Par René Lemarquis
Né le 20 mars 1897 à Bourges (Cher), mort le 24 mars 1980 à Lapan (Cher) ; ouvrier tourneur ; élève de l’École léniniste internationale de Moscou, 1927-1930 ; responsable régional de la Région troyenne du PC (1930-1934).
Fils d’un manœuvre et d’un ménagère, ouvrier tourneur, Sylvan Péronnet milita d’abord à Creil (Oise) où il était secrétaire de la section communiste locale et secrétaire régional du PC en 1926. À Paris en 1927, il fut membre de la Région Paris-ville du Parti.
En septembre, il se rendit en URSS à l’occasion du 10e anniversaire de la Révolution. Élève de l’École léniniste internationale, il appartenait au deuxième contingent, prévu pour une durée de trois ans, et qui comprenait quatre militants : Louis Monnereau, Sylvan Péronnet, Henriette Carlier et Servet. Il suivit les cours de formation théorique pendant six mois puis fit un stage d’un mois dans une usine mécanique à Toula. Constatant au cours de ce stage, la faiblesse de la formation des ouvriers soviétiques, il en serait venu à affirmer qu’il ne voudrait ni travailler ni vivre dans les conditions imposées aux ouvriers russes. En juillet 1928, il avait sollicité le renouvellement de son passeport pour travailler à Moscou où il séjourna jusqu’en 1930 comme chef d’atelier dans une usine métallurgique. Avec René Dillen (Depierre) et Bonnard (pseudonyme) Péronnet refusa de participer à la campagne pour le troisième emprunt dans le cadre de l’émulation socialiste. Lors de la réunion du Groupe national français de l’ELI du 15 novembre 1929, il argumenta tout d’abord en évoquant sa situation familiale (sa femme était enceinte). Mais il finit par faire son autocritique, tout comme René Dillen.
"Très faible théoriquement avant mon départ à l’école, je suis revenu avec un bagage théorique important" écrivit-il.
Après la première « crise Plard » d’avril 1930 (voir la biographie de René Plard, député maire de Troyes dans le DBMOF), Sylvan Péronnet vint remplacer Fréchard* à la tête de la Région troyenne du PC. Il militait également au syndicat unitaire des Métaux de Troyes. Le 23 décembre 1930 il intervint au meeting du 10e anniversaire du PC et le 14 janvier 1931 il était arrêté à la suite du compte rendu de cette réunion dans La Dépêche de l’Aube. Le 27, il était condamné à un an de prison. Le 8 janvier 1932 il sortit de prison et prit la parole le soir même à un meeting au Palace. Au congrès national de Paris de mars 1932, il fut élu au comité central du PC
Quand la crise définitive éclata, Sylvan Péronnet fut l’adversaire acharné de Plard. Il s’efforça avec Navoizat de reconstruire l’organisation communiste. En mars, il fut remplacé à la direction régionale par Navoizat et revint à Paris. Il fut élu conseiller municipal de Villepinte en 1932.
Albert Vassart lui consacre un passage dans ses Mémoires : « On avait envoyé dans la région deTroyes, un bon militant parisien rentré de l’École internationale, Peyronnet [en fait Péronnet], en l’assurant qu’il serait aidé suffisamment pour qu’il n’ait pas de gros soucis matériels ; en fait on ne put pendant plusieurs mois lui accorder aucune aide et comme le peu de ressources que Peyronnet put trouver sur place était absorbé par la nécessité de payer des dettes criardes, Peyronnet connut sur place une vie infernale mangeant le moins possible dans un mauvais restaurant où le patron sympathisant lui accordait un peu de crédit, couchant dans un réduit infect. Il résista cependant pendant longtemps, puis disparut de la région ; on le retrouva beaucoup plus tard, dans une usine de la région parisienne, complètement démoralisé par cette expérience provinciale et bien décidé à ne plus jouer au révolutionnaire professionnel » (manuscrit, p. 370). Ajoutons qu’il avait reçu un blâme pour "négligence" face à l’opposition de Plard, interdiction de tout poste responsable pendant 1 an 1934.
Son épouse était caoutchoutière.
Retourna-t-il dans sa ville natale ? On trouve en 1941, 7 boulevard Maréchal Foch à Bourges un Fernand Péronnet dans une liste de police qui comporte des erreurs de prénoms. Il fut arr^té par la Feldgendarmerie le 22 juin 1942 dans le cadre qu’une grande rafle des communistes du Cher. Sans doute fut-il emmené à la prison du Bordiot puis au camp de Compiègne comme ses camarades. Il fut libéré le 18 août 1942.
Par René Lemarquis
SOURCES : RGASPI, 495 270 1832. et 531 1 174 — Arch. Dép. Cher, série W. — La Dépêche de l’Aube, 1930-1934. — Albert Vassart, Mémoires, op. cit. — BEIPI, 1-15 juin 1953. — Notes de Claude Pennetier.