MAYER Konrad, dit Koni. Pseudonyme : STEINER (1929-1930) (DBK)

Par Peter Huber

Né le 6 mai 1903 à Neuzingen (Allemagnedu Sud), mort le 8 juin 1983 à Zurich ; membre du Parti communiste suisse depuis 1923, étudiant à l’École léniniste internationale (1929-1930) ; délégué au 13e plénum du comité exécutif de l’Internationale communiste (CEIC) (1933) ; représentant du PCS au CEIC (1935-1938) ; militant du Parti du travail dans l’après-guerre.

Carte du Komintern de Konrad Mayer
Carte du Komintern de Konrad Mayer
RGASPI

Fils unique d’une mère d’origine paysanne et d’un père forgeron, tous deux Allemands, qui, en quête de travail, s’établirent à Zurich quelques mois avant le début de la Grande Guerre, Konrad Mayer y termina, en 1916, l’école secondaire tout en aidant ses parents à vendre des pâtisseries. Le père rentra en Allemagne en 1917, participa aux dernières offensives et divorça. Koni Mayer resta avec sa mère qui travaillait comme cuisinière et obtint, en 1918, la nationalité suisse.
Après un apprentissage de quatre ans de serrurier sur machine, K. Mayer adhéra au syndicat en 1921, aux Jeunesses communistes en 1922, et au PC en 1923. Ainsi, à l’âge de 19 ans, il se trouvait à la tête du groupe d’apprentis de la métallurgie zurichoise, exclus en bloc du syndicat en 1924, pour avoir appuyé une grève « sauvage » contre l’avis de la fédération. Travaillant de 1924 à 1929 dans un atelier de construction mécanique, estimé par ses supérieurs pour ses connaissances et son dévouement professionnel, il devint très vite le porte-parole des Jeunesses communistes à Zurich, membre du comité central des Jeunesses communistes suisses (JCS) (1927-1929) et président de la section zurichoise (1929) ; Mayer dirigea en outre les groupes d’enfants et participa au Jungsturm, la section de jeunesse de la Défense ouvrière, l’organisation communiste paramilitaire. Fin 1928, il se solidarisa, à l’instar de toute la direction de la Jeunesse et du Parti, avec les « droitiers » du Parti communiste allemand et désapprouva l’intervention du CEIC — fait qu’il reconnaîtra plus tard dans un questionnaire rempli à Moscou en 1936 : « 1928-1929 contre Thälmann et l’IC dans l’affaire Wittorf. Approbation de la résolution du CC des JCS pour la droite du PCA. Révoqué en février 1929. »

En octobre 1929, Mayer — en compagnie du Bernois Theo Rutschi — fit son premier voyage à Moscou. Invité par le Profintern à suivre les cours syndicaux récemment créés à l’École léniniste et d’une durée de neuf mois, il y obtint un certificat élogieux. Le Polonais Alexandre Malecki lui reconnut des aptitudes extraordinaires pour le travail collectif, la carrure d’un grand agitateur de masses et l’esprit de camaraderie ; l’étudiant « Steiner » serait capable d’un travail dirigeant dans le Parti.
Désorienté par la plus grande crise de parti, le PCS le rappela d’urgence, en juillet 1930, et lui confia le poste de rédacteur principal du quotidien Der Kämpfer, puis, en commun avec le manœuvre Max Schulz, la rédaction de la Junge Garde , le journal des JCS imprimé à Zurich. Exemple type d’une politique de cadre réussie, il accéda, dès son retour de Moscou, au comité central du PCS et, au bureau politique en 1932, en tant que responsable pour la Suisse orientale. Avec J. Humbert-Droz et R. Müller, il représenta le PCS au 13e plénum du CEIC en novembre-décembre 1933.

