MIKHAÏLOV Boris Danilovitch. Pseudonymes : WILLIAMS, RALF, RICHARD, RAYMOND (DBK)

Par Serge Wolikow

Né le 15 juillet 1895 à Pskov (Russie), mort le 15 juin 1953 au Goulag ; militant bolchevik avant 1917, soldat durant la guerre civile ; représentant de l’IC dans de nombreux pays, et en particulier en France en 1926.

Boris Mikhaïlov était issu d’une une famille d’employés de chemins de fer. Lycéen, il adhéra à un cercle marxiste, qui diffusait une revue illégale. Il fut arrêté pour la première fois en 1911 puis libéré trois semaines plus tard. À l’Université de Pétersbourg, il milita dans un groupe social-démocrate d’étudiants, ce qui lui coûta une expulsion hors du pays. Amnistié, il revint en Russie où il reprit ses études à l’Université de Pétersbourg tout en militant au Parti ouvrier social-démocrate. Après l’effondrement du pouvoir tsariste en février 1917, il travailla au Soviet des députés d’ouvriers et de soldats de Moscou ainsi que pour le journal bolchevique Social-démocrate.

Délégué du 6e congrès du Parti bolchevique au cours de l’été 1917, Boris Mikhaïlov participa à l’insurrection d’Octobre 1917 à Petrograd. En juin 1918, il fut nommé rédacteur de la revue Vestnik gizni (Messager de la vie) et secrétaire à la Pravda à Moscou. La même année, après le début de la guerre civile, il entra comme volontaire dans l’Armée rouge. Il y resta jusqu’en avril 1921 en tant que membre du Soviet révolutionnaire militaire. En 1919, il fut élu délégué au 8e congrès du Parti communiste russe (bolchevique) et participa au travail de la section militaire du congrès. À partir de 1921, B. Mikhaïlov appartint au service diplomatique. Il fut d’abord envoyé comme consul général à Kars en Turquie, puis à Ankara, où il travailla pendant 6 mois comme premier secrétaire et ensuite commeconseiller. À sa demande, il revint à Moscou et fut nommé secrétaire du Conseil des syndicats par le comité central du PC russe. En mars 1923, il fut élu deuxième secrétaire du comité de la région de Transcaucasie. La même année, Mikhaïlov fut de nouveau transféré au Commissariat du peuple aux affaires étrangères : il fut nommé premier secrétaire puis conseiller de l’ambassade soviétique à Rome.

Mikhaïlov fut admis dans l’appareil de l’IC conformément à une décision du bureau politique du PCR (b) prise le 19 juin 1924. Il occupa d’abord la fonction de directeur adjoint de l’agit-prop puis fut envoyé à Vienne comme représentant du Comité exécutif de l’IC auprès des partis communistes des Balkans. Début 1925, il représenta pendant trois mois à Prague l’IC auprès du PC de Tchécoslovaquie puis il fut envoyé à Paris sous le pseudonyme de Williams ; il remplaça Gouralsky*, qui venait d’être arrêté, au poste de représentant duCE de l’IC auprès du PCF. À ce titre, il participa en mars 1926 au 6e plénum de l’Internationale communiste puis, en juin 1926, au 5e congrès du PCF à Lille où il intervint en tant que représentant officiel du CE de l’IC. Durant sa participation aux travaux de la direction du PCF jusqu’à la fin de l’année 1926, il ne réussit jamais à peser avec assez d’efficacité sur une orientation politique française que la direction de l’IC considérait avec méfiance.

Au printemps de la même année, le représentant du PC de l’Espagne alors à Paris demanda à William une aide financière de 60 000 F à son parti pour financer le renversement du dictateur Primo de Rivera par des militaires opposants. Soupçonnant probablement les communistes espagnols de vouloir obtenir de l’argent de l’IC sous un prétexte aventureux, Williams refusa de discuter de cette demande, et plus tard, lors de la réunion de la commission française du 6e plénum du CE de l’IC, il la présenta sous une forme peu flatteuse pour le PC espagnol. Cet incident fit naître un scandale qui fit l’objet de discussions au sein de la Commission de contrôle du CE de l’IC.
Début 1927, le Secrétariat latin de l’IC décida d’affecter Mikhaïlov ailleurs qu’en France. Après avoir travaillé un certain temps comme représentant de l’IC auprès du PC de Hollande, Mikhaïlov fut envoyé en Amérique latine. Revenu à Moscou, il fut affecté au Secrétariat d’Amérique latine de l’IC. Pendant les années 1929-1930, il travailla de nouveau à l’étranger, comme représentant du CEde l’IC auprès du PC des États-Unis, à New York. De retour à Moscou, il fut auditeur à l’Institut des professeurs rouges où il termina ses études en 1932. En 1932-34, il fut instructeur à la commission antimilitariste de Béla Kun puis, du 15 août 1934 au 1er mai 1935, il fut adjoint au secrétariat de Georges Dimitrov.

À partir de juillet 1935, il devint correspondant de la Pravda à Paris, et se rendit périodiquement à Genève pour y faire des reportages sur la Société des nations. En 1936, Mikhaïlov obtint la direction de la rubrique étrangère dans la Pravda. Le 28 août, il devint premier adjoint du directeur de l’agence TASS, mais dès le mois de décembre de la même année, il fut rappelé à la Pravda à la demande de la rédaction. Le 27 mai 1937, la sœur de Mikhaïlov, Agnessa Dvidovna Dobrovolskaïa (née Mikhaïlova), qui travaillait comme rédactrice dans le secrétariat de Moskvine, fut arrêtée et victime de la répression. Cela n’eut pourtant pas de conséquence néfaste sur la carrière de Mikhaïlov. En 1938, il fut nommé rédacteur et responsable du Journal de Moscou et de la Revue de Moscou, où il travailla jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale.
En 1941-1942, Mikhaïlov fut appelé à l’armée, d’abord comme commissaire militaire de division, puis comme chef adjoint de régiment. À la fin 1942, il fut transféré du front au Sovinformburo, où il dirigea le département des USA puis celui d’Amérique latine. Début 1945, il fut envoyé représenter le Sovinformburo en France et en avril, à Moscou, il fut nommé chef du département de la presse pour l’Europe occidentale et méridionale du Sovinformburo. Mikhaïlov fut exclu du Parti en octobre 1950. Il mourut au Goulag en 1953.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75834, notice MIKHAÏLOV Boris Danilovitch. Pseudonymes : WILLIAMS, RALF, RICHARD, RAYMOND (DBK) par Serge Wolikow, version mise en ligne le 8 janvier 2010, dernière modification le 12 janvier 2011.

Par Serge Wolikow

SOURCES : RGASPI, 495-164-302, 303, 304, 305, 306, 307, 308, 309, 310 ; 495-32-11 ; 495-2-192, 495-2-228. — Notes de Mikhaïl Panteleiev.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable