Par Claude Pennetier
Né le 27 décembre 1896 à Paris (XIe arr.), fusillé le 15 décembre 1941 à Châteaubriant (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique) ; membre du comité central du Parti communiste (1926-1932) ; élève de l’École léniniste internationale en 1930 ; secrétaire de la 3e Union régionale CGTU (1926-1934), secrétaire de la Fédération CGT des Produits chimiques (1936-1939).
Fils d’un ouvrier jardinier travaillant chez Moser à Versailles et d’une femme de ménage-concierge, René Perrouault fréquenta l’école primaire, un cours supérieur et l’école technique d’apprentissage Diderot de Paris. commença à travailler en 1911. « Ma première éducation, je l’ai reçue de mes grands-parents pauvres qui étaient arrivés à la pensée révolutionnaire. Ensuite, je me suis éduqué par mes propres moyens. J’ai lu beaucoup d’ouvrages de Lénine et quelques œuvres de Marx et d’Engels, mais très incomplètement ». Il se syndiqua en 1915.
Mobilisé pendant la Première Guerre mondiale, il fut incorporé le 12 avril 1915 au 17e bataillon de chasseurs à pied. Il fut affecté spécial aux Établissements militaires de Bourges (Cher) en 1916 et fut une organisation des mouvements de protestation contre la guerre. Il occupa la fonction de trésorier du groupe pacifiste Ce qu’il faut dire de la ville avant d’être renvoyé à son dépôt en mars 1917 où il fut « un défaitiste isolé » (questionnaire biographique de 1932). Il fut démobilisé le 22 septembre 1919 avec le grade de brigadier. Dans une autobiographie de 1930, il déclara avoir adhéré pendant trois mois au Parti socialiste en 1917 (à Bourges) puis à la Fédération communiste des soviets (il citait le nom d’Alexandre Lebourg) et fréquenté Ernest Girault. Membre du comité de la IIIe Internationale, il adhéra au Parti communiste SFIC dès 1921. Il fut secrétaire de la section ARAC de Versailles.
Tourneur dans diverses usines de la région parisienne (Air liquide à Boulogne-sur-Seine, Panhard-Levassor à Paris, Renault Billancourt, Saurer à Suresnes…), très actif pendant les grèves de 1920, secrétaire de la Bourse du Travail de Versailles (Seine-et-Oise) de 1922-1924, il fut élu en 1922-1923 membre de la commission exécutive de la Fédération unitaire des Métaux et réélu au congrès de juillet 1923. Il était secrétaire adjoint de l’Union départementale des syndicats unitaires de Seine-et-Oise en 1923 et 1924. Fin 1924, secrétaire du rayon de Versailles, il suivit les cours de l’École léniniste de Bobigny et fut peu après envoyé à Villeurbanne (Rhône) puis, en février 1925, partit pour Le Creusot comme délégué à la propagande en remplacement d’Edmond Ginestet. Il participa aux congrès nationaux de Clichy (1925) et de Saint-Denis (1929).
Perrouault venait de regagner Paris et d’intégrer le 42erayon communiste lorsqu’à l’issue d’une réunion à Clichy, distribuant des tracts, il fut arrêté. Envoyé ensuite à Nancy (Meurthe-et-Moselle), il travailla un temps aux aciéries de Neuves-Maisons d’où il fut licencié. Il devint le 9 mai 1926, au congrès constitutif de la 3eUnion régionale, secrétaire permanent de cette union (voir Dœble) et allait le rester durant huit années. Il dirigea ainsi le mouvement syndical unitaire de Meurthe-et-Moselle, Meuse et Vosges. Son intervention à la conférence nationale communiste tenue en janvier 1928 fut consacrée à la faiblesse du parti lors des grèves de Moselle. Il participa à de nombreux congrès nationaux et fut élu au comité central du Parti communiste lors du Vecongrès (Lille, juin 1926) puis réélu au VIe(Saint-Denis, avril 1929) où il analysa les conséquences de “l’affaire Jacob*”. Le 9 juin 1929, il participa à la réunion des dirigeants communistes à Achères (Seine-et-Oise) et fut inculpé en décembre de complot contre la sûreté de l’État. Il se réfugia dans la clandestinité mais fut arrêté le 27 mars 1930 à Saint-Dié (Vosges). Une manifestation de 5000 personnes exigea et favorisa sa libération. En septembre 1929, puis en septembre 1933, il fut réélu à la commission exécutive des Métaux. En octobre 1931, il se présenta aux élections cantonales à Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle). Candidat aux élections législatives dans la 3ecirconscription de Nancy en 1932, il recueillit 2 833 voix sur 29 506 inscrits.
