VINCENT Henry

Né en 1813 à Londres ; mort le 29 décembre 1878 à Londres ; chartiste.

Le père d’Henry Vincent, un bijoutier londonien aux opinions radicales, doit renoncer à son métier après avoir fait de mauvaises affaires, et s’installer à Hull comme fonctionnaire des impôts quand son fils a huit ans. A quinze ans, le jeune garçon devient apprenti-imprimeur et il ne tarde pas à dévorer les publications radicales, en particulier les œuvres de Cobbett* et de Paine*. De 1830 à 1832, au temps de l’agitation pour la réforme électorale, il préconise le suffrage universel. En 1833, il retourne à Londres, où il entre à l’Association ouvrière londonienne (Working Men’s Association) dès sa formation en 1836 et se lie avec William Lovett* qu’il admire beaucoup. Il parcourt le royaume pour le compte de l’Association et se fait vite connaître des milieux chartistes.

En décembre 1838, Vincent lance un hebdomadaire, le Western Vindicator, qui contribue à asseoir sa réputation mais qui, en même temps, attire sur lui l’attention du gouvernement. Considéré comme un agitateur chartiste, Vincent est alors accusé de « rassemblements séditieux » ; son procès a lieu en août 1839 et on le condamne à un an de prison. Peu de temps après avoir purgé sa peine, Vincent est de nouveau incarcéré en 1840 et relâché en janvier 1841.

Mais ses séjours en prison semblent avoir calmé son ardeur politique et dorénavant il met surtout son éloquence au service de la lutte antialcoolique. Il se considère toujours comme chartiste, mais il veut maintenant associer politique et tempérance. Pareille attitude, si elle lui vaut le soutien des non-conformistes, lui attire la condamnation de nombreux chartistes, notamment d’O’Connor*.

Toutefois ce serait une erreur de croire Vincent rallié au mouvement de réforme bourgeoise. De 1841 à 1852 il se présente huit fois au Parlement, toujours comme radical indépendant, mais à chaque fois sans succès. Son programme consistait en une alliance pour des réformes avancées entre industriels et commerçants non conformistes et artisans radicaux. Peu à peu il adopte un credo de Self Help fondé sur le principe de tempérance, de liberté religieuse, de libre-échange et de suffrage universel. Ainsi il finit par rejeter son passé de militant chartiste.

Jusqu’à la fin de sa vie, Vincent mettra ses talents d’orateur au service de diverses causes libérales. Admirateur de Mazzini, de Garibaldi, de Lincoln, il fait quatre tournées de conférences aux États-Unis, entre 1866 et 1875. Son nom est associé à celui de J.S. Mill* lors de la création de l’Association pour la réforme foncière (Land Tenure Reform Association). On peut noter que son dernier discours, prononcé en 1878, approuve la campagne menée par Gladstone contre les massacres bulgares.

Vincent meurt âgé de soixante-cinq ans. Sa vie peut servir d’illustration à plus d’un aspect du radicalisme ouvrier et petit bourgeois du milieu du XIXe siècle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75871, notice VINCENT Henry, version mise en ligne le 11 janvier 2010, dernière modification le 11 janvier 2010.

ŒUVRE ET BIBLIOGRAPHIE : Vincent a écrit de très nombreux articles de journaux. — W. Dorling, Henry Vincent : A Biographical Sketch, Londres, 1879. — Chartist Studies, A. Briggs ed., Londres, 1959. — J.T. Ward, Chartism, Londres, 1973. — Pressure from Without in Early Victorian England, ed. P. Hollis, Londres, 1974. — J. Epstein, The Lion of Freedom : Feargus O’Connor and the Chartist Movement 1832-1842, Londres, 1982. — D. Goodway, London Chartism 1838-1848, Cambridge, 1982. — Joyce Bellamy, John Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. I.

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