GUILLE Jean, Alphonse, Zéphyr, Georges

Par Jacques Girault, Raymond Huard

Né le 9 août 1908 à Villers-sur-Fère (Aisne), mort le 5 juin 1978 à Montauban-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) ; professeur, inspecteur d’académie, puis proviseur de lycée ; résistant ; militant laïque ; militant communiste en Haute-Marne, dans les Hautes-Alpes et dans le Gard ; conseiller municipal de Chaumont, puis de Nîmes.

Jean Guille
Jean Guille
en 1967

Ses parents étaient instituteurs. Son père, gazé au front, mourut en 1928, à cinquante-deux ans. Jean Guille, élève à l’école primaire supérieure de Vervins (Aisne), entra à l’École normale d’instituteurs de Laon, puis intégra en 1928 l’École normale supérieure de Saint-Cloud (lettres). Il suivit à la Sorbonne, les cours d’historiens et de géographes éminents : Léon Cahen, Pierre Renouvin, Albert Mathiez, Albert Demangeon, Emmanuel de Martonne, André Cholley. Il se spécialisa en géographie et prépara aussi un professorat de travail manuel. Il fréquenta les réunions politiques parisiennes et connut Jean Bruhat, alors élève à l’ENS Ulm. Il enseigna ensuite en école normale, prépara parallèlement l’agrégation d’histoire et géographie, à laquelle il fut admis en 1939.

À l’issue de son service militaire où il fut radié des EOR pour avoir assisté à une conférence pacifiste, il épousa en août 1932 à Château-Thierry (Aisne) Lise Lescarcelle, professeur d’anglais avec qui il eut deux enfants.

Mobilisé en 1939, Jean Guille fut blessé pendant la campagne de France. Démobilisé, il enseigna au collège d’Arsonval à Saint-Maur jusqu’en 1944, date à laquelle il revint dans le village de ses parents à Coincy (Aisne). Il adhéra au Parti communiste français en 1943 et participa aux actions du groupe FFI E 10 de zone Nord jusqu’à la Libération.

En 1945, il fut nommé inspecteur d’académie de la Haute-Marne. Membre du comité de section communiste de Chaumont, il fut candidat aux élections municipales de 1947 à Chaumont, en quatrième position sur la liste « d’Union républicaine et résistante et de défense des intérêts communaux ». Il fut élu, en deuxième position de la liste qui eut quatre élus, et fit partie du conseil municipal jusqu’à la fin du mandat en 1953.

Guille fut révoqué de ses fonctions professionnelles en 1951 pour des raisons exclusivement politiques, illustrant le tournant politique à partir de 1947, Cette décision, qui souleva une grande émotion dans les syndicats de fonctionnaires, fut annulée par le Conseil d’État en 1954 (arrêt Guille qui fit jurisprudence). Nommé à la Réunion, il refusa cette nomination qu’il considérait comme une sanction et devint proviseur du lycée de garçons de Gap (Hautes-Alpes) puis en 1956, du lycée Alphonse Daudet de Nîmes (Gard), où il demeura jusqu’à sa retraite en 1968. Secrétaire de la section académique de Montpellier et membre de la direction nationale du Syndicat des proviseurs et principaux et avait des responsabilités dans la Fédération de l’Education nationale.

Jean Guille, membre du comité puis du bureau de la section communiste de Gap, entra au comité de la fédération communiste des Hautes-Alpes en 1953. Membre du comité de la section communiste de Nîmes-Ouest, il participait, avec sa femme, à une réunion des enseignants communistes du Gard, en octobre 1959, selon le rapport d’Alfred Sorel*. Vice-président de la Fédération des œuvres laïques du Gard, il participa à l’activité d’éducation populaire, soutint le mouvement gardois pour la paix en Algérie, ce qui lui valut des menaces de mort par l’OAS.

Il fut élu dans la municipalité d’union à direction communiste dirigée par Emile Jourdan en 1965, et devint huitième adjoint, délégué aux finances et rapporteur du budget. En outre, membre des commissions des adjudications, des sports, de la bibliothèque, de l’aménagement du foyer communal, il fut membre de la commission paritaire et de la Caisse des écoles. Le 27 janvier 1968, le journal de droite L’Echo du Midi annonça qu’il venait de démissionner de son poste d’adjoint mais restait conseiller municipal. Il s’agissait, selon le journal, de permettre à un autre élu communiste d’exercer pleinement la délégation des travaux et d’un exemple de mise à l’écart des intellectuels. Lors de la réunion du conseil municipal qui suivit, Guille, dans son intervention, reprenait les termes de sa lettre aux conseillers municipaux où il indiquait que sa démission s’expliquait par son mauvais état de santé et que les intellectuels avaient toute leur place dans le PCF.

À cette époque, il participa très activement à la rédaction des documents scolaires EDSCO, dirigés par le père de son gendre, Lucien Sève. Il donna également aux Cahiers Hauts-Marnais (n° 184, 1971) des études de géographie rurale. Ses dernières années furent consacrées à la présidence de la section nîmoise de l’Association républicaine des anciens combattants. Dans ce cadre, il s’intéressa alors aux origines cévenoles d’Henri Barbusse (article dans Europe, septembre 1974).

Jean Guille, toujours militant communiste, décéda dans un accident de voiture.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75927, notice GUILLE Jean, Alphonse, Zéphyr, Georges par Jacques Girault, Raymond Huard , version mise en ligne le 17 janvier 2010, dernière modification le 13 juillet 2021.

Par Jacques Girault, Raymond Huard

Jean Guille
Jean Guille
en 1967

ŒUVRE : Documents Edsco, La terre, Les Céréales, Le Charbon, La région du Nord de la France, La région méditerranéenne.

SOURCES : Arch. com. Chaumont (Michel Parrois) et Nîmes (Patrick Vazeilles). — Archives du comité national du PCF. — Presse gardoise, Midi Libre et La Marseillaise (notamment de l’année 1965). — Arrêts du Conseil d’État. — Souvenirs inédits de Jean Guille sur sa vie (tapuscrit), témoignage de son épouse. — Bulletin des anciens élèves de l’ENS de Saint-Cloud, 1979 . — Notes de Françoise et Lucien Sève.

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