PETIT Robert, Gaston, Gustave. Pseudonyme : BOB (version DBK)

Par Michel Dreyfus

Né le 21 juin 1893 à Saint-Symphorien, commune de Tours (Indre-et-Loire), mort le 3 février 1951 en Hongrie ; membre du bureau du Groupe communiste français de Moscou en 1918-1919 ; employé par le comité exécutif de l’Internationale communiste comme rédacteur de La Correspondance internationale en 1921 à Berlin et à partir de 1926 à Paris.

Après avoir travaillé dans une compagnie d’assurance, Robert Petit fut affecté en 1915 comme secrétaire au Grand quartier général à Chantilly où il rencontra Pierre Pascal. Puis, il fit partie d’une mission militaire qui arriva à Saint-Pétersbourg en septembre 1917. Deux mois plus tard les bolcheviks prenaient le pouvoir. L’éloignement géographique du pays, la nouveauté de la situation donna à cette mission de grandes responsabilités politiques : fallait-il ignorer les bolcheviks ou négocier avec eux ? Les soldats R. Petit et Marcel Body, le lieutenant

P. Pascal* et le capitaine J. Sadoul* se trouvèrent au cœur de péripéties politico-militaires où les initiatives individuelles prirent une importance exceptionnelle.

Entraîné par Sadoul* et Pascal*, Petit adhéra en octobre 1918 au Groupe communiste français de Moscou, fondé le 30 août précédent par Jeanne Labourbe et Inessa Armand* et se consacra à la défense de la Révolution russe. Il travailla au commissariat des Affaires étrangères dirigé par Tchitchérine puis pour l’IC créée en mars 1919. Avec Pascal*, il fit aussi quelques incursions à la Tchéka, la police politique. Le Groupe communiste français de Moscou fit paraître de nombreux tracts, brochures et journaux dont le plus important était le journal IIIe Internationale. Le 19 juin 1920, avec d’autres membres du Groupe, Petit prit part à une réunion du Comité exécutif durant laquelle Lénine* s’entretint avec Marcel Cachin et L.-O. Frossard, venus négocier l’adhésion de la SFIO à l’IC.

En 1919, Petit fut mêlé à une sordide histoire d’argent, « l’affaire du trésor de l’ambassade ». La Tchéka avait fait main basse sur des sommes d’argent ainsi que du platine, métal rare et précieux, lors de perquisitions aux consulats français de Pétrograd et de Moscou. En contact avec la Tchéka, les membres du Groupe parvinrent à se faire remettre une partie de ces sommes qu’ils pensaient utiliser pour aider les Français nécessiteux en Russie et organiser la propagande en France. Air du temps, les autorités politiques — PC russe, IC, gouvernement bolchevique — n’en surent rien. Petit agit avec beaucoup de légèreté en proposant à Marcel Body de se servir dans ce trésor de guerre. Sadoul* dénonça le Groupe devant le CC du Parti russe. Comme les autres, Petit dut subir un interrogatoire individuel mené par Boukharine et Eléna Stassova*. Même si cette affaire se termina bien — Djerzinski fit devant le comité central un rapport innocentant tout le monde — elle laissa des traces. Le Groupe fut dissout et reconstitué sur d’autres bases.

Le 7 septembre 1921, Petit fut envoyé à Berlin, où avait été créé le Bureau de l’IC pour l’Europe de l’Ouest (WEB) afin de « fonder Inprekorr avec le camarade Julius et Victor Serge* ». Inprekorr ou Internationale Presse Korrespondenz (La Correspondance internationale) publiait en trois langues (allemand, anglais et français) des articles destinés à la presse ouvrière européenne. Jusqu’en 1926, Petit fut rédacteur à La Correspondance internationale, à Berlin, puis à Vienne et peut-être aussi à Zurich. Pendant cette période, il retourna plusieurs fois en Union soviétique, notamment lors des congrès de l’IC, pour travailler à la section de presse. Ses fonctions berlinoises lui firent jouer un rôle de relais entre la direction du PCF et l’IC. Avec V. Serge*, il « recevait copie des lettres que B. Souvarine* transmettait à Zinoviev et Trotsky » . Lors de son ultime voyage en URSS en novembre 1926, il revit Pascal* pour la dernière fois.

En 1926, Petit rentra à Paris où il continua son travail à La Correspondance internationale. Il rencontra P. Monatte et l’anarchiste N. Lazarevitch, par l’intermédiaire de Marcel Body. S’il déclara, en 1937, avoir sans cesse défendu la ligne de l’IC, il s’était alors interrogé avec son vieux camarade Marcel Body sur la nécessité de « régénérer le parti actuel ou en fonder un nouveau ». Par discipline envers le PC, il finit par rompre avec ses amis de jadis, parmi lesquels Alfred Rosmer et Souvarine*. Ce fut la rupture avec Marcel Body qui l’affecta le plus. Sa fidélité sans faille à la ligne lui permit de bénéficier de l’entière confiance de l’IC. Installé ensuite à Maisons-Alfort (Seine), il accueillit après 1933 des « communistes de passage » comme Wilhelm Pieck. En 1934, sous le pseudonyme de « Bob », Robert Petit, était rédacteur en chef de La Correspondance internationale et l’homme de liaison entre les appareils, légal et illégal, du Bureau d’édition. Lorsque, après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, la revue allemande Rundschau über Pölitik, Wirtschaft und Arbeiterbewegung, publiée sous la direction de H. Eberlein*, le chargé de presse de l’IC pour l’Europe de l’Ouest et de Gyula Alpari*, dut se replier en Suisse, Petit fut en relations avec le suisse Otto Schudel*, autre responsable de cette publication depuis le début 1933.
Arrêté au début de la guerre, Petit put s’enfuir en juin 1940 et participa à la Résistance dans l’Indre. En janvier 1947, le PC le nomma secrétaire de rédaction de la revue Démocratie nouvelle, dirigée par J. Duclos*. Parti suivre un traitement médical en Hongrie, il y mourut. Sur sa tombe, au cimetière de Budapest, figure une inscription : « Ici repose en terre amie, Robert Petit mort à l’âge de cinquante-sept ans. Il a consacré toute sa vie à notre cause commune. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75931, notice PETIT Robert, Gaston, Gustave. Pseudonyme : BOB (version DBK) par Michel Dreyfus, version mise en ligne le 17 janvier 2010, dernière modification le 17 janvier 2010.

Par Michel Dreyfus

SOURCES : RGASPI, 495 270 7851 et 17 65 105 et 106. — Notice par J.L. Panné, DBMOF, t.38 — Georges Bardawil, Inès Armand, J.-C. Lattès, 1993. — B. Studer, Un parti sous influence, op. cit.

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