WILKINSON Ellen Cicely

Née le 8 octobre 1891 à Manchester ; morte le 6 février 1947 à Londres ; dirigeante syndicaliste, député travailliste.

D’origine irlandaise par sa mère, Ellen Wilkinson naît en milieu ouvrier. Elle entre au lycée avec une bourse pour être ensuite admise à l’Université de Manchester où elle étudie l’histoire.

Ayant adhéré en 1912 à l’Independent Labour Party, elle entame en 1913 sa carrière politique à Manchester comme agent électoral des Sociétés pour le droit de vote des femmes. Elle quitte ce poste quand la guerre éclate. En 1915, elle est nommée permanente nationale de l’Union des employés des coopératives (Union of Co-operative Employees) bientôt élargie et transformée en Syndicat des employés de magasin (National Union of Distributive and Allied Workers) et jusqu’à sa mort elle continuera de faire partie du bureau du syndicat. Socialiste militante, elle compte parmi les fondateurs du Parti communiste britannique en 1920 et parmi les premiers adhérents de la section britannique de l’Internationale syndicale rouge. On la trouve aussi parmi les dirigeants de l’Entraide internationale ouvrière, de la Plebs League (qui s’occupe de l’éducation ouvrière) et de la Guilde des coopératrices. Dans les années de l’immédiate après-guerre les sections travaillistes accueillaient assez facilement les communistes et Ellen Wilkinson participe, en 1920, à la commission du Labour pour l’Irlande et plus tard, à Washington, elle témoigne sur la question irlandaise devant la Commission indépendante américaine.

En 1923, elle représente le Parti communiste (CPGB) au conseil municipal de Manchester mais se fait battre aux élections législatives. L’année suivante, elle quitte le CPGB auquel elle reproche « son exclusivisme et ses méthodes dictatoriales » qui « rendent impossible l’union de tous les éléments progressistes en une véritable formation de gauche ». La même année, elle entre à la Chambre des Communes comme député travailliste de Middlesbrough-est et conserve son siège jusqu’en 1931. Dans l’entre-deux-guerres, « Red Ellen » continue de s’affirmer une farouche propagandiste d’extrême gauche et une féministe fougueuse, mais ses convictions extrémistes sont tempérées par son charme personnel et sa force de persuasion due au caractère attachant de sa personnalité.

Après son échec électoral de 1931, Ellen Wilkinson retourne à des responsabilités syndicales tout en participant activement aux luttes politiques de cette décennie agitée. En 1933, elle se rend en Allemagne pour y soutenir les sociaux-démocrates ; elle va ensuite en Inde pour répondre à l’invitation de Gandhi et contribue à Londres à l’organisation du fameux « pseudo-procès Dimitrov », procès qui joue un rôle important dans le développement de l’antinazisme en Grande-Bretagne.

En 1934, elle fait partie de la mission travailliste envoyée en Espagne pour enquêter sur les massacres des Asturies et dès 1936 elle fait cause commune avec les Républicains espagnols. En 1935 elle retourne à Westminster comme député de Jarrow-on-Tyne et l’année suivante, elle organise la fameuse marche de la faim (The Jarrow March) qui attire l’attention du pays sur la condition des chômeurs. Trois ans plus tard, sous le titre « La ville assassinée », elle écrira l’histoire de Jarrow. Avec Stafford Cripps*, Harold Laski* et d’autres figures de la gauche travailliste, Ellen Wilkinson s’oppose avec passion à la politique modérée et prudente des dirigeants du Labour. Quand est fondé, en 1937, l’hebdomadaire Tribune, elle fait partie du comité de rédaction.

Pendant toute cette période, Ellen Wilkinson a souvent fait alliance avec les communistes dans ses campagnes contre le chômage ou contre la politique d’« apaisement ». Mais au début de la Seconde Guerre mondiale, elle condamne sévèrement la position du CPGB. Pour elle, la guerre est fondamentalement une guerre antifasciste, à laquelle les socialistes doivent apporter un concours sans réserve. En mai 1940, lorsque Winston Churchill constitue un gouvernement d’union nationale, Ellen Wilkinson est d’abord nommée secrétaire parlementaire du ministre des Pensions, puis elle devient secrétaire parlementaire d’Herbert Morrison*, ministre de l’Intérieur, avec qui elle s’était liée depuis plusieurs années. A ce poste, elle souffre de graves accidents de santé : au lieu d’en tenir compte, elle continue de se surmener. Si bien qu’en 1945, nommée ministre de l’Éducation dans le Cabinet Attlee*, elle n’est pas en mesure d’introduire des mesures très novatrices pour démocratiser le système scolaire, et en février 1947, très gravement affaiblie par la maladie, Ellen Wilkinson meurt après avoir absorbé (accidentellement ?) une trop forte dose de médicaments.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75890, notice WILKINSON Ellen Cicely, version mise en ligne le 11 janvier 2010, dernière modification le 11 janvier 2010.

ŒUVRE : Peeps at Politicians (Regard sur les politiciens), Londres, 1930. — Why Fascism ? (Pourquoi le fascisme ?), en coll. avec E. Conze, Londres, 1934. — The Town that was Murdered (La ville assassinée), Londres, 1939.

BIBLIOGRAPHIE : M. Foot, Aneurin Bevan, vol. 1, Londres, 1962, vol. 2, Londres 1973. — B. Donoughue et G.W. Jones, Herbert Morrison : Portrait of a Politician, Londres, 1973. — B. Vernon, Ellen Wilkinson, 1891-1947, Londres, 1982. — Dictionary of National Biography, 1941-1950.

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