THELWALL John

Né le 27 juillet 1764 à Londres ; mort le 17 février 1834 à Bath, Somerset (aujourd’hui Avon) ; journaliste radical.

Fils d’un mercier aisé, John Thelwall va en classe dans une école de la banlieue élégante de Highgate où il y manifeste très tôt une passion pour la lecture et un manque de goût prononcé pour le négoce. Il exerce divers métiers avant de vivre de sa plume. En 1787, Theiwall publie deux volumes de poésie, Poems on Various Subjects, et devient rédacteur en chef du périodique Biographical and Imperial Magazine. C’est alors qu’il commence à fréquenter le club du Coachmakers’ Hall et autres associations de débats politiques et sociaux. D’abord conservateur bon teint, il ne tarde pas à adopter des positions de plus en plus radicales et la Révolution française le remplit d’enthousiasme.

Au début des années 1790, Theiwall se lie d’amitié avec Horne Tooke, adhère à l’Association des Amis du Peuple (Society of the Friends of the People) et joue un rôle de premier plan dans la London Corresponding Society, club de propagande et d’agitation démocratique, fondée par Thomas Hardy* en janvier 1792. Tout jeune Theiwall avait souffert d’un léger zézaiement et avait un débit de parole hésitant, mais il parvient à devenir un orateur de talent. Durant cette période difficile et même dangereuse pour les démocrates et les jacobins, Theiwall s’affirme un des orateurs radicaux les plus influents, c’est lui qui, un jour, à l’occasion d’une réunion de la Capel Court Society, qualifie le roi de « despote couronné semblable à un coq nain sur un tas de fumier ».

Mais la répression s’accentue en 1792-1793 et Theiwall finit par être arrêté le 13 mai 1794 et conduit à la Tour de Londres avec Thomas Hardy et Horne Tooke. Son procès a lieu en décembre après que ses amis aient été déclarés « non coupables » ; défendu par les avocats de Hardy, Thomas Erskine et Vicary Gibbs, Theiwall est à son tour acquitté. A peine relâché, il redouble d’activité, multipliant prises de parole, conférences, réunions publiques, mais vers la fin de 1795, il doit s’éloigner de Londres car la ville est devenue trop dangereuse pour lui. Il parcourt alors le pays continuant inlassablement sa propagande radicale sur les questions économiques et sociales. Toutefois en 1798, à la suite des réactions hostiles rencontrées ici et là, Theiwall renonce à la vie militante. Il s’installe alors dans une modeste ferme du pays de Galles, à Brecon, pour recouvrer ses forces et va surtout se consacrer à l’orthophonie, ainsi qu’à la guérison des bègues. A cinquante-quatre ans, en 1818, il fait une réapparition de courte durée sur la scène politique pour plaider la cause de la réforme du Parlement, puis il retourne définitivement à l’éducation de la parole.

Observateur pénétrant, Theiwall a étudié aussi bien les conditions de vie et de travail des ouvriers agricoles que les méfaits du Factory System. Les trois volumes du périodique qu’il éditait en 1791, Tribune, sont remplis d’observations effectuées pendant ses tournées en province. Forte personnalité, nature courageuse et intègre, Theiwall imposait le respect même à ceux qui ne partageaient pas ses idées, en particulier Wordsworth et Coleridge.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75861, notice THELWALL John, version mise en ligne le 11 janvier 2010, dernière modification le 11 janvier 2010.

ŒUVRE : Political Lectures… (Conférences politiques), Londres, 1794. — The Tribune (Tribune), 3 vol., Londres, 1795-1796. — The Rights of Nature against the Usurpations of Establishments… (Les droits naturels usurpés par l’Establishment), Londres, 1796.

BIBLIOGRAPHIE : Mrs Theiwall, The Life of John Theiwall, Londres, 1837. — C. Cestre, La Révolution française et les poètes anglais, 1789-1809, Dijon, 1906. — Idem, John Theiwall…, Londres, 1906. — E.P. Thompson, The Making of the English Working Class, Londres, 1963, 2e éd. 1968. — A. Goodwin, The Friends of Liberty : The English Democratic Movement in the Age of the French Revolution, Londres, 1979. — J.A. Hone, For the Cause of Truth : Radicalism in London 1791-1821, Oxford, 1982.

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