d’organisation. Officiellement admis au bureau politique comme suppléant et au secrétariat lors du comité central de janvier 1945, il en devint titulaire de 1947 à 1964. Il renonça à ses mandats de conseiller municipal et de conseiller de la République pour se consacrer principalement, jus-qu’au 12e congrès (1950) au Secrétariat à l’organisation. Il eut ensuite en charge le contrôle politique des cadres et des questions de sécurité. À ce titre, il fut chargé en 1952 de présenter le rapport du BP au CC du 5-7 décembre 1952 traitant des « désaccords politiques et l’activité fractionnelle d’André Marty* et de Charles Tillon* » qui aboutit à leur chute. Ce fut également Mauvais qui instruisit le « procès » de Lucien Molino à l’issue duquel celui-ci fut démis de ses fonctions et renvoyé à la base.
Élu au secrétariat de la Fédération CGT de l’éclairage, lors de son 18e congrès (1950) puis en 1951 à la commission administrative de la CGT et au bureau confédéral en 1953, Mauvais fut durant ses dernières années dirigeant des retraités de la CGT, membre du comité d’honneur de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP) et président de l’Amicale des anciens de Châteaubriant-Voves.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75820, notice MAUVAIS Léon, Auguste. Pseudonyme : LAPOMME (version DBK) par Michel Dreyfus, version mise en ligne le 7 janvier 2010, dernière modification le 19 octobre 2020.

Par Michel Dreyfus

SOURCES : Tsentralnoe chranilise sekretnychdel, Fonds 5, dossier personnel Mauvais, 11.109 183. — Notice par R. Gaudy, DBMOF. — P. Robrieux, Histoire intérieure…, op. cit., tome 4. — RGASPI, 495 10a 5, 10a 11 et 10a 17, 495 19 648 f11, 495 32 59, 495 32 61, 534 3 241, feuillet 203 — A. Kriegel, S. Courtois, Eugen Fried…, op. cit. — Jacqueline Cristofol, Batailles pour Marseille. Jean Cristofol, Gaston Defferre, Raymond Aubrac, Paris, Flammarion, 1997, 420 p.

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