PLISNIER Charles [version DBK]

Par José Gotovitch

Né le 13 décembre 1896 à Ghlin-lez-Mons (Belgique), mort le 17 juillet 1952 à Bruxelles ; avocat, écrivain, Prix Goncourt 1937 ; membre fondateur du Parti communiste belge (PCB) ; président de la section belge du Secours rouge international (SRI) ; membre du bureau juridique international ; militant de l’Opposition en 1928.

Charles Plisnier avec le comité Sacco et Vanzetti de Bruxelles en 1928. (au centre, avec chapeau et noeud papillon)
Charles Plisnier avec le comité Sacco et Vanzetti de Bruxelles en 1928. (au centre, avec chapeau et noeud papillon)

La famille de Charles Plisnier était à la fois aisée et socialiste. Son père, instituteur révoqué pour ses idées, gérait le négoce de ses beaux-frères Bastien qui furent tous deux parlementaires socialistes, élus par le Borinage rouge entre 1894 et 1921.

Durant la Première Guerre mondiale, Charles Plisnier écrivit, découvrit le marxisme et s’installa à Bruxelles avec son épouse. Il entama des études de droit à l’Université de Bruxelles en 1918 où il anima la Fédération des étudiants socialistes. En 1919, il était collaborateur régulier de L’Exploité. Il adhéra au PCB lors de son congrès fondateur de septembre 1921 et l’une de ses premières activités publiques fut un meeting en faveur de Sacco et Vanzetti, en novembre 1921. Inscrit au Barreau en octobre 1922, il participa à la défense des dirigeants du PC traduits devant les Assises en juillet 1923.

Charles Plisnier prit la tête du SRI dès sa fondation en Belgique en 1925 et conduisit ses activités jusqu’en 1928. D’août à septembre 1925, il mena, camouflé, une mission d’information pour l’Exécutif mondial en Bulgarie après la répression qui s’était abattue sur les communistes. Président du comité central, il dressa au premier congrès, convoqué en octobre 1926, le bilan positif du mouvement qui avait décuplé le nombre de ses membres en dix-huit mois d’existence et avait réussi à implanter des sections dans l’ensemble du pays.

L’année 1927 marqua l’apogée de son activité communiste. En février, Charles Plisnier fut l’un des piliers de l’organisation du congrès de la Ligue contre l’impérialisme et l’oppression coloniale. En avril 1927, à Moscou, où avec Robert Lejour il représentait la section belge du SRI, il fut élu au comité exécutif et au bureau juridique international par la IIe conférence internationale du SRI. À son arrivée, l’Exécutif international ne lui avait cependant pas ménagé les critiques, pointant particulièrement du doigt les carences de l’appareil et imposant un renforcement de celui-ci vu l’importance accordée à la section belge, principalement en matière d’immigration. L’année 1927 fut également celle de la mobilisation pour Sacco et Vanzetti à propos desquels Plisnier rédigea une brochure et réussit à monter à Bruxelles une grande manifestation largement unitaire. En septembre, la conférence nationale de la section belge du SRI constitua le point d’orgue de son militantisme. La majorité de l’Exécutif de la section opta pour l’opposition. Entré au PCB dans la mouvance de Jacquemotte, Plisnier choisit donc le camp de Van Overstraeten expulsé du PC en mars 1928. Plisnier demeura encore un temps à la tête du SRI. En mai 1928, il présenta, avec l’appui du comité central belge, un rapport sur la déportation de l’opposition, qui s’acheva par le vote d’une motion de protestation demandant le retour de Trotsky et des « six mille déportés ». Le Présidium international intervint directement au comité central du 1er août et dissout la section belge.
Plisnier protesta encore, pour la forme, le 28 août auprès du comité international pour n’avoir pas été invité à la réunion du comité exécutif auquel il avait été régulièrement élu en 1927.

Parti avec l’opposition, Plisnier plaida contre la présentation de listes par celle-ci aux élections. Battu sur ce point, il la quitta en mars 1929 et se consacra désormais à son métier d’avocat et à une abondante œuvre littéraire. Il rejoignit Les Amis de Monde, où il fut en liaison fréquente avec Henri Barbusse. Ses écrits - très nombreux d’alors témoignent de la douleur de cette rupture politique, de ce qu’il considérait comme la trahison des espoirs messianiques qu’il avait nourris.

En 1935, malgré des tentatives d’obstructions, il réclama à la tribune du congrès international des écrivains de Paris la libération de [Victor Serge>76049] qu’il accueillit à Bruxelles en avril, l’année suivante. Avec Gérard Rosenthal, il devint alors l’avocat de Trotsky pour des affaires qui ne furent finalement pas plaidées.

En 1937 parut un recueil de nouvelles, Faux passeports ou les mémoires d’un agitateur qui mettait en forme littéraire des souvenirs vécus et des constructions fictionnelles de son passé communiste international. La nouvelle Iegor constitue, bien avant Koestler et Victor Serge, une dénonciation du stalinisme qui présentait le tragique du révolutionnaire déchiré par sa foi. Cette même année, il obtint le Prix Goncourt qui récompensait pour la première fois un étranger.
Son travail littéraire s’épanouit après sa sortie du PCB. Plisnier adhéra au Parti ouvrier belge (POB) en 1933 et écrivit un chœur parlé pour le Plan De Man et anima le Front littéraire de gauche. Installé en France à partir de 1937, ayant quitté le Barreau, il s’adonna exclusivement à l’écriture. Il s’engagea ensuite, principalement après la Seconde Guerre mondiale, dans le combat pour le fédéralisme et fut nommé président de l’Union fédéraliste des minorités et régions européennes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75945, notice PLISNIER Charles [version DBK] par José Gotovitch, version mise en ligne le 3 octobre 2010, dernière modification le 10 avril 2012.

Par José Gotovitch

Charles Plisnier avec le comité Sacco et Vanzetti de Bruxelles en 1928. (au centre, avec chapeau et noeud papillon)
Charles Plisnier avec le comité Sacco et Vanzetti de Bruxelles en 1928. (au centre, avec chapeau et noeud papillon)

ŒUVRE : Réformisme ou révolution ? Anvers, Ça ira, 1921. — Qu’est-ce que le Secours rouge international ?, Bruxelles, SRI, 1926. — L’Affaire Sacco et Vanzetti, Histoire d’un crime juridique, Bruxelles, SRI, 1927. — Faux passeports, Paris, Correa, 1937.

SOURCES : RGASPI, 495 193 456. — Archives Charles Plisnier. — José Gotovitch et Anne Morelli, « Faux Passeports pour la Révolution » in Charles Plisnier. Entre l’Évangile et la Révolution, sous la direction de P. Aron, Bruxelles, Labor, 1988. — Notice par Nicole Racine, DBMOF, t. 39, p. 62-64.

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