WHEATLEY John

Né le 19 mai 1869 à Bonmahon, comté de Waterford, Irlande ; mort le 12 mai 1930 à Shettleston, près de Glasgow ; dirigeant socialiste.

Fils aîné d’un mineur irlandais, John Wheatley quitte définitivement l’Irlande à sept ans quand ses parents émigrent en Ecosse et se fixent dans le village minier de Bargeddie, Lanarkshire, où le père trouve du travail à la mine. Le jeune garçon va tous les jours à pied à l’école catholique de Baillieston. L’extrême pauvreté dans laquelle vit la famille avec ses dix enfants entassés dans un misérable taudis marque pour la vie John Wheatley en l’orientant vers le socialisme. Dès qu’il a onze ans, il entre à son tour à la mine, mais il consacre ses soirées à parfaire son instruction et lit avec avidité. Il quitte la mine à vingt-quatre ans, trouve un emploi d’employé de commerce et tente d’ouvrir une petite épicerie à son compte. Mais il échoue et se place comme reporter, puis démarcheur en publicité pour un journal catholique de Glasgow. Enfin, en 1902 (il s’est marié en 1896) il fonde avec un ami une imprimerie qui, après des débuts difficiles, va prospérer. Il est désormais tiré d’affaire sur le plan financier.

Pendant des années Wheatley s’était intéressé avant tout à la question irlandaise et il militait activement pour l’United Irish League, organisation puissante parmi les immigrants irlandais du Sud-Ouest de l’Ecosse. Ce n’est qu’à l’âge de trente-huit ans que Wheatley adhère à l’lndependent Labour Party (ILP) qui, à cette date (1907) est solidement implanté dans toute la région de Glasgow. Wheatley ne tarde pas à s’assurer une position dominante dans le parti, tout particulièrement comme spécialiste de politique municipale. Il fonde avec son frère Patrick, Stephen Pullman et William Regan, la Catholic Socialist Society dont il est le premier président. Sa personnalité attachante et son dynamisme contribuent grandement à décider les ouvriers irlandais pauvres à entrer au parti travailliste. Comme dirigeant de l’association des catholiques socialistes, il a fréquemment maille à partir avec le clergé local.

Wheatley est élu en 1910 au conseil général du Lanarkshire (Lanarkshire County Council) et lorsque la ville de Glasgow absorbe administrativement le district de Shettleston, Wheatley poursuit son activité au conseil tout en jouant un rôle important dans la section de Glasgow du parti travailliste ; à la veille de la guerre, il préside même le groupe Labour du conseil municipal. Il s’affirme un partisan convaincu de la municipalisa-tion, tout particulièrement dans le domaine du logement.

De 1914 à 1918, Wheatley adopte les positions militantes de l’aile gauche de l’ILP. Au lendemain de la guerre, il est candidat aux élections législatives de 1918 dans la circonscription de Shettleston ; battu de soixante-quatorze voix seulement, il prend sa revanche en 1922, et entre à la Chambre des Communes en compagnie de plusieurs députés écossais de la gauche socialiste et révolutionnaire qui forment le groupe dit des « Clydesiders ». Wheatley, qui s’impose vite par sa puissance oratoire et sa connaissance technique de l’administration locale, devient un expert en matière de logement et de finances locales. Aussi, dans le premier gouvernement travailliste (1924) Ramsay MacDonald* le nomme-t-il ministre de la Santé (c’est le seul poste ministériel donné à un représentant de la gauche du parti). De fait le choix de MacDonald s’avère judicieux, car Wheatley réussit à faire voter une loi importante sur le logement, qui constitue le seul succès du ministère travailliste sur le plan de la politique intérieure. Avec le retour des conservateurs au pouvoir, Wheatley reprend sa place sur les bancs de l’opposition auprès de ses collègues de l’ILP, eux-mêmes de plus en plus critiques vis-à-vis de la direction travailliste. Quant à Wheatley, lui aussi critique sévèrement MacDonald, attitude qui lui aliène une partie du groupe parlementaire et lors de la formation du deuxième gouvernement travailliste de 1929, aucun portefeuille ministériel ne lui est proposé.

Sa fidélité sans défaillance aux positions de l’aile gauche du Labour, son amitié pour James Maxton*, le chef de l’ILP, les déceptions causées par le modérantisme de la direction travailliste, amènent Wheatley à glisser vers un socialisme de plus en plus révolutionnaire. C’est lui l’un des animateurs de la campagne lancée en 1928 par Cook* et Maxton en vue de relancer la ferveur socialiste dans le Labour. Divers indices permettent de penser — sans qu’il y ait des preuves certaines — que Wheatley envisageait très sérieusement de substituer au Labour Party une nouvelle force politique de gauche. Mais depuis des années sa santé laissait à désirer et il meurt brusquement à soixante et un ans.

Wheatley a été sans aucun doute le plus habile tacticien de l’ILP et sa disparition crée dans le mouvement un vide qui n’a jamais été comblé.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75886, notice WHEATLEY John, version mise en ligne le 11 janvier 2010, dernière modification le 11 janvier 2010.

BIBLIOGRAPHIE : J. Scanlon, Decline and Fall of the Labour Party, Londres, 1932. — L. McNeill Weir, The Tragedy of Ramsay MacDonald, Londres, 1938. — A. Fenner Brockway, Inside the Left, Londres, 1942. — R.W. Lyman, The First Labour Government 1924, Londres, 1957. — R.K. Middlemas, The Clydesiders, Londres, 1965. — R.E. Dowse, Left in the Centre, Londres, 1966. — J. Hinton, The First Shop Stewards’ Movement, Londres, 1973. — Dictionary of National Biography, 1922-1930. — Joyce Bellamy, John Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. VII.

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