LE ROY Achille, écrit parfois LEROY

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Rachel Mazuy

Né en 1841, mort en octobre-novembre 1929 à Moscou (URSS) ; communard ; ouvrier typographe ; militant du POF guesdiste, mais aussi de sensibilité libertaire.

Achille Le Roy au centre
Achille Le Roy au centre
Il est entouré de Marius Tournadre (à gauche) et de Maxime Lisbonne.

Ouvrier typographe, Achille Le Roy participa à la Commune de Paris, fut engagé dans le 248e bataillon de la Garde nationale pour la défense contre les versaillais du Plateau de Châtillon près du Fort de Vanves, puis fut dit-on déporté en Nouvelle-Calédonie. En fait il semble plutôt être parti en exil.
Syndicaliste libertaire, il publia, le 10 mai 1876, en vente à son domicile rue Cujas, « La commandite obligatoire et autres questions typographiques », où il fut un des premiers à réclamer la journée de 8 heures ; la paie tous les huit jours ; l’éclairage convenable ; l’hygiène et la salubrité dans les ateliers. Plumitif doué, il collabora à divers journaux parisiens : Le Progrès ; Le Citoyen de Paris ; Le Citoyen Français ; La Revanche Sociale ; Le Vengeur, ainsi qu’à plusieurs publications de province ainsi qu’au Précurseur de Genève. Il fut également l’auteur de plusieurs brochures de vers à caractère révolutionnaire : Fusillé deux fois ; La Commune ressuscitée ; La Revanche du prolétariat.
Par la suite, il milita au Parti ouvrier français. Il anima la Librairie socialiste internationale. En 1879, il publia Les Réformes sociales urgentes ; brochure qui contenait son Chant des Prolétaires. Il écrivit aussi un poème à la gloire de Trinquet :
Et maintenant, Trinquet, relève
Ton front par les vents outragé !
Nous avons déposé le glaive ;
Mais les maîtres n’ont pas changé.
Tu nous guideras vers les cimes,
Toi qui sus dénoncer les crimes
Sans avoir peur qu’on te brisât !
Toi qui peux, d’une main hardie,
Souffleter leur palinodie
Avec tes sabots de forçat !

On lui doit également Ni Dieu ni maître.

En juin 1893, il présenta une candidature humoristique à l’Académie française avec Marius Tournadre et Maxime Lisbonne. Il avait annoncé sa visite : « Citoyen de l’Académie et futur collègue, j’ai l’honneur de vous prévenir que, selon l’antique et immortelle coutume, je me rendrai chez vous demain, vers dix heures, pour vous présenter mes hommages respectueusement académiques. »
Les trois "académicides" déposèrent une marmite, comme celle employée par Ravachol, contenant leurs cartes de visite. Parmi ses visites aux 37 immortels, Le Roy se rendit notamment aux domiciles de Leconte de Lisle, de Jules Simon, ou à celui du duc de Broglie. C’est en allant visiter l’historien Ernest Lavisse à la Sorbonne, dans un costume digne d’un général bolivarien déniché chez un chiffonnier, qu’il fut rejoint par 2000 étudiants du Quartier latin. Chantant La Carmagnole, le convoi gagna la place du Panthéon au cri de "Vive Le Roy" et fut dispersé par la police. Cet épisode, largement relaté par la presse, donna même lieu à l’écriture d’une petite pièce de théâtre.

En novembre 1898, il signa une pétition dreyfusarde (« Achille Le Roy, éditeur socialiste »). Au début du XXe siècle, il fut membre du Groupe féministe mixte du XIIIe arr. (voir Marie Duvignaud).

Dans les années 1920, Achille Le Roy demeurait dans le quartier Mouffetard, 10 rue du Pot de Fer (Paris Ve arr.) et vendait des brochures à l’occasion des meetings et réunions. Il fut le premier gérant de l’hebdomadaire de la CGT La Bataille dont le premier numéro parut le 4 mai 1922.

Dans son numéro du 31 mars 1924, le Libertaire signalait que Le Roy avait été attaqué par des Camelots du roi qui lui avaient subtilisé sa serviette et la somme de 150 F. et ouvrait une souscription en sa faveur. La Muse Rouge appela également à organiser une fête en sa faveur. Le 24 mars 1927 Achille Le Roy fut victime d’un accident d’autobus au sujet duquel le Libertaire (1er juillet) lançait un appel à témoins, ce qui conforte l’hypothèse d’une proximité maintenue.

En octobre 1927, comme d’autres communards tels Henri Fourcade et Antoine Gay, il accepta pourtant de participer aux fêtes du Xe anniversaire de la Révolution russe. Son état de santé, l’empêcha cependant d’assister au début des cérémonies avec la deuxième délégation partie de France en octobre. De Berlin, il adressa un message fraternel aux délégués (L’Humanité, 28 octobre 1927).

Il s’installa à Moscou, « adopté par le gouvernement soviétique », selon leurs propres mots parus dans un article de L’Humanité du 16 mars 1928. Blessé lors du tournage en Ukraine du film sur la Commune, La Nouvelle Babylone (Leonid Trauberg et Grigori Kozintsev), il mourut quelques mois plus tard à Moscou en 1929.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75959, notice LE ROY Achille, écrit parfois LEROY par Jean Maitron, Claude Pennetier, Rachel Mazuy, version mise en ligne le 18 janvier 2010, dernière modification le 23 novembre 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier, Rachel Mazuy

Achille Le Roy au centre
Achille Le Roy au centre
Il est entouré de Marius Tournadre (à gauche) et de Maxime Lisbonne.
Carte postale collection personnelle E.B-C (Eric Coulaud)

ŒUVRE (Cotes de la Bibl. Nat.) : De la commandite obligatoire..., Paris, 1876, in-16, 32 p., 8° V Pièce 520. — Les Réformes sociales urgentes. Chant des prolétaires et « à Blanqui », Paris 1879, in-16, 8° R Pièce 1 328. — Un Monument à Blanqui, Paris, 1881, in-8° 2 p., Ye 46 408. — La Revanche du Prolétariat..., Paris, 1885, 4e édit., 48 p., 8° Lb 57/9 205. — La Liberté de l’amour..., Paris, 1887, in-8°, 24 p., 8° R Pièce 3 795. — Fusillé deux fois, épisode de la Semaine sanglante (en collaboration avec O. Souêtre), Paris, 1891, in-16, 32 p., 8° Lb 57/7 848.

SOURCES : Les Poètes de la Commune, préface de Jean Varloot, Paris, 1951, 174 (I) p. — Le Prolétaire, 27 mai 1882, p. 4. — L’Aurore, 29 novembre 1898, p. 3. — L’Humanité, 29 octobre 1927. — Le Populaire, 9 novembre 1929. — Renseignements de R. Brécy sur l’œuvre d’Achille Le Roy. — Dictionnaire des militants anarchistes, http://militants-anarchistes.info/spip.php?article3318. — Paul Chauvet, Les Ouvriers du livre en France, de 1789 à la constitution de la Fédération du Livre, Marcel Rivière, 1964, p. 594 et 626. — Notes de Rachel Mazuy et de Julien Chuzeville.

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