Né à Moingt (Loire) le 10 janvier 1841 ; demeurant, place Marengo, à Saint-Étienne, puis, 29, rue de la Loire ; marié, père d’un enfant ; ouvrier veloutier. Il remplaça Chenet comme secrétaire-correspondant de la section stéphanoise de l’Internationale, en 1869.
En 1865, Dupin Pierre fut président du Comité central de la grève des veloutiers qui dura plus de deux mois ; il fut condamné, le 21 novembre, à deux mois de prison (voir Chaize).
En 1870, dans la nuit du 5 au 6 mai, il fut arrêté — ainsi que Berger Jean, Delaye Philippe, Dumas Jean, Fontvieille et Philibert Jean — sous la prévention d’affiliation à l’Internationale. Berger, Fontvieille et Philibert furent libérés le 16 mai ; Delaye, Dumas et Dupin le 24 mai. Tous furent amnistiés lors de la proclamation de la République. voir Philibert J.
Le 26 septembre, Dupin signa l’Affiche rouge élaborée par Bakounine et des militants lyonnais. Intitulée « Fédération révolutionnaire des Communes », elle comportait sept articles dont le premier décrétait l’abolition de l’État.
Dupin demeura à l’écart de l’action du Comité de la rue de la Vierge, à Saint-Étienne, qui devait aboutir à la proclamation de la Commune, le 25 mars 1871.
Mais il avait participé activement à l’organisation des groupes de l’Internationale, constitués par quartier avec un nombre de membres inférieur à vingt. Le 9 novembre 1871, les pouvoirs publics connaissaient l’existence de six sections. Dupin, alors cafetier, était organisateur du groupe de Polignais avec le passementier Dumas, 52, rue Tarentaise, tandis que Gillet, aiguiseur, 19, rue du Jeu-de-l’Arc, animait le groupe de la rue de Lyon. (Autres organisateurs : le passementier Valentin pour le groupe de Chavanelle, Lyonnet pour celui de la rue du Treuil, Boissonnet pour celui du quartier de Montaud, Denis pour celui de la place Jacquard.).
Dupin appartenait également à l’Alliance républicaine, tout comme Gouttenoire Louis, de Roanne, qui servit d’intermédiaire pour la transmission des lettres de l’Internationale à Gillet. En mai 1873, Dupin était en contact avec les internationalistes d’Oullins (Rhône) : Sauvageot, Rogelet, Sylvan Auguste, Duchâteau H., avec le Roannais Deville alors à Lyon. Il correspondait avec Chardon J.-B. de Genève.
Depuis 1872, il était l’animateur d’un groupe clandestin comprenant notamment Chazot, Gaspard, Gillet et Lachal. Dès septembre, le groupe fit paraître le Bulletin de la révolution sociale, intitulé aussi Bulletin de la Ligue révolutionnaire socialiste française. Dupin assurait la liaison avec Boriasse et le groupe de la Croix-Rousse de Lyon. Au moment de la tenue du 6e congrès de l’Internationale (antiautoritaire) — Genève 1er-6 septembre 1873 —, il alla passer une journée à Genève. Arrêté quelques mois plus tard, il comparut devant le tribunal correctionnel de Lyon et fut condamné, le 25 avril 1874, à trois ans de prison, 50 f d’amende et cinq ans de privation de ses droits civiques (affaire dite du Complot de Lyon).
En 1878, libéré, il géra un café, 23, rue de la République, appartenant à un frère de sa femme. Le 24 avril 1882, Benoît Malon, Allemane et Labusquière descendirent chez lui et il fut blâmé par le comité radical pour avoir figuré sur l’estrade à leur réunion du 29.
En 1886, il était parmi les dirigeants du Cercle des républicains socialistes de la Loire. Il fut conseiller municipal de Saint-Étienne, de 1881 à 1884, puis, en 1890, comme représentant du parti radical-socialiste. Il fut également conseiller d’arrondissement du canton sud-ouest de Saint-Étienne. Il appartint au Cercle du travail, de tendance radicale, ainsi que les anciens déportés de la Commune Thibaudier et Caton.
Certes, Dupin eut des contacts avec le Parti socialiste en 1882, mais, à partir de 1883, on ne retrouve plus trace, dans sa vie politique, de l’esprit de l’Internationale. Dupin fut alors un opportuniste à la tête des comités d’esprit radical-socialiste, et s’il conserva des relations avec le Parti ouvrier, ce fut avec réticence et en s’opposant à toute tentative d’unité.
En 1897, il était secrétaire du Comité des républicains socialistes des quatre cantons de Saint-Étienne, auquel adhérait Thibaudier, et il militait au cercle républicain radical transféré rue du Parvis-Notre-Dame.
Voir Camet C.
SOURCES : Arch. Dép. Loire, 10 M 66 (rapport du 9 novembre 1871), 10 M 78, 10 M 79, 10 M 80, 10 M 111, 10 M 116, 93 M 49. — Arch. Dép. Rhône, série U, procès-verbaux du tribunal correctionnel de Lyon, avril 1874. — Gazette des Tribunaux, 22-26 avril 1874. — O. Testut, L’Internationale, op. cit.