Né en 1854 à Londres ; mort le 4 novembre 1917 à Woodford, Essex ; socialiste.
Le père de « Jack » Williams, un cordonnier, ayant été tué à la guerre de Crimée, le jeune garçon connaît une enfance misérable et, à sept ans, il fait connaissance avec l’asile des pauvres (workhouse) où il apprend à lire et écrire. La lecture des journaux nationalistes irlandais éveille sa conscience politique et fait de lui un révolutionnaire spontané, spécimen fort rare dans le paysage politique britannique. Dans les années 1870, le radicalisme apparaissait comme le nec plus ultra de la démocratie et Williams adopte pêle-mêle une série d’idées avancées ; ce n’est que vers 1879 qu’il adhère à la section anglaise du Club socialiste allemand de Rose street, où il trouve une philosophie cohérente et unifiée de la société. Williams compte parmi les pionniers du socialisme en Angleterre : en 1881, il s’associe à Hyndman* et à quelques autres pour fonder la Fédération démocratique (Democratic Federation), groupement de radicaux avancés qui évolue très vite dans un sens socialiste. Williams s’en fait un propagandiste vigoureux et convaincu, il prend fréquemment la parole dans les rues de la capitale et se montre un militant désintéressé, entièrement dévoué à la cause du socialisme révolutionnaire.
En 1884, le mouvement se transforme en organisation spécifiquement socialiste sous le nom de Social Democratic Federation ; Williams fait partie du premier comité exécutif et quand, à la fin de l’année, la moitié des dirigeants de la SDF — dont William Morris* et Eleanor Marx* — font sécession pour aller fonder la Socialist League, Williams demeure fidèle à Hyndman.
Jack Williams se présente aux élections législatives de 1885 dans la circonscription ultrabourgeoise de Hampstead et recueille vingt-sept voix ! Mais c’est surtout l’époque où l’on bataille ferme chez les radicaux et les socialistes de Londres pour la liberté d’expression et Williams participe à fond à ce combat, ce qui lui vaut d’être emprisonné à plusieurs reprises. Rémunéré par la SDF comme permanent, il déploie son activité tantôt à Londres et tantôt en province. On le trouve mêlé aux grands événements politiques et il acquiert une réputation nationale. Après 1890, s’il est toujours présent sur la scène politique, son audience a baissé. En 1906 il se présente en vain aux élections législatives, mais l’année suivante il est élu au Bureau des Gardiens des Pauvres de West Ham.
Jusqu’au bout Jack Williams est resté un fidèle de la SDF, contribuant à l’influence du mouvement, notamment à la diffusion du marxisme, mais en subissant bientôt la concurrence de la Société fabienne, de l’Independent Labour Party et du parti travailliste. En dépit de son sectarisme et de son dogmatisme, la SDF a contribué à développer une conscience socialiste dans la classe ouvrière britannique, et Jack Williams, quant à lui, a été l’un des artisans généreux et désintéressés de cette cause.
ŒUVRE : Williams a surtout écrit dans Justice, le périodique de la SDF ; son article du 21 juillet 1894, « How I became a Socialist », a été reproduit sous forme de brochure.
BIBLIOGRAPHIE : John E. Williams and the Early History of the Social Democratic Federation, Londres, 1886, 14 pp. — H.M. Hyndman, The Record of an Adventurous Life, Londres, 1911. — Idem, Further Reminiscences, Londres, 1912. — H.W. Lee & E. Archbold, Social-Democracy in Britain, Londres, 1935. — C. Tsuzuki, H.M. Hyndman and British Socialism, Oxford, 1961. — Joyce Bellamy, John Saville (éd.), Dictionary of Labour Biography, t. VI.