En automne 1935, Mayer fut envoyé à Moscou comme représentant permanent du PCS auprès du comité exécutif de l’Internationale communiste. Rattaché au secrétariat de P. Togliatti d’abord, puis à celui de K. Gottwald, les deux responsables pour les pays de l’Europe centrale, Mayer y passa deux années et demi qui le marquèrent fortement, et sur lesquelles il a toujours refusé de témoigner. Habitant un deux-pièces à l’Hôtel Lux, il perdit, en été 1936, après une maladie grave subite, sa femme Anna Mayer-Jenisch, arrivée avec son enfant à Moscou au début de l’année 1936 dans le but de travailler à la section des cadres de l’Internationale communiste des jeunes (ICJ). À cette tragédie personnelle s’ajouta, dans les mois suivants, la Grande Terreur qui toucha aussi la petite colonie de militants suisses travaillant au Komintern. Mayer, par ses fonctions, ne put pas demeurer étranger aux événements. En tant que représentant de parti, il dut établir, pour le compte de la section des cadres, des listes de communistes suisses, écrire des « appréciations » et témoigner de leur « fiabilité ». Sans être « bourreau », Mayer se montra zélé et fit preuve de « vigilance ». Toujours soucieux de sa propre survie, il essaya parfois, avec prudence, de prendre position pour certains ; d’autres fois, il n’utilisa même pas sa marge de manœuvre limitée pour influencer, en faveur du soupçonné, une instruction en cours.

Mayer put quitter l’URSS au printemps 1938, ébranlé par ce qu’il y avait vécu et entrevu. Ce deuxième retour de Moscou ne fut pas suivi — comme en 1930 — d’une promotion au sein du PCS. Il ne fut investi d’aucune fonction à responsabilités dans le Parti. Après deux mois de chômage, il retourna à l’usine, cette fois dans un atelier de construction mécanique aux alentours de Zurich. Durant la période d’illégalité du Parti (1940-1944) et après une perquisition à son domicile, il fut condamné en avril 1942 à cinq jours de prison pour activité communiste illégale par le Tribunal cantonal de Zurich, malgré un certificat de loyauté impeccable de son employeur, attestant d’un engagement exemplaire à l’usine et d’un patriotisme sans faille.
Dans l’après-guerre, Mayer joignit, ainsi que la plupart de ses camarades, le Parti du travail (PdT), un vaste rassemblement de forces à gauche du PS, et qui, jusqu’au début de la Guerre froide, dépassait de loin, en nombre et en électeurs, l’ancien PCS dans ses meilleurs jours. Mayer siégea pendant plusieurs années au Grand Conseil zurichois tout en travaillant dans une imprimerie ; il en fut licencié à l’apogée de la Guerre froide. Fidèle au PdT aligné sur les positions de Moscou, il prit la parole, lors d’une assemblée publique contre la présence, à Zurich, de Margarete Buber-Neumann, auteur d’un livre sur son mari exécuté à Moscou aux temps où Mayer y représentait le PCS. En 1969, âgé de 66 ans, il réintégra à mi-temps la rédaction de Vorwärts, l’hebdomadaire du PdT. À la retraite depuis 1974, affaibli par un infarctus, il mourut à Zurich à l’âge de quatre-vingt ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75821, notice MAYER Konrad, dit Koni. Pseudonyme : STEINER (1929-1930) (DBK) par Peter Huber, version mise en ligne le 7 janvier 2010, dernière modification le 23 août 2010.

Par Peter Huber

Carte du Komintern de Konrad Mayer
Carte du Komintern de Konrad Mayer
RGASPI

SOURCES : RGASPI, Dossier personnel, 495 274137 ; 495 91 209. — ARF, E 4320 (B) 1, vol. 16 ; E 4320 (B) 1974/40, vol. 5 ; E 2015, 1, vol. 111. — K. Mayer, Dossier personnel, Studienbibliothek zur Geschichte der Arbeiterbewegung, Zurich. — Vorwärts (Basel) 3 mai 1983, 16 juin 1983. — P. Stettler, Die Kommunistische Partei der Schweiz (1921-1931), Berne, Francke Verlag, 1980, p. 510.

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