Par Michel Dreyfus.
Née le 3 juillet 1900 à Moncontour (Vienne), morte le 9 février 1985 à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) ; institutrice ; responsable du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme ; résistante ; député de la Seine (1946-1958) ; employée dans les services de l’IC (1930-1931).
En 1919, Maria Bernuchon se syndiqua, à sa sortie de l’École normale d’institutrices. De 1921 à 1927, elle participa à la vie syndicale fédérale. Déléguée à la conférence nationale féminine qui se tint parallèlement au 4e congrès de la CGTU à Bordeaux (19-24 septembre 1927), elle y fit la connaissance d’Octave Rabaté* avec lequel elle vécut maritalement et qu’elle devait épouser le 23 novembre 1953.
À partir de 1925, elle collabora à L’Ouvrière l’organe du PC pour les femmes ; elle adhéra au PC le 1er janvier 1928. En congé d’enseignement cette même année, elle serait devenue sténo-dactylo à l’Humanité, à l’ambassade d’URSS, et à la représentation commerciale soviétique. De février 1930 à novembre 1931, elle travailla comme correctricedans les services du Komintern à Moscou. À partir de novembre 1931, avec ses deux enfants, elle accompagna Rabaté* à Barcelone en Espagne : « Femme au foyer, mais assurant les liaisons, je fais là mon apprentissage de la vie clandestine », déclara-t-elle. Puis le couple demanda d’être affecté à des fonctions en France mais il dut attendre le feu vert de la direction du PC lors du 12e plénum de l’IC (août-septembre 1932) pour pouvoir revenir, sans doute vers la fin de l’année 1932.
Maria Rabaté prit part au lancement du Comité mondial contre la guerre et le fascisme. Elle entra également au bureau de la Région communiste de Gironde et fut l’organisatrice du Comité des femmes contre la guerre et le fascisme à Bordeaux. Pendant plusieurs années, elle siégea à la commission féminine de la CGTU.
En mars 1935, elle se vit confier par Jacques Duclos le secrétariat du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme dont Rabaté* était un des responsables. Avec Bernadette Cattanéo*, elle assura la publication de sa revue, Femmes dans l’action mondiale. Elle s’était alors installée à Paris avec Rabaté*. Puis, elle soutint l’Espagne républicaine où elle se rendit en 1937 et 1938 pour assister au 2e congrès des femmes catalanes et espagnoles. Elle était souvent invitée à participer aux réunions du comité central du PC ou à ses conférences nationales.
En mars 1937, elle assista à Moscou à un Comité exécutif de l’Internationale communiste, en compagnie de Bernadette Cattanéo*. Bien qu’ayant appris l’arrestation d’amis rencontrés lors de son précédent séjour, elle conserva toute sa confiance en l’URSS.
En 1939, Maria Rabaté ne comprit « pas très bien » les raisons de la signature du Pacte germano soviétique, mais « pour nous », ajoutait-elle, « l’URSS ne se trompe jamais ». Elle assura des liaisons et suivit le procès des députés communistes. Puis elle milita clandestinement dans la Vienne et pendant l’Occupation, seconda Rabaté.
Elle fut ensuite une des dirigeantes de l’Uniondes femmes françaises. Élue député en novembre 1946, elle fut réélue en 1951 et 1956. Elle était chevalier de la Légion d’honneur au titre de la Résistance.
Par Michel Dreyfus.
SOURCES : RGASPI, 495 270 8628. — Notice par J.-L. Panné et Cl. Pennetier, DBMOF, t. 39. — Santamaria, « Un prototype toutes missions : le Comité de lutte contre la guerre, dit ‘Amsterdam-Pleyel’ 1932-1936 », Communisme, n° spécial 18/19, 1988, Les communistes et la lutte pour la paix.