WARD John

Né le 21 novembre 1866 à Weybridge, Surrey ; mort le 19 décembre 1934 à Andover, Hampshire ; syndicaliste et député libéral.

Fils de maçon et audodidacte, John Ward commence à gagner sa vie à douze ans et il travaille dans divers chantiers du royaume comme manœuvre et terrassier. Il s’engage en 1885 pour la campagne du Soudan et en revient avec une décoration.

Sous la double influence de Tom Mann* et John Burns*, Ward adhère à la Fédération social-démocratique (Social Democratic Federation, SDF) en 1886 et l’année suivante, il est désigné par la SDF pour contester publiquement la légalité de la décision du chef de la police de Londres d’interdire les manifestations de chômeurs. En effet, à cette époque, socialistes et radicaux menaient une bataille acharnée dans la capitale en faveur du droit de parole en plein air et de la liberté de manifestation. La manifestation à laquelle participe Ward se déroule le 9 novembre 1887, et lui-même ainsi que George Bateman (l’autre ouvrier désigné) sont arrêtés et condamnés à une amende.

En 1889, Ward fonde le syndicat des terrassiers ; en 1901 il sera élu au comité directeur de la nouvelle Fédération générale des trade-unions (General Federation of Trade Unions) où il siégera pendant vingt-huit ans (de 1913 à 1929) comme trésorier.

Au cours des années 1890, Ward évolue vers des positions plus modérées : abandonnant peu à peu ses convictions révolutionnaires pour une ligne proche du libéralisme, il participe activement à la Ligue nationale démocratique (National Democratic League), fondée par W.M. Thompson, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire radical Reynolds’s Newspaper. L’ambition de Thompson était de bâtir une large alliance englobant socialistes et radicaux. La convention inaugurale, qui se réunit en octobre 1900 sous le patronage d’un nombre imposant de radicaux et de socialistes, désigne Tom Mann comme permanent. En fait le programme de la NDL se borne à proposer des modifications d’ordre législatif et constitutionnel ; aussi les dirigeants du Labour Representation Committee se montrent-ils fort réservés à son endroit. Et c’est seulement dans deux secteurs que la Ligue réussit à se développer : à Londres et dans les bassins houillers du Sud-Galles où la tradition radicale était solidement implantée et où le dirigeant mineur C.B. Stanton fit fonction de conseiller de la Ligue (sur un total de 71 sections à travers la Grande-Bretagne, le pays de Galles en compte 14). En mai 1901 Tom Mann peut annoncer que la Ligue totalise 3 689 adhérents, mais c’est là le maximum qu’elle ait atteint. D’ailleurs quelques mois plus tard Mann émigré en Nouvelle-Zélande et l’arrêt « Taff Vale » vient bouleverser le monde syndical, en mettant désormais l’accent sur les relations professionnelles bien plutôt que sur les revendications constitutionnelles.

Tandis que W.C. Steadman et Richard Bell* sont vice-présidents de la Ligue, c’est Ward qui en devient président en 1902. L’année suivante, Ward demande au congrès annuel du Comité pour la représentation du travail que la Ligue puisse s’affilier au Comité, mais sa motion est repoussée par 118 voix contre 48. Pete Curran* propose alors une autre motion interdisant au Comité tout rapprochement avec une organisation ou une personne alliée soit au parti libéral soit au parti conservateur. Cette résolution, qui emporte les suffrages, est connue sous le nom de Newcastle Resolution et constitue un tournant décisif dans la politique du Labour Representation Committee.

En 1906, Ward est élu député de Stoke-on-Trent ; il s’était présenté avec l’étiquette « Lib-Lab » car il était hostile à la constitution d’un parti ouvrier indépendant. II siège au Parlement jusqu’en 1929 ; à cette date, il est battu par la candidate du parti travailliste, Lady Cynthia Mosley, la première femme d’Oswald Mosley*.

Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, Ward recrute cinq bataillons ouvriers et reçoit le grade de lieutenant-colonel. En route vers l’Extrême-Orient, en 1917, son bateau saute sur une mine mais il finit par atteindre Hong-Kong, d’où il est envoyé à Vladivostok pour servir en Sibérie. Pendant l’intervention alliée contre les bolcheviques, Ward est de fait l’officier britannique du plus haut rang en Sibérie et il se lie d’amitié avec l’amiral Koltchak. Au lendemain de la guerre, il reçoit plusieurs décorations britanniques et alliées, ainsi que le titre d’ataman des cosaques, titre dont il est très fier.

Aux élections législatives de décembre 1918, Ward se présente comme libéral, soutenant la coalition gouvernementale de Lloyd George ; par la suite il se présentera comme candidat indépendant soutenu par les conservateurs et les libéraux. Dans les conflits du travail, il est hostile à la pratique de l’action directe et dès 1920, il se révèle un adversaire acharné du parti communiste. A son libéralisme en politique et en matière d’organisation du travail s’ajoute son hostilité farouche envers la jeune république soviétique.

De haute stature, Ward a gardé jusqu’à sa mort, à soixante-huit ans, une allure militaire. Puissant orateur, il a participé à toutes les grandes campagnes libérales.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75874, notice WARD John, version mise en ligne le 11 janvier 2010, dernière modification le 11 janvier 2010.

ŒUVRE : The Soldier and the Citizen (Citoyen et soldat), Londres, 1914. — With the « Die-Hards » in Siberia (En Sibérie avec les « irréductibles »), Londres, 1920.

BIBLIOGRAPHIE : F. Bealey & H. Pelling, Labour and Politics, 1900-1906, Londres, 1958. — P. Fleming, The Fate of Admirai Koltchak, Londres, 1963. — H. Pelling, The Origins of the Labour Party, 1880-1900, Oxford, 1965. — Dictionary of National Biography, 1931-1940. — Joyce Bellamy, John Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. IV.

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