DUPIRE Julien [DUPIRE Hubert, Célestin, Julien]

Né le 30 mai 1833 à Chéry-lès-Pouilly (Aisne) ; tailleur d’habits à Paris ; socialiste ; syndicaliste ; coopérateur.

Julien Dupire fut rédacteur de l’Ouvrier de l’Avenir, organe des chambres syndicales et des associations ouvrières, 12-19 mars 1871, trois numéros (cf. La Comune di Parigi, Feltrinelli Editore, Milano, 1957). Il était, avec Verbeck, secrétaire de la chambre syndicale des ouvriers tailleurs d’habits adhérente de l’Internationale, qui firent une déclaration favorable à la Commune de Paris (cf. Journal Officiel de la Commune, 19 avril 1871).

Après la Commune, Dupire fut l’un des initiateurs les plus actifs de la réorganisation du mouvement syndical. Il participa à la préparation des élections prud’homales en 1873, et fut, la même année, délégué des tailleurs et coupeurs tailleurs à l’Exposition universelle de Vienne (Autriche). Il rédigea un compte rendu du voyage pour l’Almanach de la Bibliothèque ouvrière pour 1874, Paris, 1873. Toujours en 1873, en janvier, il créa une société de crédit mutuel coopératif et, en mai, tenta la fusion de toutes les fractions de la corporation des tailleurs. L’année suivante, en janvier, il participa à la création de la société coopérative de consommation « La Fourmi » dans le IIe arr. En avril 1874, il faisait partie de l’administration de la société coopérative « La Boulangerie ». En 1875, Dupire fut secrétaire de la commission exécutive pour l’envoi d’une délégation à l’Exposition de Philadelphie.

En 1876, il appartint à la commission d’initiative du congrès ouvrier de France qui se tint à Paris, 3, rue d’Assas, du 2 au 10 octobre. Dupire y représenta la chambre syndicale des ouvriers tailleurs d’habits — voir Garrigues — et appartint à la commission de rédaction des rapports du congrès. Celle-ci le chargea de la mise en forme et du classement des documents en vue de leur publication.

Dupire intervint le 4 octobre sur les « chambres syndicales ». Il étudia le chômage, dont il rendait responsable le machinisme. Comme remède il proposait la réduction de la durée du travail. La machine ne sera utile à l’ouvrier, affirmait-il, que le jour où il en sera propriétaire et pourra recueillir les fruits de son travail. Il citait à l’appui de ses dires Proudhon, Owen, les rapports ouvriers du congrès de Genève (1866) et de l’exposition de 1867. Pour obtenir une réduction de la durée du travail, il comptait sur l’entente entre les travailleurs dans les chambres syndicales et sur la suppression de la concurrence introduite par le travail des femmes et des enfants.

Dupire compta parmi les signataires d’une adresse au congrès socialiste international de Gand, en septembre 1877. Il assista à la deuxième session du congrès ouvrier qui se tint à Lyon du 28 janvier au 8 février 1878 — il habitait alors, 82, rue du Faubourg-Saint-Jacques, Paris, XIVe arr. Il y présenta avec Ballivet un amendement inspiré de la formule collectiviste et qui fut repoussé à une très grande majorité.

Les délégués avaient décidé la réunion à Paris, en septembre 1878, d’un congrès ouvrier international mais le gouvernement l’interdit. Certains, parmi lesquels Dupire, groupés autour de Jules Guesde, persistèrent dans leur dessein. Ils furent arrêtés et condamnés à des peines de prison et d’amende.

Gérant du journal La République démocratique et sociale depuis fin août 1878, époque de sa fondation, Dupire fut encore condamné, le 19 juin 1879, à huit mois de prison et 3 000 f d’amende en raison d’articles qualifiés de diffamatoires parus dans le journal. D’après une lettre du ministre de l’Intérieur au Garde des Sceaux en date du 27 août 1879, Dupire « a cessé depuis plusieurs années d’exercer sa profession pour s’occuper de questions sociales. Nommé d’abord secrétaire de la chambre syndicale des ouvriers tailleurs, il est arrivé à remplir les mêmes fonctions auprès d’un certain nombre d’associations de même nature, fonctions auxquelles semblait le désigner son état d’infirmité (il ne peut marcher qu’avec des béquilles). Il a pris une part active aux manifestations socialistes qui se sont produites depuis quelques années ; il a collaboré aux journaux Le Ralliement, L’Homme libre (1876) et le Peuple. Il a subi le 24 juillet 1878 une condamnation à cent francs d’amende pour infraction à la loi sur les sociétés. »

Peu après, aux « environs de 1880 », Julien Dupire aurait été compromis dans une affaire de mœurs et aurait perdu toute indépendance (témoignage écrit de Zévaès à l’auteur, janvier 1953).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75955, notice DUPIRE Julien [DUPIRE Hubert, Célestin, Julien], version mise en ligne le 18 janvier 2010, dernière modification le 8 mai 2019.

SOURCES : Arch. Nat. BB 24/867, n° 10 662. — Compte rendu des congrès de 1876 et 1878. — J. Gaumont, Histoire de la coopération.., op. cit.. t. II.

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