WELLS Herbert George

Né le 21 septembre 1866 à Bromley, Kent ; mort le 13 août 1946 à Londres ; écrivain socialiste.

D’origine petite bourgeoisie Herbert Wells était le quatrième enfant d’une famille constamment aux prises avec des difficultés financières. Son père, joueur de cricket professionnel en saison, tenait un petit commerce qui périclitait tandis que sa mère, qui avait été femme de chambre, doit retourner chez son ancienne maîtresse comme gouvernante. Par la suite, Wells puisera largement dans son expérience personnelle pour écrire ses romans et les années pénibles de son enfance sont à l’origine de ses options politiques. En dépit des efforts de sa mère qui voulait donner au jeune Herbert un départ « respectable » dans la vie, son instruction n’est guère suivie et dès l’âge de onze ans, il doit tenter divers métiers, dont deux ans chez un marchand de nouveautés. A dix-sept ans, il réussit à entrer comme élève-maître dans un lycée du Sussex, Midhurst Grammar School, où il se passionne pour les sciences. Ses succès aux examens lui valent une bourse, puis un poste de professeur à Kilburn, quartier populaire de Londres, en 1889.

Wells commence alors à écrire, d’abord des articles de journaux, puis des nouvelles. En 1895, il publie « La machine à explorer le temps » (The Time Machine), roman où ses qualités d’imagination s’unissent à ses dons scientifiques. D’un coup, c’est le succès. Wells fait paraître ensuite plusieurs romans et en 1912 « Le nouveau Machiavel » (The New Machiavelli) — ce dernier ouvrage contenant une satire féroce et à peine romancée, de Beatrice et Sidney Webb*. Jeune homme, Wells avait participé à des réunions publiques où il avait entendu William Morris*, G.B. Shaw* et Graham Wallas* et en 1906 il s’engage activement à la Société fabienne mais son enthousiasme est de courte durée. Enfant terrible de la société, il scandalise par ses idées sur le mariage (marié en 1891, il abandonne sa femme deux ans plus tard pour vivre avec une de ses étudiantes et les Fabiens l’accusent de prôner l’union libre). Pour sa part, il s’oppose aux dirigeants de la Société, qualifiés de Old Gang, qu’il accuse de privilégier un terne socialisme municipal (gas and water socialism). Au bout de deux ans, il démissionne avec éclat de la Société qui lui paraît faire fausse route et décide de se consacrer à la littérature dans laquelle il voit le meilleur moyen de propager le socialisme.

La déclaration de guerre en 1914 le plonge dans de grandes hésitations, mais il se rallie à la guerre et adopte une ligne patriotique, comme l’atteste son roman « Mr Britling va jusqu’au bout » (Mr Britling sees it through), publié en 1916. Il se convainc alors que la voie de l’émancipation et du socialisme passe par l’éducation. Pendant vingt ans, il développera inlassablement ce thème, car, comme il le dit, la civilisation est « une course entre l’éducation et la catastrophe ».

L’avènement de la Seconde Guerre mondiale l’affecte durement. Bien qu’il continue d’écrire jusqu’à sa mort, ses dernières années sont assombries par la maladie et le découragement. Il conserve pourtant assez d’espoir en l’avenir pour se faire conduire au bureau de vote en 1945 afin de voter travailliste.

Si Wells figure dans l’histoire du mouvement ouvrier britannique, c’est essentiellement en raison de ses livres et de son activité militante au tournant du siècle, et fort peu pour sa participation à la Société fabienne sur laquelle on a mis à tort l’accent. Iconoclaste, il aimait à railler la société de classes, la religion, le mariage, auxquels il voulait substituer un régime républicain, la foi dans le progrès scientifique et un système de bien-être pour tous (y compris par des allocations pour les mères de famille). C’est pour ce rôle de propagandiste que Margaret Cole — elle-même convertie au socialisme par Wells — a fait entrer Wells dans son ouvrage « Les bâtisseurs du mouvement ouvrier », Makers of the Labour Movement (1948).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75884, notice WELLS Herbert George, version mise en ligne le 11 janvier 2010, dernière modification le 11 janvier 2010.

ŒUVRE : Wells a écrit plus d’une centaine d’ouvrages dont la plupart reflètent ses idées et dont plusieurs ont été traduits en français. Il raconte sa vie dans Experiment in Autobiography, 2 vol., Londres, 1934. — Voir : H.G. Wells : A Comprehensive Bibliography, avec introduction de Kingsley Martin, Londres, 1968.

BIBLIOGRAPHIE : Jean-Pierre Vernier, H.G. Wells et son temps, Rouen, 1972. — N. & J. Mackenzie, The Time Traveller : The Life of H.G. Wells, Londres, 1973. — Dictionary of National Biography, 1941-1950.

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