MENOUER Abdelaiz ben Mohamed, dit souvent MENOUER Ali, écrit parfois MENOUAR, dit ALI, ou encore El DJAZAIRI (l’Algérien) (version DBK)

Par Claude Pennetier

Né le 20 septembre 1893 à Alger ; militant communiste, membre du comité central, responsable de la CGTU ; membre du comité directeur du Secours rouge international ; élève de l’Université d’Orient ; membre du comité directeur de l’Étoile Nord-africaine.

Ali Menouer naquit à Alger d’un commerçant en épicerie de la vieille bourgeoisie citadine turque et d’une couturière arabe dont la famille avait combattu les Français avec Abdelkader. Il y obtint son Certificat d’études primaires en 1903 puis entra comme apprenti dans un atelier de céramique. « Ne voulant pas servir la France impérialiste » pendant le Première Guerre mondiale, Menouer s’embarqua comme matelot sur un bateau belge à destinationde l’Angleterre puis des États-Unis où il travailla pendant quelques mois. Il revint à Alger en 1921 et adhéra au PC. Les responsables communistes de la région lui proposèrent, après une tournée de Paul Vaillant-Couturier*, d’aller en URSS à l’université d’Orient. Les cours eurent lieu de juillet 1922 à juillet 1923 et Menouer qui était le responsable du Groupe français se perfectionna en russe et surtout en anglais au point de pouvoir écrire de nombreux articles politiques et économiques dans cette langue. Il revint à Alger en octobre 1922. Menacé d’une nouvelle arrestation, il gagna la France.

De fin 1923 à février 1926, son adresse fut celle du siège de la commission coloniale du Parti communiste à Paris (Ve arr.) où se réunissaient la commission de la main-d’œuvre coloniale de la CGTU et l’Union intercoloniale, et où se tinrent, à sa naissance en 1926, quelques-unes des premièresréunions de l’Étoile Nord-africaine (ENA). Au congrès de Lille (20-26 juin 1926), il aurait été élu membre du comité central du Parti communiste et réélu en 1929, mais son nom n’apparaît sur aucune liste pour des raisons de sécurité. Membre de la commission exécutive de la CGTU de 1927 à 1931, il militait avant tout en direction de la main-d’œuvre nord-africaine. Il était aussi membre du comité directeur du Secours rouge international, et, en 1928, du comité directeur de l’ENA. Il collabora à la presse communiste sous le pseudonyme d’Ali ; l’Humanité du 28 octobre 1928 publia sa photo sous ce nom comme responsable du bureau de la main-d’œuvre étrangère de la CGTU. Son rôle semblait demeurer très important à la section ou commission coloniale du Parti communiste dont l’action cependant restait précaire. Jusqu’en 1928 il travailla comme permanent à la commission coloniale du PC que dirigeait Jacques Doriot*, puis de 1928 à 1932 au secrétariat international de la CGTU. Appartenant au comité de rédaction de La Vie ouvrière, il y collabora régulièrement ainsi qu’à de nombreuses autres publications (Paria, El Alam, La Caserne arabe, les Bulletins arabes de l’ISR, la Revue de l’Internationale syndicale rouge, etc.). Menouer écrivit, outre quelques nouvelles littéraires, une brochure intitulée L’Indigénat, code d’esclavage et une autre, Le travail forcé qui resta publiée. Menouer aurait averti l’IC pendant le Ve congrès de l’ISR « du travail néfaste de Celor* et Cie ».

À partir de 1932, Ali Menouer parut entrer en désaccord avec l’orientation de la commission coloniale du Parti communiste. Le PC s’opposait à l’ENA, qui tendait à s’autonomiser sous la direction de Messali Hadj (journal El Ouma, [La Communauté]). L’action de la CGTU (journal El Amel, [L’Ouvrier]) était animée par Marouf. Menouer ne fut plus cité comme membre du comité central du Parti communiste mais resta correcteur à l’imprimerie de la Maison des syndicats ; il fut désigné comme membre de la commission exécutive de la Fédération nationale des industries de la chimie et de la céramique de la CGTU. Des rumeurs persistantes le firent même soupçonner d’être un indicateur de police. Écarté systématiquement des responsabilités en tant qu’ancien membre de la commission coloniale, il démissionna de son poste au début de 1932. Ensuite, il travailla par intermittence comme employé, manœuvre, chauffeur à l’ambassade d’URSS, cuisinier… En avril 1933, au moment où il rédigea son autobiographie, il avait perdu son emploi et ne subsistait que grâce à sa compagne, Antonia Philibert, membre du PC et à Henri Raynaud, autre militant qui l’hébergea pendant six ans. En 1934, il sembla rompre toutes relations avec le Parti communiste et même avec la CGTU. La police le signala, en 1936, comme soutier à bord des navires faisant la liaison entre Marseille, la Tunisie et le Maroc. Passé le Front populaire, on ignore tout de son destin. L’accusation d’être tenu par la police resta forte sans que rien de concret ne vienne l’étayer.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75825, notice MENOUER Abdelaiz ben Mohamed, dit souvent MENOUER Ali, écrit parfois MENOUAR, dit ALI, ou encore El DJAZAIRI (l'Algérien) (version DBK) par Claude Pennetier, version mise en ligne le 7 janvier 2010, dernière modification le 7 janvier 2010.

Par Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, Moscou, autobiographie, 1933. — Notice DBMOF par René Gallissot et Michèle Velay.

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