Une note de mars 1932 figurant dans les archives du Komintern, suggère qu’il a été élève de l’École léniniste internationale de Moscou vers 1930 sans qu’on puisse en préciser la date : « Est secrétaire de l’Union régionale de l’Est. Très bon militant malgré une série de faiblesses. Est membre du CC. À beaucoup appris à Moscou. C’est un bon dirigeant syndical de région. Aidé, appuyé, il peut faire mieux ». Son séjour à Moscou pourrait se situer en 1930. Il rédige une autobiographie à Moscou en mars 1930 et remplit un autre questionnaire le 30 novembre 1930 (à Paris ?). Une autre note de 1934 précise : « Donner par le service français comme douteux. Mais dans le dossier ne se trouve qu’un questionnaire rempli par Perrouault et qui ne contient rien de suspect (…) Demander à Havez pour quelles raisons il considère Perrouault comme douteux. Donner l’ordre au service de France de faire unes enquête sur Perrouault et de le surveiller ».
Au printemps 1934, Perrouault quitta Nancy pour occuper le poste de Charles Tillon* au bureau de la CGTU au sein duquel, il suivit les problèmes du chômage. En 1935, il fut désigné comme l’un des secrétaires du comité national de lutte contre la guerre et le fascisme (voir Octave Rabaté*). En 1936, il devint secrétaire de la Fédération CGT des produits chimiques, fonction qu’il conserva jusqu’à la dissolution de la fédération le 8 décembre 1939. Il fut membre du Conseil national économique de 1938 à 1940 (15esection professionnelle - industries chimiques).
Perrouault poursuivit clandestinement ses activités en région parisienne. Il fut arrêté le 18 avril 1940 et inculpé de reconstitution de ligue dissoute et de propagande communiste. Il parvint à s’évader lors de l’exode et regagna Paris, mais fut arrêté à nouveau le 5 octobre. Interné à Aincourt, Fontevrault (4 décembre), Clairvaux (20 janvier 1941), il fut transféré le 14 mai 1941 au camp de Choisel à Châteaubriant où il fut fusillé comme otage le 15 décembre.
Par Claude Pennetier
SOURCES : RGASPI, Moscou : 495 270 696 ; une évaluation de 1932 se trouve par erreur dans le dossier de Louis Perrault, 495 270 680 ; une fiche de police le concernant figure au dossier 517 1 846. — Arch. Dép. Meurthe-et-Moselle, 10 M 86, 10 M 100. — Arch. Dép. Cher, 25 M 48. — Arch. J. Maitron. — Arch. Seine-Saint-Denis, fonds ex.BMP, microfilm n° 270. — L’Humanité, 17 janvier 1922. — La Lorraine ouvrière et paysanne, 1926-1932. — L’Est ouvrier et paysan, 1933-1934. — Le Réveil ouvrier, 14 décembre 1946. — Cl. Pennetier, Le Socialisme dans le Cher, 1851-1921, op. cit. — Fernand Grenier, Ceux de Châteaubriant, Éditions sociales, 1971 [Icon.]. — S. Courtois, La Politique du PCF et ses aspects syndicaux, Th., op. cit. — Notes de Sylvain Boulouque.